
borné à ne préfenter que la defeription des efpèces
les plus effentielles; je n’ai cité pour les autres que
les phrafes fpécifiques & la fynonymie ; j’ ai réuni
âufli dans un feul plufieurs des genres d’ Acharius
<lui m ont paru peu diftingués entr’eux. Enfin, mon
intention n’a été & n’a pu être que de donner un
ÿ p e r ç u des réformes les plus effentielles faites
dans une des familles les plus intérefîantes de la
cryptogamie.
Quand on ne voit dans les lichens que les recherches
pénibles & minutieufes qu’exige leur claftifi-
cation j quand on n’eft occupé qu’ à obferver avec
rigueur les légères différences qui exiftent entre
deux individus extrêmement rapprochés, & que
1 on prend des peines infinies pour s’ affucer s’ils
doivent être confidérés comme efpèces où variétés
ƒ cjuand il s’agit enfuite d’appliquer aveefaga-
cité a chaque efpèce la fynonymie des différens
auteurs j quand enfin on s’évertue à multiplier les
genres j à découvrir de nouvelles efpèces, cette
recherche, très-louable d’ailleurs quand elle ne
devient pas trop minutieufe, ne lai fie entrevoir
dans l’étude des lichens qu'un travail aride, rebutant
& fouvent ftérile 5 mais fi nous confidérons
ces végétaux dans leur er.femble, fi nous les obfer-
vous dans les lieux où la nature les a placés, couvrant
les rochers, tapi fiant les vieux murs, appliqués
centre l ’écorce des arbres ou fufpendus à
leurs branches, étalés fur la terre, fe glifîant
entre les moufles & le gazon , quelle agréable variété
ces plantes,peut-être trop dédaignées, nous
offriront dans leurs formes, leurs couleurs, dans
leur manière de végéter & de fe multiplier ! Les
unes étalent fur l’épiderme des jeunes arbres une
membrane Iiffe, très-blanche, parfemée de fructification
en forme de lignes noires, imitant, dans
leurs diverfes directions, les caractères de quelque
langue étrangère ou une forte de carte géographique
5 d’autres préfentent des points failians, ,
noirs & luifans, fur un fond verdâtre ou cendré ;
fur les rochers elles forment des plaques de diverfes
couleurs, des crcûtes lépreufes, grenues, fa ri-
neufes, parfemées de tubercules fouvent en forme
de points enfoncés, quelquefois imitant des petits j
champignons fefliles ou pédicules, couleur de chair
ou d’un rofe-pale. Ces croûtes fi variables en couleur
, plus 'développées dans d’autres efpèces,
prennent pregreffi veinent un afpeCi foliacé , laci-
nrées ou divifées en lobes, étalées en rofettes, de
confiftance membraneufe ou cartilagineufe , dont
la couleur eft prefque toujours en oppofition avec
celle des cupules ou des fcutelles concaves, arrondies
: celles-ci s’élèvent d ’une croûte écailleufe en
tiges fimples ou ramifiées en petits arbufies élé-
gans ; les rameaux élargis à leur Commet en godets
en forme d’entonnoirs fimples ou prolifères,
chargés fur leurs bords de tubercules fongueux,
fefliles ou pédiceilés, de couleur brune, noirâtre
ou d’une belle couleur écarlate : celles-là font
fufpendues aux branches des arbres en très-longs
rameaux liffes. filamenteux, bifurques ou en»,,
lacés, femblables à des crins de cheval : on en vu'
d'nn beau jaune-doré, orangé ou cicrin. porran.'
