de la végétation de ces grandes plaines; cette région est peuplée
de plantes presque semblables dans toute son étendue , et dont
la plupart se retrouvent dans les autres régions; mais elle manque
des plantes qui sont particulières à chacune d’entre elles.
Enfin les parties colorées en rouge vermillon sont destinées
à faire connoître les provinces de la France dont la végétation
est pour ainsi dire intermédiaire entre celle des plaines du nord
et des provinces méridionales. A la seule inspection de cette
Carte, on peut voir que les plantes des provinces méridionales
s’approchent davantage vers le nord du côté de l’ouest, que du
côté, de l’est. Ainsi, si l’on étudie les Flores du Mans et de Nantes
( i) , on trouve qu’elles diffèrent très-peu de celles de Dax et
d’Agen, situées à trois ou quatre degrés plus au sud, tandis
que du côté de l’est, les Flores de Dijon et de Strasbourg diffèrent
totalement de celles d’Aix et de Turin, situées à des
distances presque semblables.
Ce fait paroîtra plus singulier si on le rapproche d’un autre
observé par M. Arthur Young; cet estimable voyageur, qui a
donné toute son attention aux plantes cultivées, a remarqué
que si l’on fait passer des lignes par les points les plus septentrionaux
où l’on cultive l’olivier , le maïs et la vigne, on obtient
trois lignes à-peu-près parallèles , qui vont toutes en s’approchant
vers le nord du côté de l’est; ce qui est précisément
l’inverse de ce que nous observons dans les plantes sauvages :
nous avons fait copier les trois* lignes de M. Arthur Young,
pour servir de points de comparaison avec nos propres ^di—
visions.
L ’explication de celte contradiction apparente se trouve dans
la double comparaison de la nature physique de l’est et de l’ouest
de la France , et du choix des plantes cultivées avec l’ensemble
des plantes sauvages.
De toutes les circonstances qui influent sur l’habitation des
plantes, la température est sans contredit la plus essentielle;
or, la température moyenne d’un lieu, indépendamment des
circonstances locales,,est déterminée par la latitude et par la
(i) Pour les plantes de Nantes, je me suis fié à la Flore publiée par
M. Bonamy ; j’apprends, au moment de la publication de cette note, que
ce Botaniste , sans en avertir , a inséré dans cet Ouvrage plusieurs plantes
exotiques naturalisées aux environs de Nantes : ainsi cette partie de la Flora
française devra peut-être subir quelque révision.
D E L A C A R T E B O T A N I Q U E . is
hauteur au-dessus du niveau de la mer; on estime même en
général que 200 mètres d’élévation au-dessus du niveau de la
mer, influent sur la température moyenne à-peu—près autant
qu’un degre de latitude plus au nord. Pour que les lecteurs
puissent eux-mêmes faire sous ce rapport la comparaison des
différentes parties de la France, nous avons fait tracer sur cette
carte des lignes qui indiquent, d’une manière générale, la hauteur
des différentes provinces au-dessus du niveau de la mer :
l ’idée ingénieuse d’appliquer aux cartes des confinons-, pour indiquer
leur hauteur, les mêmes procédés employés dans les
cartes maritimes pour indiquer la profondeur , est due à
M. Dupaintricl; et c’est de la carte de France qu’il a publiée ,
que nous avons tiré les lignes qui indiquent les hauteurs des
plaines de la France, et de la base des montagnes. Quant aux
sommités des montagnes elles-mêmes , nous les avons indiquées
tantôt d’après M. Dupaintricl, plus souvent d’après les observations
des géologues; ainsi les hauteurs des Alpes sont extraites
des Voyages de DeSaussure; celles des Pyrénées nous
ont été communiquées par M. Ramond; celles du Jura ont été
observées par M. Léopold de Buch.
Si maintenant nous comparons les provinces occidentales et
orientales , nous voyons que les premières sont très-peu élevées
au-dessus du niveau de la mer, car à une grande distance des
cotes, on ne trouve encore que, ico mètres d’élévation; au
contraire , les provinces de l’est qui entourent les grandes
chaînes de montagnes, sont généralement élevées de 4 à 5oo
mètres au-dessus du niveau de la mer; cette hauteur diminue,
il est vrai, du côté de la Belgique ; mais alors la température
est sensiblement réfroidie par la seconde des causes qui la déterminent,
savoir, la distance de l’équateur. Ainsi il n’y a rien
que de conforme aux Ioix de la physique, à ce que les plantes
du midi s’approchent davantage vers le nord du côté de l’ouest
que du côté de l’est.
Mais lors meme que la température moyenne seroit la même,
la distribution des plantes entre ces deux parties de la France,
devroit etre différente, à cause de la manière différente dont
la meme température se repartit entre les saisons de l’année.
C’est un fait généralement reconnu, qu’à latitudes égales, les îles
et les pays maritimes jouissent d’une température moins inégale
que les pays éloignes des mers : en d’autres termes, qu’ils ont des