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USAGES et HISTOIRE. On obtient en distillant avec un peu d'eau les baies ou les
feuilles de cet arbre, une liude volatile qui possédé à u n haut degré l'odeur aromatique
et la saveur acre et amere de la plante. On retire des baies en les faisant
bouilhr avec de l'eau, une huile verte et épaisse. On prépare encore, en faisant
bouillir de la graisse sur les feuilles écrasées, une huile qui ressemble à celle des
baies pour la couleur et la consistance, mais qui a de moindres vertus. Ces divers
produits du Laurier sont d'excellents fortifiants et résolutifs d ' u n usage fort étendu.
On emploie sur-tout fliuile avec succès pour fortifier les nerfs dans les convulsions
et la paralysie. Chez les anciens les vertus merveilleuses qu'on attiibuoit au
Laurier le firent regarder comme un arbre divin. On en couronnoit les statues
d'Esculape.
Son usage dans la cuisine lui a fait donner le nom de Laurier sauce dans quelques
endroits de la France, et l'habitude qu'ont les charcutiers d'orner leurs jambons
avec ses rameaux lui a fait donner encore celui de Laurier-jambon. Les
Romains, qui en avoient fait un symbole de la santé, mêloient ses feuilles avec
les figues que le peuple portoit aux grands le premier jour de l'année ; ct l'usage
de ce mélange s'est conservé dans plusieurs endroits des côtes maritimes de la
Provence.
Les Grecs et les Romains se servoient de ce végétal dans leurs cérémonies religieuses;
et de nos jours on s'en sert encore dans le midi de f Europe, où il est cultivé
pour la célébration de la fête des Rameaux. Le peuple conserve soigncusenient
des branches de Laurier béni pour écarter les malins esprits de l'intérieur des maisons.
Autrefois ses feudles étoient regardées comme un instrument de divination; si jetées
au feu elles répandoient beaucoup de bruit, c'étoit un bon présage; si elles ne
pétilloient pas, c'étoit un signe funeste.
Chez les Grecs ceux qui venoient de consulter l'oracle d'Apollon se couronnoient
de laurier s'ils avoient reçu une réponse favorable. Chez les Romains les messagers
porteurs de bonnes nouvelles en ornoient la pointe de leur javeline; la mort de
Mithridate fut annoncée de cette maniéré à Pompée. On en ornoit aussi les
lettres et les tablettes qui renfermoient le récit des bons succès. Un rameau de cet
arbre étoit encore un signe de paix et d'amitié; dans les combats rennemi le tendoit
à son ennemi pour marquer qu'il mettoit bas les armes, et qu'il se rendoit à lui. Chez
nous comme chez les anciens le Laurier est le signe de la victoire.
Virgile fait remonter au siecle d'Enée la coutume d'en ceindre le front des vainqueurs.
Il est certain que les Romains l'adopterent de bonne heure dans leurs
triomphes. Les faisceaux des premiers magistrats de Rome, des dictateurs et des
consuls étoient entourés de laurier, lorsque ceux-ci s'en étoient rendus dignes par
leurs exploits. Ces maîtres du monde crurent ne pouvoir mieux récompenser la
vertu militaire de leurs empereurs qu'en plantant des lauriers aux portes de leurs
demeures. Voilà d'où vient que l'iiue appelle cet arbre le portier des Césars, le seul
ornement et le gardien fidcle de leurs palais, iGratissirna domibus janiliix,quoe sala
a et domos exornat et ante limina Coesarurn excuhat. »
La croyance où étoient les anciens que le Laurier communique l'esprit de prophétie
et l'enthousiasme poétique en avoit fait l'arbre chéri d'Apollon. La mythologie,
comme on sait, attribue la prédilection d'Apollon pour cet arbre à l'amour
de ce dieu ^onr Daphné, qui f u t changée en Laurier à l'instant où il alloit l'atteindre
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