des fcutelles planes, orbiculaires, entourées dm
quelques efpèces, de cils ou filets divergens&r,
diés. Toutes ces formes fe trouvent énoncées dan'
la defeription des efpèces. Enfin, les lichens mi
rirent d'autant plus notre attention, qu'ils diffi'
rent finguliérement de la maffe des autres plant«
par une plus grande (implicite; ils fe lient avec],
famille des champignons d'une part, & de l'autre
avec celle des hépatiques ; ils ont une végétation
plus complète que les premiers. Quoique lents I
expaniions ne foient point encore de véritables
feuilles, ni leurs divifions rameufes de véritables
ttges, ils offrent cependant l'apparence des unes
& des autres ; ils n'ont point non plus de racines
proprement dites, mais des petits crochets nombreux
qui leur en tiennent lieu , & avec lefquels
ils adhèrent aux corps fur lefquels ils croiffene
ils fe multiplient par rejets, par.leurs ramifications
, par prolifications, & bien certainement par |
des femences.qui jufqu’à préfent ont échappé à
nos recherches, & fut lefquels on n'a encore pu
former que des conjeâ:ures incertaines. J'ai parlé-
ailleurs de l'importance des lichens pour l'étabiif-
fiTment de la végétation dans les lieux où elle
n'exilioit point. ( Toye^ l'article P l a n t e . )
Partout où la végétation commence à s'établir
les lichens font ordinairement les premières plantes
qui s'y montrent; elles font suffi les dernières
qui y relient, lqrfque, par d’autres circonftjnces,
cette végétation s'altère & difparoît : M. de Sauf-
fure a rencontré des lichens jufque fur le foin-
met le plus élevé du Mont-Blanc. « Voici, dit
M. Humboldt dans fes Tableaux de la Nature’, les
lichens dont la terre, dénuée de végétaux, com-1
mence à fe couvrir dans les pays du nord, au
Pérou : biomyces rofeus, — rangiferimus ; lecUu
mufeorum, — icmadophylla. Quelques autres cryptogames
s’y joignent pour préparer la végétation/
des herbes & des plantes. Entre le,s tropiques, où
les mondes & les lichens ne croiflènt abondamment
que dans'les endroits ombragés, quelques
plantes grades, telles que le fefuvium ou le ponit-
laça, fuppléent aux lichens terreftres. »
M. Decandolle, dans la Flore franç ai fe, a fait I
pafler plufieurs efpèces de lichen, Linri., dans des
geiues particuliers, dont il a compofé une famille
qu’il a nommée hypoxyU (les Hy po x y lo n s ). >
Cette famille renferme des plantes de cor.fif-
tance coriace, fubéreufe ou cornée. Leur couleur
générale, ou du moins celle de 1. ur-réceptacle,
efi prefque toujours noire. Les réceptacles com*
pofent quelquefois la plante entière; ailleurs,
ils font pofés ou enchârîes dans une tige droite
ou étalée,, folide, fibmenteufe ou pulvérulente.
Quelle que foie leur pofition, ces récepucles font
arrondis ou alongés, ouverts au foiiîmet par un
„nre ou une fente, & remplis d’une pulpe mucila-
aineufe qui en fort d’une maniéré plus ou moins
évidente a l’époque de la maturité, & qui renferme
les femences : quelques efpeçes préfentent
cà & U des paquets d’une pouflière blanche & fu-
Pice que plufieurs naturaliftes regardent comme
Le plus grand nombre de ces plantes vivent fur
les troncs d’arbre; quelques-unes fur les feuilles
mourantes; un petit nombre fur les rochers ou fur
la terre. Aucune d’elles ne donne de gaz oxigène
fous l’eau au foleil : plufieurs donnent, dans cette
ch-conftance, du gaz hydrogène.
Cette famille fe divife en deux ferions, félon
que la pulpe mucilagineufe fort du réceptacle
d’une manière évidente ou infenfiblement.
La première ( hypoxylons ou faux - champignons),
dont la pulpe féminifère fort d’elle-même
à la maturité, eft compofée des genres fuivans;
fiv.oii :
L,es Rhizomorphes ( rhi^omorpha) ;
Les S p h ÉRIES ( fph&ria ) ;
Les NÉMASPORES', Suppl, c n&mafpora ) ;
Les 3(yloma ( xy lorna ) ;
Les UPODERMES' (hypoderma).
