H I P P O C A S T A N U M . M A R R O N I E R DTNDE. 55
HADITE. Le Marronier d'Inde croît naturellement dan."Î les contrées septentrionales
de l'Asie: quelques personnes croient qu'il se trouve encore dans le nouveau
monde ; mais cette opinion n'est fondée que sur le passage suivant de Duhamel
au sujet de ce végétal : « Nous savons que cet arbre se trouve vers les Illinois, car
« on en apporta des fruits à M. le marquis de la Galissoniere lorsqu'il étoit gouver-
« neur au Canada ». C'est vers l'année i55o que le Marronier d'Inde passa de l'Asie
en Europe. Clusius l'introduisit à Vienne en Autriche en i588; et M. Bachelier,
en 1613, l'apporta de Constantinople à Paris , où il le planta dans le jardin de Soubise.
Le second individu vécut au jardin royal des Plantes ; et le troisième au
Luxembourg. Celui du jardin du Roi fut planté en 1660, et mourut en 1767; on
conserve dans le cabinet de l'établissement une tranche transversale de son tronc.
USAGES. On s'est beaucoup exercé sur le Marronier d'Inde dans l'espérance de
le rendre aussi utde qu'd est agréable à la vue; jusqu'à présent c'est sans succès.
L'amertume de l'écorce et du fruit avoit fait penser qu'il pourroit remplacer le
Qiuna; on f a tenté, et son usage a fait presque autant de mal que de bien.
On a essayé d'enlever aux graines leur amertume pour les faire servir à la nourriture
des animaux domestiques : on y est parvenu ; on les a rendues propres à
faire du pain ; on en a préparé une fécule aussi bonne que celle de la pomme de
terre : mais ces découvertes sont inutdes; les frais excéderoient le produit, (i)
On a beaucoup vanté dans le temps des bougies qu'on disoit préparées avec le
fruit de cet aibre : ce n'étoit que du suif de mouton dépuré, rendu plus sohde par
la substance amere du marron d'Inde.
Le seul avantage économique qu'on retire du Marronier c'est la cendre qu'on
obtient en brûlant son bois et ses graines; on l'estime beaucoup pour la lessive.
Les bêtes fauves recherchent les marrons ; les animaux domestiques, tels que
les vaches, les moutons, les poules, etc., ne les rejettent pas entièrement; mais
on sait par expérience qu'ils leur sont contraires. On croit que ces Iruits guérissent
la toux et la cohque des chevaux, lorsqu'on les mêle, réduits en farine, à leur
nourriture. On pourroit avec cette farine former une pâte qui, comme celle d'amandes
douces, a la propriété de nettoyer et eu même temps de donner du lustre
à la peau ; l'eau dans laquelle on agite cette pâte mousse comme avec le savon, et
décrasse très bien les étoffes.
(.-, La parue extraclive amere étant le principe qui enipêclie ces fruits de servir à la n o u r r i l u r e , plusieurs
personnes ont cherché les moyens de l'en séparer. M. lîon, de l'académie de Montpellier, est le premier
qu. ait publié sur ce sujet un mémoire qui se trouve inséré dans le volume de l'académie des sciences
année 1720, p. ,46. Comparanl l'amertume des marrons d'iude à celle des olives, M. Bon fait subir aux
marrons les mêmes opérations qu'aux olives qu'on veut adouc.r ; il fait tremper pendant vingt-quatre
heures ces fruits pelés et coupés par quartiers dans une lessive préparée avec une partie de ehaux vive • il
les plonge ensuite pendant huit jours dans de l'eau pure renouvelée toutes les vingt-quatre heures • après
cela, dit-iI, l'amerlume a totalement disparu. '
M. Baume s'est convaincu par des expériences variées que ces moyens sont insuffisants. La substance
compacte, et hsse comme du verre, du marron d'Inde ne se laisse pénétrer, si elle n'est pas extrêmement
divisée, m par l'eau, ni par les alkalis, ni par f e s p r i t de vin; mais si les molécules sont réduites par le
broiement à une grande finesse, l'eau seule enleve la partie extractive, la partie sucrée, la gomme résine,
etc. q u Ils contiennent ; et la farine qui reste est absolument douce et propre à faire du pain. Chaque
livre de marrons produit quatre onces cinq gros de farine, qu, donnent deux onces cinq gros d'amidon
quantité très considérable; une livre de pommes de terre n'en contient que deux.
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