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Légume long de quelques pouces, applati, relevé de plusieurs bosses, el contenant
plusieurs graines en forme de rein , légèrement comprimées.
Dans une variété les stipules des feuilles ne sont point épineuses, l'arbre est privé
d'aiguillons, et ses longs rameaux pendentvers la terre. Elle porte le nom de liohinia
inermis, et paroît être une espece distincte.
FiEuaiT. Vers le mdieu du printemps; ses fleurs ne durent que huit à dix jours.
Les graines sont nuires en automne.
HABITE. Naturellement l'Amérique septentrionale ; aujourd'hui naturalisé en
l'.urope.
Au commencement du dix-septieme siecle, sous le regne de Henri IV, Jean Robin,
professeur de botanique à Paris, sema au jardin des plantes des graines de cet
arbre, qu'il .s'étoit procurées au Canada ; et c'est de l'individu qu'il cultiva luimême
que sont sortis tous ceux qu'on voit maintenant dans toute la France. Apeu
près dans le même temps les Anglais reçurent des graines de Fau.K-Acacia de
la Virginie, et le multiplièrent comme les Français. De la France et de l'Angleterie
ce végétal s'est répandu dans les autres parties de l'Europe.
USAGE. Le Faux-Acacia fut dans les premiers temps uniquement considéré
comme un arbre d'agrément ; dès qu'il fut introduit en Europe les Anglais et
les Français le culdverent avec une ardeur incroyable : on le plantoit en allées,
on en formoit des berceaux, on le plaçoit dans les cours, et l'on prenoit ses repas
sous son ombrage, comme les Romains sous le Platane. Vers l'année 172a , après
avoir été l'objet de l'engoument, il devint celui du dégoût le plus complet ; on
ne put plus le souffrir nulle part : mais depuis cinquante ans il reprend sa premiere
faveur ; l'estime qu'on a pour lui se fonde maintenant moins sur ses qualités agréables
qui l'ont rendu le jouet du caprice de la mode, que sur des qualités utdes
auxquelles on revient tôt ou tard.
Pour donner une idée des avantages qu'on peut retirer en Europe de ce bel arlne
il suffit de rappeler que dans l'Amérique septentrionale, s u r - t o u t dans les Etats-
Unis, les habitants trouvent en lui des ressources inappréciables ; il porte la fécondité
dans les lieux incultes et dans les sables mouvants, qu'il fixe au moyen de ses
racines traçantes ; on trouve dans les plantations qu'on on fait un bois abondant,
préférable à tous les autres et pour alimenter le feu des foyers, et pour la construction
dos maisons et des vaisseaux. Aucun bois , suivant des expériences répétées ,
ne produit autant de chaleur lorsqu'il brûle : les maisons de Boston qui furent construites
avec le bois de Faux-Acacia ou Carouge, lors du premier établissement des
Anglais dans cette partie du monde, sont encore aujourd'hui très solides ; et la durée
de ce bois est sl bien connue, que l'on ne construit point de vaisseau en Amérique
que les constructeurs ne se soient préalablement procuré les principales pieces,
telles que les etambots, les courbes de l'arriéré, etc., en bois de Carouge ou Faux-
Acacia. On fait avec ce même bois une multitude de meubles, des pieces de construction
pour les moulins ou autres machines: ces meubles s'embellissent, pour
ainsi dire, en vieillissant, car leur couleur jaunâtre marbrée prend avec le temps
une teinte rouge agréable. Enfin on trouve dans les jeunes branches des cercles
préférables à ceux de Châtaignier, et des échalas excellents. L'écorce et les racines
fournissent pour les tisanes un suc sucré semblable à celui de la réglisse; toutes
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