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CRUSTACÉS lU;ANCHIOrODl"..S.
e s t t e n n i i i ö , le petit sort de la matrice, et reste un moment inimobile.
Les iiiAlcs, du moins dans les espèces observées par [\I. Straus, sontlrùs
distincts des femelles. La téte est proportionnellement plus courte; le bec
est moins saillant; les valves sont moins larges et moins gibbeuses supérieurement,
et bâillantes en devant, de sorte qu'elles présentent en cette
place une large ouverture presque circulaire. Les antennes sont beaucoup
plus grandes, offrent l'apparence de deux cornes dirigées en dessous, et que
Müller a considérées comme les organes sexuels de ce sexe. M. Straus n'a
pu découvrir ces parlies sexuelles; mais il a remarqué que l'onglet terminant
le dernier article des deux pattes antérieures (les secondes, en
supposant que les rames soient les premières) est beaucoup plus grand
que dans la femelle, qu'il a la forme d'un très grand crochet, fortement
recourbé en dehors, et que la soie du troisième article est également
beaucoup plus longue; ces crochets lui servent h saisir la femelle. Les
mamelons du sixième segment de l'abdomen sont beaucoup moins sensibles
et sous la forme de tubercules, dans le premier âge. Aux antennes
inférieures près, plus longues dans les mûles, les deux sexes se ressemblent
presque, et les deux valves de leur coquille se terminent, dans l'un
et l'autre, par un slylet dentelé en dessous, arqué vers le bas, et d'une
longueur égalant presque celle des valves. A chaque mue, ce stylet se
raccourcit, de sorte qu'il ne forme plus , dans les adultes, qu'une simple
pointe obtuse.
Les mâles sont très ardens à la poursuite de leurs femelles, et souvent
du même individu.
Un seul accouplement féconde la femelle pour plusieurs générations
successives etjusqu' à six au moins, ainsi que l'a constaté Jurine. M. Straus,
remarquant que les orifices des ovaires sont placés très profondément sous
les valves, et que dès-lors aucune partie du corps du mâle ne pourrait y
atteindre, soupçonne qu'il n'existe point chez lui d'organe copulateur,
et qu'il se borne à lancer la liqueur fécondante sous les valves de la femelle,
d'où elle s'introduit dans les ovaires; mais l'analogie semble repousser
une telle conjecture (l). Jurine a vu leur accouplement, qui dure
au plus de huit à dix minutes. Le mâle, placé d'abord sur le dos de la
femelle, la saisit avec les longs filets de ses pattes antérieures; se portant
ensuite vers le bord inférieur de ta coquille de celle-ci, et approchant la
sienne de son ouverture, il y introduit ces filets, ainsi que les crochets ou
harpons de ses pattes. Il rapproche ensuite sa queue de celle de sa compagne,
qui d'abord se refuse à ses désirs, court avec une grande vitesse,
(i) Fojez Jurine, Hisi. des monoc., pag. loß el sniv,
SECTION DES LOPIIYROPES. «¿38
le transportant avec elle, mais qui finit par céder. De petits corps, en
forme de grains colorés en vert, en rose ou en brun, selon les saisons,
composant les ovaires, remontent graduellement dans la matrice et y deviennent
des oeufs. Jurine observe que les mâles de la D. pvce sont en
petit nombre, comparativement à celui des femelles; qu'au printemps et
en été, on n'en trouve que difficilement, tandis qu'ils sont moins rares
en automne.
Environ huit jours après, leur naissance, les jeunes daphnies changent
pour la première fois de peau, et continuent ensuite la môme opération,
tous les cinq à six jours, selon le plus ou'moins d'élévation de la température;
non-seulement le corps et les valves, mais encore les branchies
et les soies des rames se dépouillent de leur épiderme. Ce n'est qu'à la
troisième mue que ces crustacés commencent à produire. Leur ponte
n'est d'abord que d'un seul oeuf, puis de deux ou trois, et augmente progressivement,
et va même jusqu'à cinquanle-liuit dans une espèce (D.
magna). Un jour après la ponte, la femelle change de peau, et l'on trouve
dans les tégumens qu'elle abandonne les coques des oeufs de sa dernière
ponte. Un moment après, elle en fait une nouvelle. Les jeunes d'une même
portée sont presque toujours du même sexe, et il est assez rare de trouver
dans une portée de femelles deux ou trois mâles, et vice versa. Mai -
sur cinq à six portées des mois d été, il s'en trouve au plus une de mâles.
On rencontre souvent des individus dont les tégumens sont d'un blanc
laiteux, opaque et épaissi, sans que pour cela ils en paraissent affectés;
au renouvellement de leur lest, on n'aper<¿oit sur lui que de légères traces
de cette altération, et qui se manifestent par des rugosités.
Ces crustacés cessent de se reproduire et de muer a\ix approches de
l'hiver, et finissent ])ar périr avant le commencement des gelées. Les oeufs
contenus dans les éphippiums, et qui avaient été pondus pendant l'été,
éclosent dès les premières chaleurs du printemps suivant; bientôt les
mares sont de nouveau peuplées d'une infinité de daphnies. Plusieurs naturalistes
ont attribué la couleur sanguine que ces eaux prennent quelquefois,
à la présence de myriades de la D. puce; mais M, Straus dit n'avoir
jamais observé ce fait, et que cette espèce est en tout temps peu
colorée. Le malin et le soii-, cl même pendant le jour, lorsque le ciel est
couvert, les daphnies se tiennent habituellcmcnl à leur surface. Mais
dans les grandes chaleurs, et lorsque le soleil donne avec ardeur sur les
mares ou eaux stagnantes qu'elles habitent, elles s'enfoncent dans l'eau,
et se tiennent à six ou huit pieds de profondeur ou davantage; souvent
on n'en voit pas une seule à la surface. Elles nagent par petits bonds,
plus ou moins étendus, suivant que leurs rames sont plus ou moins longues,
et que le bouclier recouvrant le devant de leur corps déborde plus
ou moins, la grandeur de celte saillie pouvant gêner leurs mouvemens.
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