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On voyait aussi dans la citadelle une statue de Minerve surnommée Cessienne, faite en bois, et
d’un travail assez remarquable '.
Un petit village, composé! 4 une cinquantaine de maisons, et à l’est duquel oh trouve, près de la
mer, line chapelle et un cimetière, occupe aujourd’hui l'emplacement de l’ancienne Épidaure. Près
de là sont des marais qui rendent, dit-on, fort insalubre la petite baie qui forme, comme un port
naturel, à la ville d’Esculape.
On arrive au promontoire sur léquel étaient bâties la ville haute et l’acropole antique, par un isthme
au sud du port; dans cet isthme nous trouvâmes trois fragments de statues en marbre un- torse colpésal
de femme, sans tete, dun asséz beau travail, mais très-frùste; une autre femme couchée, dont j.a tète
manquait également, et d’un style assez médiocre; enfin un guerrier, sans tête aussi, et fort grossièrement
travaillé. Au nord, tout près de la mer, on remarque une ruine romaine en briques.' Sur la
partie la plus élevée du promontoire, Ou était l’acropole, se retrouvent plusieurs parties de son
enceinte; elles sont dé construction hellénique presque cyclopéenne, et établies sur une base de
rochers. On reconnaît aussi des traces: de fortifications du moyen âge, mêlées aux. murs antiques; et
enfin des restes de constructions dont il est impossible de préciser l’usage, si ce n est peut-être à l ’égard
d’une enceinte un peu circulaire qui nous parut avoir été un théâtre Ou tout autre lieu d’assemblée,
à en juger d’après un gradin en pierre que nous vîmes à côté.
Pausanias.
H IÉ R O (TEM P L E D ’E SCU L A P E ) .
. Poür se rendre d’Épidaure à Hiéro, la route, jusqu’à une distance de quatre milles à peu près, est
la même que celle de Nauplie : on se dirige alors vers le sud, et c’est à trois milles environ dans cette
nouvelle direction que se trouve la plaine où sont les ruines d’Hiéro.
L’aspect dé cette campagne est des plus riants. Les belles montagnes qui l’environnent, la riche végétation
dont elles sont couvertes, offrent à l’oeil un ravissant spectacle, surtout du côté de l’ouest,
où trois quatre lignes de montagnes vont se perdre à Fhorizon avec celles de l’Argolide qui
forment le fond de ce magnifique tableau.
Hiéro renfermait tant de monuments curieux que nous croyons, ne rien pouvoir faire de mieux
que d’en donner, d’après Pausanias, une description abrégée. Voici donc ce qu’on lit dans cet auteur :
«Le bois sacré d’Esculape est entouré de montagnes de tous côtés. La statue du dieu, toute en or
« et en ivoire, est moins grande de moitié que lé Jupiter Olympien d’Athènes. Il est assis sur un
«trône, tient.un bâton d’une main, et touche de l’autre la tête d’un serpent Un chien est couché
« auprès de lui. On voit par l’inscription que cette statué est l’ouvrage de Thrasymèdes de Paros.
«Un peu au delà du temple est un endroit ôù dorment: ceux qui viennent demander au dieu leur
« guérison, et dans le vbisinagë' s’élève un édificé rond en marbre blanc, nommé le Tholus. Autre-
« fois, dans l’intérieur de l’enceinte, il y avait un grand nombre de cippes; il n’en reste plus main-
« tenant que six sur lesquels sont inscrits des hôîhë d’hommes et de femmes qu’Esculape a guéris,
« avec désignation de la maladie de chacun, et des moyens emplpyés dans la cure, le tout en dialecte
« dorien. G’est d’après de pareilles ^tablettes, trouvées*dans un autre temple d’Esculape dans l’île de
«Cos, qu’Hippocrate cultiva .et perfectionna son art. Un autre cippe très-ancien est-placé dans un lieu
« particulier; l’inscription qu’il porte nous apprend qu’Hippolyte consacra vingt chevaux au dieu.........
« Il y a dans l’enceinté sacrée d’Épidaure un théâtre qui, à mon avis , est un ouvrage des plus admi-
« râbles. Les théâtres de Rome surpassent en magnificence Ceux de tous les autres pays; il n’en est
« point qui pour sà grandeur puissent.se comparer à celui de Mégalopolis en Arcadie; mais si l’on envi-
« sage l’ensemble de toutes les parties et l’élégance de là construction, il n’en est point qui puissent se
« comparer à ce théâtre. Polyclète en eSt l’architecte, ainsi que de l’édifice rond dont je viens de parler.
« On vôit dans le bois sacré le temple de Diane, la statue d’Épioné , lé temple de Yénüs; celùi de Thé-
« mis , un stade eh terre rapportée et batt^é comme la plupart des stades grées, èt une fontaine dont
« on admire le toit et les autres embellissements. . . Un sénateur romain, npmmé Antonin, a depuis peu
« orné l’enceinte sacrée de divers édifices, qui sont le bain d’Esculape, le temple des dieux qüon nomme
« Épidotes., celui d’Hygiée, céux d’Esculape et d’Apollon surnommés Égyptiens, et le toit du portique
« qui porte le nom de Cotys, et qui est en briques crues; Il fit aussi bâtir un édifice' ôu 1 on transporte
«les femmes en couche ét les moribonds. Les montagnes qui dominent le bois sont le Tithium et
« le Cynoftium. On voit sur le dernier le témple d’Apollon Maléate, un dès plus anciens édifices du
«pays : mais tout ce qui l’entoure,est encore l’ouvrage d’Antonin, ainsi quun réservoir ou sé ras-
«:semblent les eaux ,dh ciel. »
Au lieu ,où étaient jadis ces beaux édifices, ces belles statues, on ne trouve plus aujourdhui que des
débris et quelques traces de murailles, avec lesquelles il est tout à fait impossible de reconstruire
aucun édifice. Les seuls vestiges assez complets et à l’aidé desquels on puisse reconnaître les monuments
auxquels ils. appartenaient, sont le théâtre, le stade et deux citernes.
Malgré l’opinion de M. Pouqueville, qui. prétend que beaucoup de trésors.d’antiquités sont enfouis,
cachés dans cette terre', nous ne croyons pas que des fouilles à Hiéro pussent offrir de bien brillants
résultats : le sol actuel étant plus bas que l'ancien, les monuments devraient etre plutôt en dehors qu en
terre, ét il est douteux qu’il en puisse rester d’autres que ceux qui sont apparents, dailleurs peu remarquables
sous les rapports d’art. Gomme nous venons de le dire, bn ¡retrouve cependant çà et là
quelques débris de moulures dun assez bon goût; mais il semble que les habitants eux-mêmes prennent
Pouqueville, liv. XIV, chap. iv.