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Especes remarquables de serre chaude.
LE LAURIER AVOCAT , vulgairement I'AVOCATIER , ou le romiEn. AVOCAT.
Laurus Persea. LINN. Cet arbre indigene de l'Amérique méridionale est cultivé
avec profusion dans toutes les Antilles, à Cayenne, à l'isle de France, etc. à cause
de la beauté de son port et sur-tout de la bonté de ses fruits. Il a plus de quarante
pieds de liauteur, une tête large, des feuilles persistantes, ovales, longues de
quatre à six pouces sur une largeiu' moitié moindre, de petites fleurs blanchâtres
formant un corymbe au sommet des rameaux, et des fruits charnus plus gros que
le poing, parfaitement semblables pour la forme à des poires. Aucun fruit d'Amérique
n'est plus estimé. On le mange comme le melon, coupé par tranches et
assaisonné d'un peu de sel. Sa chair couvre un noyau dont l'amande n'est pas
LAURIER CANNELLIER, Laurus cinamomum. LINN. Le cannellier est u n arbre
d'Asie, toujours v e r d , de la hauteur de vingt pieds, qui a un tronc assez gros et
une tête très ramifiée. Ses feuilles, longues de trois à cinq pouces sur un pouce et
demi ou deux pouces de largeur, sont ovales-alongées, presque opposées sur les rameaux
et relevées do trois nervures longitudinales, entre lesquelles sont de nombreuses
veines transversales. Les fleurs forment au bout des rameaux un panicule;
elles sont petites et ont le calice à six divisions. Celles des individus mâles ont neuf
étamines disposées en rangs concentriques, et celles des individus femelles donnent
de petits fruits ovales, longs de quatre à cinq lignes, bleuâtres, et accompagnés par le
calice qui enveloppe leur base.
Cet arbre est indigene dans l'isle de Ceylan. On est p a r v e n u , malgré la vigilance
des possesseurs, à se procurer dans le pays quelques fruits, avec lesquels on l'a multiplié
dans les Antilles et à l'isle de France, d'où il a été envoyé en Europe pour
les collections des curieux.
La cannelle du commerce est l'écorce tirée des cannelliers de trois ans. Onl'enleve
au printemps et en automne; on la dépouille de l'épiderme ou peau extérieure qui
est grisâtre; puis on la coupe par lames et on l'expose au soleil, où, en séchant,
elle se roule d'elle-même, comme nous la voyons en Europe.
Toutes les p.irties de l ' a r b r e ont l'odeur de la cannelle. Par le moyen de la distillation
on retire de la racine u n camphre préférable à celui du Laurier camphrier;
des feuilles et de l'écorce, une huile volatile plus pesante que l ' e a u ; et des fleurs,
une eau odoriférante très agréable. Les fruits écrasés et soumis à l'action de l'eau
bouillante, donnent une sorte de suif connu sous le nom de cire de cannelle.
Le camphre extrait des racines est réservé pour les grands du pays.
L'eau distillée des fleurs est d ' u n grand usage dans l ' I n d e pour donner du parfum
et de l'agrément à différents mets.
La cire des fruits sert à faire des bougies qui répandent en brûlant une odeur
agréable, et qui sont réservées pour les souverains de Candy.
La cannelle et l'huile qu'on en retire par la distillation,sont les seuls produits du
Laurier cannellier, qu'on apporte en Europe. I.'hiiile possédé à un degré émineiiL
toutes les vertus de la partie qui l'a fournie. Pure, elle est si active qu'elle brûle
et cautérise la peau; adoucie par le mélange du sucre, elle est d ' u n e saveur déli-
L A U R U S . LAURIER. 1,9
cieuse. Il est superflu de parler des vertus de cette huile et de la cannelle, personne
n'ignore les divers usages de ces aromates précieux.
LE LAURIER CASSE, Laurus cassia. LINN. Cet arbre croit à la Cochinchine
et dans plusieurs autres parties des Indes orientales ; on le regarde comme une
variété du Laurier cannellier; mais des caractères bien tranchés l'en distinguent
au premier aspect. Ses feuilles sont plus grandes et pointues aux deux bouts, au
lieu d'être arrondies à la base ; en outre elles n'ont point entre les nervures longitudinales
les veines transverses qui sont si remarquables dans le LaurierCannellIer.
L'écorce de cet arbre porte dans les pharmacies où elle est employée le nom de
Cassia lignea. Elle est beaucoup moins aromatique que la vraie cannelle, et très
mucilagineuse.
On cultive à Malmaison le Laurier commun, leLaurier d'Inde, le Laurier Bourbon,
le Laurier de Madere, le Laurier Sassafras, le Laurier Camphrier, le Laurier Avocat,
et le Laurier Cannellier.
C'est ici le lieu de donner une courte notice sur quelques arbres voisins des Lauriers,
qui, ne pouvant être cultivés en France en pleine terre, ne seront jamais par
conséquent traités dans cet ouvrage. En ajoutant à la suite des végétaux, arbres et
arbustes de pleine terre quelques détails sur d'autres végétaux qui ne peuvent point
y être cultivés, mais qui ont avec ces derniers de grands rapports, l'histoire de ceuxci
devient plus complete.
LE MUSCADIER AROMATIQUE, Myristica aromatica. LAM. Act. Acad. Paris, 1788.
Myristica officinalis. LINN. Cet arbre est indigene dans les isles Moluques; mais il
ne s'y trouve depuis long-temps que dans les possessions hollandaises, parceque les
Hollandais voulant seuls faire le commerce des muscades, ont peu-à-peu extirpé partout
les Muscadiers, et n'ont conservé que ceux qui leur sont nécessaires, afin de
rendre plus difficiles les entreprises des autres nations. Ils n'ont pu cependant empêcher
la France de se procurer cet arbre précieux. M. Poivre, intendant des isles de
France et de Bourbon, parvint, en 1770 et 1772, à introduire dans ces isles un
certain nombre de pieds qui ont réussi de maniéré à faire espérer pour notre commerce
une nouvelle ressource. Ce n'est que depuis l'introduction de cc végétal dans
nos colonies qu'il est parfaitement connu des botanistes. M. Céré, directeur du
jardin national à l'isle de France, en envoya, en 1788, une excellente description
à M. Lamarck, qui fit sur toutes les especes du genre un mémoire publié dans les
recueils de l'Académie. D'après ses observations tous les Muscadiers, qui sont au
nombre de h u i t , ont les sexes séparés sur des individus différents; leurs fleurs n'ont
pas de corolle, mais seulement un calice à trois lobes ; les mâles ont de six à douze
étamines, et les femelles uu ovaire à deux stigmates, qui devient un drupe, dont
le noyau, rempli par uue seule graine, est recouvert, outre l'enveloppe extérieure,
par une membrane en forme de réseau.
Le Muscadier aromatique conserve toujours son feuillage, et porte à la fols et en
tout temps des fleurs et des fruits. Sa hauteur est de trente pieds; il a l'écorce rouge;
la tête touQrie et semblable à celle de nos orangers; les branches horizontales, quatre
à quatre par étage autour des troncs; les feuilles en fer de lance, plus larges que
celles du Laurier commun, avec des nervures latérales, simples et parallèles; les
fieurs jaunes, peu apparentes, en petits bouquets à l'aissalle des feuilles sur lesjeunes
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