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les parties peuvent teindre en j a u n e ; et les fleurs communiquent leur savern-et leur
parfum à un sirop très estimé des Américains. Deux autres avantages précieux de
cet arbre, c'est d'offrir pour clore les habitations des haies impénétrables à cause
des épines dont il est couvert, et pour la nourriture des bestiaux, dans ses jeimes
pousses et dans ses feuilles, un fourrage qui ne le cede en rien à celui des autres
légumineuses, telles que la luzerne, les trefles, etc.
Les louanges excessives qu'on prodigue depuis quelque temps à cet arbre paroissent
moins outrées lorsqu'on connoît les ressources variées que trouvent en lui les
habitants du nouveau monde : mais une qualité qui augmente encore le prix de
toutes celles qu'il possédé, et qui doit le rendre inestimable pour la France , vu
l'état do dévastation où se trouvent ses bois, c'est de croître avec une promptitude
de beaucoup supérieure à celle de tous les arbres forestiers. Il faut espérer que le
Français, lorsqu'il sera convaincu par l'expérience des avantages que ce végétal
lui promet, s'empressera de le multiplier avec profusion, comme depuis quelque
temps les Allemands ses voisins lui en donnent l'exemple.
CULTURE. On multiplie le Faux-Acacia par le moyen de ses graines ou par des
rejets qui naissent de ses racines. Par le premier moyen on obtient des arbres plus
beaux et qui croissent plus vite ; par le second on a des individus qui poussent
des rejets plus nombreux.
On seme les graines au printemps en plein champ, en ayant soin de ne les couvrir
tout au plus que d'un pouce de terre ; si le terrain est bien exposé au soleil, les
plants paroîtront en cinq ou six semaines : ils n'exigent d'autres soins que d'être
débarrassés des mauvaises herbes: on peut les laisser dans les semis jusqu'au printemps
suivant; alors on les transporte dans une pépiniere, en les disposant à un
pied et demi l ' un de l'autre dans des sillons tracés à trois pieds d'intervalle : après
deux ans de séjour dans la pépiniere on les place à demeure.
Pour opérer la multiplication par rejets, on pratique, vers la fin de mars, autour
d ' u n individu de dix ou douze ans une tranchée circulaire à trois pieds au plus du
tronc, et l'on creuse jusqu'à ce qu'on apperçoive les racines. La tranchée reste ouv
e r t e , et les racines couvertes d'une légere couche de terre poussent des rejets
plus ou moins longs, que l'on soutient avec des tuteurs. Au commencement de
septembre on comble la tranchée, qui reste fermée jusqu'à la lin de mars : à cette
époque on détache les rejets avec toutes les racines qui leur sont propres, sans
offenser celles de l'arbre qin les a produites, et on les porte dans une pépiniere pour
les traiter comme les individus venus de semis.
Quoique le Faux-Acacia ne soit pas très difflcile sur la nature du terrain et son
exposition, il faut cependant, toutes les fois qu'on le p e u t , lorsqu'on le plante à
demeure, choisir l'exposition du nord ou du levant, et un terrain qui joigne la
légèreté à une fraîcheur habituelle.
Après avoir placé les jeunes plants, le cultivateur doit savoir s'il les destine à
devenir arbres de haute-futaie pour avoir du bois de construction, ou s'il les cultive
pour avoir des échalas et des cercles, ou enfin s'il veut des arbres d'agrément:
dans ces trois cas leur culture varie.
Dans le premier cas elle consiste à laisser croître l'arbre de lui-même, en coupant
constamment les branches d'en bas pour ne laisser croître que celle du sommet
qui paroît la plus droite. Si on destine les Faux-Acacias à former des courbes pour
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la construction des vaisseaux, on donne à leur jeune tronc la courbure néce.ssaire;
l'année suivante on le blesse légèrement avec une hache à cinq pieds de terre; la
séve qui se porte avec abondance à la blessure, y fi)rnie bientôt uue espece de
calus, et l'Acacia conserve désormais la position qu'on lui a donnée.
Dans le second cas on coupe la tête au jeune plan à l'âge de trois nus : il repousse
des branches avec une promptitude étonnante ; la tête devient plus r o n d e , plus
belle. Au bout de deux ans les branches fournissent des échalas de diverse grandeur;
les plus beaux ont deux pouces de grosseur sur quinze à seize pieds de long:
ceux-là sont destinés ])Our les grandes vignes et pour étayer des arbres ; les autres
sont moins gros et moins longs, mais en nombre bien plus considérable; tous les
ans on obtient une récolte plus belle. Mais uu autre procédé qui donne un revenu
annuel beaucoup plus considérable, c'est de couper l'arbre par le pied dès qu'd
a trois ans ; il produit de plus fortes branches ; les racines s'étendent davantage
et poussent d'innombrables rejets. On lit dans un traité sur l'Acacia, imprimé à
Bordeaux en 1762, qu'un cultivateur français fit couper de cette maniéré uu individu
placé daus le milieu d'un champ : les racines s'étendirent si loin qu'il sortit plus de
cinq cents rejetons, qu'd leva l'année d'après pour en faire une pépiniere. Le
grand profit qu'il en retira le détermina à faire couper encore une trentaine d'individus
qu'il avoit dans une allée; il obtint dix milliers d'échalas au bout de deux
ans , et vendit deux mille Acacias. Cette expérience, jointe à quelques autres, lui
firent connoître qu'un arpent de terre planté en Acacias cultivés de cette manière
produiroit chaque année, en le divisant en deux coupes, dix nidliers d'échalas,
sans compter une infinité de jeunes arbres pour étendre la pépiniere ou pour les
vendre ; ce qui prodrnroit un revenu double de celui d'un journal de vigne et même
de pré. Pour avoir de beaux cercles on attend que l'arbre ait cinq ou six années;
on coupe alors le tronc à la racine.
Lorsqu'on cultive les Faux-Acacias pour l'agrément, soit qu'on en forme des
m.assifs, soit des palissades, ou des arbres de h a u t e - f u t a i e , les procédés sont les
mêmes que pour les autres végétaux dans de pareilles circonstances ; seulement il
faut tondre l'Acacia trois ou quatre fois pendant l ' é t é , car il croît à vue d'oeil, et
pousse dans une année des branches longues de six pieds. S'd s'éleve en arbre de
haute-lutaie, il ne lui faut jamais laisser des branches latérales qui approchent en
grosseur de celle destinée à former le tronc ; le bois se fend si aisément, que dans
des ouragans, lorsque ces branches offrent trop de résistance, l'arbre se trouve quelquefois
partagé en deux jusqu'à la racine : c'est pour obvier à cet inconvénient dans
les grandes plantations qu'on rapproche les individus le plus qu'd est possible les
uns des autres.
Enfin un derniermoyen d'employer l'Acacia d'une maniéré aussi utile qu'agréable
c est d'en planter autour des champs et des vignobles pour servir de clôture Les
haies d'Aube-épine, si jolies au mois de mai, n'approchent point de celles d'Acacia
quand elles sont en fieur, et celles-ci sont tout aussi difficiles à percer quand elles
sont dans leur force : il faut avoir soin de les placer au fond d'un fossé pratiqué
a cet effet autour du terrain qu'on veut clorre ; sans cette précaution les racines,
trop voismes de la surface du sol, couvriroient bientôt le voisinage d'innombrables
rejets.
Dans ces diverses maniérés de cultiver l'Acacia on peut faire tous les ans pour
ia nourriture des bestiaux trois ou quatre riches moissons de feuilles. Les branches
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