240 CHUSTACÉS BRANCHIOPOUEi.
suivantes : le corps est presque filiforme, composé d'une tôle distincte du
t r o n c par une espèce de cou ; d 'un tronc ou thorax creux en dessous dans
sa longueur, divisé, du moins en dessus, le cou non compris, en onze
segmens, portant chacun une paire de pattes branchiales, très comprimées,
généralement composées de trois articles lamellaires, avec les bords
garnis d'une frange de poils ou filets barbus; et d'une queue allongée,
allant en pointe, de neuf segmens, terminée par deux feuillets plus ou
moins allongés, bordés de cils. Le dessous de son second segment présente
les organes sexuels masculins , et dans la femelle un sac allongé, contenant
les oeuf s qu'elle est près de pondre. La tòte oiTre : i " deux yeux à réseau
écariés, situés à l'extrémité de deux pédoncules flexibles, formés
par des prolongemens latéraux de la téte; 2' deux antennes au moins,
f r o n t a l e s , guère plus longues que la lète, menues, filiformes, composées
de très petits articles; 3® deux saillies, au-dessous d'elles, tantôt en forme
de cornes et d'un seul article, tantôt digiliformes (le premier doigt des
mains, Bénéd. Prévost), de deux articles; 4° une bouche inférieure, composée
de deux sortes de mandibules dentées, sans palpes, et de quelques
autres pièces (o). Nous présumons que ces saillies en forme de cornes ne
sont qu'un appendice ou division, mais plus g rand et aut rement conformé
dans les mûles, des antennes frontales ; les deux autres antennes peuvent
manquer ou s'oblitérer dans les femelles, et former dans l'autre sexe de
l ' u n e de ces espèces {Chirocéphale diaj'htmp, Prévost) ces singuliers tentacules,
appendicés et dentés, en forme de trompe mollasse, pouvant se
rouler en spiral^, que Bénédict Prévost désigne sous le nom de doigts des
mains. Il est probable que la bouche a ainsi que dans les apus, deux
paij-es d e mâchoires, une languette et un labre, mais dont les formes et
les situations respectives n'ont pas encore été bien reconnues. Il me paraît
hors de doute que cette pièce, en forme de bec, dont parle Schfleifer,
et que M. Prévost appelle soupape, ne soit le labre; gue les quatre corps
ou mamelons placés sur les côtés et mentionnés par le premier, ne soient
les mandibules et les deux mâchoires supérieures; et que les pièces, considérées
par le second comme des barbillons ne soient aussi maxillaires.
Les deux premières pattes, qui, suivant SchoeiTer, ne sont composées que
de deux articles, et dont le dernier allant en pointe, représenteraient les
deux premiers pieds-mûchoires des crustacés décapodes, et les deux
grandes pattes antenniformes des apus [Voyez la f® par t i e des Mémoires
sur les animaux sans vertèbres, de M. Savigny). Les principaux organes
sexuels mascul ins, ou du moins ceux que l'on regarde comme tels, consistent
en deux corps conoïdes, biarticulés, et ne sortant que par la pres-
(«) PI.;/„ fig.3/T, 3c,
SECTION DES PHYLL01>ES. '211
sion(Schieirer), situés sur le dessous du second anneau, el auquel aboutissent
des vaisseaux parlant du premier. M. Piévost présume que les
deux vulves de la femelle sont à l'extrémité de la queue, mais ne donnent
point issue aux ceiifs. Cette issue (deux ouvertures, selon iJchoefTcr) est au
second anneau, et communique intérieurement avec le sac renfermant
les oeufs el servant de matrice extérieure. Mais nous ne connaissons aucun
crustacé dont les organes sexuels féminins soient placés à l'extrémité
postérieure du corps, et dès-lors cette opinion nous parait peu fondée.
Les observations de SchaeiTer sur les poils des pattes de ces crustacés
nous montrent qu'ils sont autant de canaux aériens, et la surface même
des pattes dont elles se composent paraît absorber une portion de l'air,
qui h'y atlache sous la forme de petites bulles.
[.e Chirocéphalc diaphane de Bénédict Prévost, el qui nous semble
avoir les plus grands rapports avec notre branchipe des marais, si toutefois
môme il en diiière, a , en sortant de l'oeuf, le corps partagé en
deux masses ù-peu-pi ès égales, el presque globuleuses. La première oiTre
u n oeil lisse, deux antennes courtes, deux très grandes rames ciliées
an boul, el deux pattes assez courtes, grêles, de cinq articles. A la
suite de la première mue, les deux yeux composés paraissent, le Corps
s'est allonge postérieurement, et se termine en une queue conique,
articulée, avec deux filets au bout. Les mues suivantes développent
graduellement les pattes et les rames s'évanouissent. La soupape, qui
dans le jeune Age s'élend jusque sur le ventre et le recouvre, diminue
aussi à proportion.
Les branchipes se trouvent, et ordinairement en grande al)ondance,
dans les petites mares d'eau douce el trouble, et souvent dans celles qui
se forment à la suite des grandes pluies, niais particulièrement, à ce qu'il
p a r a î t , au printemps et en antonme. Les premiers frimas les font périr.
Ils nagent avec la plus grande facilité sur le dos, et leurs piittes, incapables
de leur servir à lamarcl ie, présentent alors un mouvement ondulatoire
très agréable à voir. Ce mouvement établit un courant d'eau
entre elles, et qui , suivant le canal de la poitrine, porte à la bouche les
petits corpuscules dont l'animal se nouiril; mais lorsqu'il veut avancer,
il fj'appe vivement l'eau de droite cl de gauche avec sa queue, ce qui le
fait aller comme par bonds cl par sauts. Retiré de ce liquide, il remue
pendant quelque temps sa queue, else recourbe circulairement. Privé
d'un degré suffisant d 'humidi té, il ne fait plus aucun mouvement.
Au rapport de Bénédict Prévost, le mùle de l'espèce qui est l'objet de
son mémoire, voulant s'accoupler, nage au-dessous de sa femelle, la saisit
au cou avec les appendices en forme de cornes de sa tôle, el s'y lient fixé,
jusqu'à ce que celle-ci recourbe l'extrémité postérieure de sa queue, afin
de rapprocher les deux valves des organes copnlaleurs; cet accouplement
3i