La fécondé (hypoxylons ou faux-lichens), dont
la pulpe féminifère refte dans le réceptacle ou s’ échappe
d’une manière peu fenfible, renferme :
Les H y s t é r i e s , Suppl. ( hyfterium );
Les OpÉgraphes , Suppl. ( opegrapha ) ;
Les VerRu c a ir ES , Suppl. ( verrue aria ) ;
Les PertüSAIRES , Suppl. ( pertufaria).
On trouvera, dans l’expofition de ces différens
genres, les efpèces de lichen de Linné qui doivent
y être rapportées.
Su ite des e s p è c e s .
I. Lepraria. Achar. L e p r a . Wig g. Decand.
'Point de fcutelles ni de tubercules $ une croûte étalee
, irréguliere , compofée de globules puvérulens.
Qbfervations. Ce genre eft compofé en grande
partie des byffus pulvérulens de Linné. Hoffman,
Acharius, Decandolle, & c . le rapportent à la famille
des lichens. Acharius les croit compofés de
gcr.gyles ou d’organes reproductifs qu’on n’ap-
perçoit qu’à l’ aide du microfcope, fous la forme
de.globules pulvérulens. Les principales efpèces
qui le competent, font : le byffus antiquitatis, —
botryaides, — U5tea , Lîim. &c.
On peut y ajouter les efpèces .fui vante s :
158. Lichen odorant. Lichen odoratus.
Lichen cruftâ rubefeente, tandem cinerafcente, fub-
granulatâ, oculo armatofubfloccofâ. Decand. Synopf.
Plant, pag. 78. — Flor. franç. 2. pag. 323. Sub
leprâ.
Lichen rubens. Hoffm. Enum. Plant, p. 4’
fi g- SLichen
odoratus. Roth, Germ. 1. pag. 49
Cette efpèce eft très-voifîne du byjfus jolitkus.
Dans fon état de fraîcheur, elle fe préfente fous
la forme d’une croûte rouge, purpurine ou orangée
; mais lorfquelle eft fèche, elje prend une
couleur cendrée, verdâtre ou jaunâtre : elle exhale
, lorfqu’elle eft humide, une odeur de violette
ou d’iris de Florence. Cette croûte eft mince,
inégale, grenue à l’oe i l , un peu floconeufe à U
loupe.
Cette plante croît fur l’écorce des arbres.
159. Lichen obfcur. Lichen obfcurus.
Lichen crufiâ é grifeo ochroleucâ , granulatâ , craf-
fiufculâ. Decand. Synopf. Plant, pag.'68, & Flor*
franç. 2. pag. 313. Sub leprâ.
TJidium coccodes. Achar. Mech. Lich. pag. 139 j
& Lich. pag. 578.
Elle forme une croûte affez épaiffe, irrégulière,
grenue, .adhérente , éta lé e , pulvérulente, de
couleur cendrée ou d’un gris-jaunâtre. Acharius y
a remarqué des petits points qu’ il penfe conftituer
la fructification fous la forme de globules fefliles.
Cette plante croît fur les écorces & les vieux
bois.
i6:>. L ichen vert-pâle. Lichen chlorinus.
Lichen cruftâ effufâ, craffâ, pulvinatâ, viridi-
ftavâ , é gongylis in globulos villoftufculos conglomérats
compbfttâ. Achar Lich. pag. 662. Sub lepraria.
Pulveraria chlorina. Achar. Meth. Lich. pag. I.
tab. 1. fig. 1.
Lepra (chlorina), cruftâ ftaviffmâ, filamencofâ,
Decand. Synopf. Plant, pag. 68.
Lichen candelarius. Weftr. in Nov. ACt. Soc.
Holm. vol. 12. pag. 136.
Cette plante eft compofée d’une croûte épaiffe,
grenue, étalée3 d’ un vert-pâle où jaunâtre, quelquefois
d’ un jaune plus foncé ; elle offre à l’oeil
nu de petits filamens foyeux, qui paroiffent, à
l’aide du microfcope, formés de gongyles adhère
ns , qui font des organes reproductifs.
Cette plante croît à l’ombre, dans les fentes
des rochers, fur les Alpes.
161. L ichen de Floike. Lichen ftorkeanus.