leur famille Ces hommes se reunissent en petites
bandes, se transportent en été au milieu de ces vastes
solitudes, et les parcourent dans tous les sens pour
reconnoitre les endroits les mieux garnis de Pinus
strobus. Ils coupent ensuite les herbes qui croissent
dans les environs, et les convertissent en foin pour
la nourriture des boeufs qu’ils doivent ramener avec
eux; puis ils regagnent le pays où ils. habitent.
L ’hiver arrivé , ils reviennent dans, cesforêts , s’établissent
dans des huttes couvertes en écorces de
Bouleau à papier ou de Thuia occidentalis, et quoique
la terre soit alors couverte de plus d’un mètre et
demi ( 4 ^5 pieds) de neige et que le froid soit si
excessif que quelquefois le mercure.se soutient pendant
plusieurs semaines à 18 et 20 degrés au-dessous
du point de congélation, ils se livrent, avec autant
de courage que de persévérance, à l’abattage des arbres,
les coupent par tronçons, logs, de 5 à 6 métrés
( 14 à 18 pieds) de longueur, et au moyen de
leurs boeufs, qu’ils emploient avec beaucoup d’adresse;
ils les amènent aux bords des rivières., et
après les avoir estampés de leur marque, ils les roulent,
dans leur lit qu’ils en emplissent par milliers.
Au printemps , les glaces venant à se briser, ces logs
ou tronçons sont entraînés avec elles par le courant.
C’est à Wenslow, éloigné d’environ 4° lieues de la
mer, que tous les tronçons qui arrivent parla rivière
de Kennebeck, sont arrêtés par les bûcherons
1 Les prix des terres dans les comtés de Kennebeck étoit, en 1807 ,
époque à laquelle j ’étois dans le pays, de 5 à 6 piastres l’acre.
qui s’y sont rendus à havance. Ils trient au moyen
de leur marque, ceux' qui leur appartiennent, les
mettent en radeaux et les vendent aux propriétaires
des nombreux moulins à scie établis entre cette petite
ville et la mer, ou bien ils les font débitera leur
compte, en abandonnant la moitié ou même les
trois quarts du produit, si la coupe de la saison a
été abondante.
Au mois d’août 1806, que j’étois à Wenslow, des
milliersy de ces logs ou tronçons couvraient encore
la rivière. Je les examinai et je remarquai que le diamètre
de la plus grande partie d’entr’eux étoit d’environ
40 à 43 centimètres, ( i 5 à 16 pouces ) et que
Ife reste que j’évaluai à un cinquantième à peu-près,
pouvoit en avoir 5o (20). Le Fraxinus discolor et
le Pinus rubra étoient les seules espèces d’arbres
qui se trouvassent entremêlés avec le Pinus strobus,
mais elles n’en formoientpas la centième partie. Si
tous ces bois ne sont pas débités dans le courant de
la même année , ils sont sujets à ’être attaqués par
de gros vers qui les perforent dans tDus les sens de
trous de 5 millimètres ( 2 lignes) de diamètre; mais,
s’ils sont dépouillés de leur écorce , ils peuvent rester
exposés aux injures de l’air pendant plus de trente
ans sans s’altérer en aucune manière. Cette remarque
s’applique encore à la souche de cet arbre, qui résiste
aussi un laps de temps considérable aux alternatives
de la chaleur et de l’humidité ; et il est même passé
en proverbe dans ces conti’ées, que tel qui a abattu
un Pinus strobus ne vit jamais assez pour le voir