Une si grande renommée devait nous engager à doubler de zèle pour rendre nos recherches fructueuses:
aussi nos découvertes ne tardèrent pas à nous confirmer tout ce que doit avoir de vrai la belle
description que Paus'anias nous fait de cette ville..
Ce qui nous étonna le plus, fut de ne rien retrouver de cette haute et grande enceinte flanquée de
tours, qui avait été construite pour la protéger contre les attaques multipliées des Spartiates
Il serait peut-être difficile de reconnaître, d’après la désignation des lieux, les principaux monuments
dont parle Pausanias, bien qu’il en existe sur lesquels il ne peut y avoir de doute; il est certain, cependant,
que si des fouilles avaient été opérées sur les divers points où il se trouve des indications de monuments,
on aurait pu avec certitude en citer un plus grand nombre : c’est ainsi qu’on aurait reconnu dans
les ruines nombreuses situées au nord et sur la rive droite, a F endroit où les bords de la rivière s'élèvent le
plus (expressions de Pausanias) (voir planche 3t , le plan général), la place publique : cette place est.
entourée d’une enceinte de pierres; un temple de Jupiter Lycéen, au-devant une statue S Apollon, en
bronze, et haute de douze pieds, venant du temple de Bassæ; à droite de cette statue, une plus petite
de la mère .des dieux; le portique nommé Philippeum, un autre plus petit où se trouvaient les archives
des Mégalopolitains, celui nommé Mycropolis, le cippe de Polybe, l’édifice où s’assemble le conseil,
et l’Aristandrium : ces portiques entourent la place publique. Près de ce dernier portique, côté du
soleil levant, on voit le temple de Jupiter Stator; à l’autre extrémité de ce portique, au couchant, est
une enceinte consacrée aux grandes déesses, qui renferme aussi le temple de Jupiter Philius, le temple
de Vénus et un grand nombre de statues et d’hermès ; derrière et plus loin, le grand temple où l’on célèbre
les mystères des grandes déesses; à droite de ce temple, celui dédié à la fille dè Cérès.
Le gymnase tient à la place publique du côté du couchant. Derrière le Philippeum sont dèux collines
peu élevées: on remarque sur l’une d’elles le temple de Minerve PolUade, et sur l’autre, celui de Junon
Teleia. À sa base est une fontaine nommée Bathyllus, qui va grossir ffiélisson.
Au midi, sur l’autre rive, un grand théâtre; à peu de distance, le Tersilium, édifice où se rassemblaient
les dix mille représentants des Arcadiens; près de là Une maison bâtie pour Alexandre, puis un temple
dédié en commun aux Muses, à Apollon et a Mercure; un stade qui tient au théâtre, à son extrémité
le temple de Bacchus, et au devant celui érigé en commun à Hercule et à Mercure. A l’autre extrémité
de la ville et au levant sur la colline, un temple consacré à Diane Agrotera; à droite de ce temple une
enceinte sacrée, avec un temple à Esculape; au bas de la colline, un autel à Esculape enfant; et non
loin de ce temple, une fontaine.
1 Pausan., Hv. VIII. » Pausan., liv. V III.
E X P L IC A T IO N D E S P LA N C H E S .
P lanche 36.
Vue de l’emplacement des ruines de Mégalopolis, prise du point O du plan, au haut de la vallée de l ’Hélisson; on
▼oit dans le fond lés monts Tetrage e t D iaforti, au bas desquels sont les ruines de Lycosure.
P l a n c h e 3 7.
P lan des ruities de Mégalopolis.
Examinons maintenant avec soin chacun dè ces débris précieux, dont nous avons déterminé la position sur ce plan,
et tâchons de communiquer à nos lecteurs tout l’intérêt que méritent de pareils monuments. ’
Rive gauche de l’Hélisson. A e t B deux chapelles.grecques modernes, faites aveé des fragments, de monuments
antiques, tels que murs de cella et autres. • Ces m u rss’élèvènt seulement à 1 m. 3o cent, au-dessus du sol e t ne sont
pas couverts; ils forment plutôt dès enceintes' religieuses que des chapelles achevées. *'
Un fragment de chapiteau ionique e t une inscription ornée de moulures ont été trouvés dans la chapelle B.
(Vçir.plahche 38 ; fig. I e t I I - f jjM
C. Emplacément de temple; amas de colonnes renversées et mur de eélla; les cannelures sont presque effacées.
D. Murs s’étendant jusque devant le théâtre, ils sortent à peine dé terre ; dans les parties où le terrain est plus bas on
s’aperçoit que léüfs assises sont d’urië forme polygonale. Est-ce le Tércilium que Pausanias indique à peu de distance
- . dû- théâtre'ptâftl;!;
E. Un théâtre: il est creusé dans le flanc d’une colline; on a rapporté des terres pour compléter sa hauteur et lu mettre
en rapport avec la grandeur de son rayon. Il est de nos jours entièrement dépouillé de ses gradins e t de tout cé qui
• le décoraitijÿilne reste plus maintenant «pie des'parties de murs destinées jadis à soutenir les terres e t à recevoir
les différentes rangées de g radins, ainsi «pie des escaliers «jui servaient à y monter.
• - D’après les arrachements d e murs qu’on' retrouve sur ceux de soutènement, il est certain qu’il s’y liait d’autres
constructions, devant appartenir à celles, que nous rapportons ici. (Voir Planche 39; fig. I e t II.) L’appareil de ces murs
est f a ird ’une manière bien remarquable, sous le r apport d e là , symétrie avéclâquelle sont arrangées les assises, aussi
bien que: pa r l’M>ileté qu’on -a apportée dans leur taille : chaque. pierre • action’, arête abattue au ciseau et son
parement parfaitement piqué. On a alterné une assise de pierre courte avec une assise de pierre longue, e t pa r cet
arrangement on a su concilier iè bon, effet e t l’emploi convenable des matériaux. Nous avons été assez heureux
pour retrouver (nori\pas en place) quelques parties: dés gràdihspîeur: taille est auési remarquable que c e l l è l ^ t
nous venons de parler. (Voir P lanche 3 g , figures III e t IV.) La grandeur de cette ruine étonne le voyageur è tlu i
• donne une idée assez juste de l’importance que: devait avoir, la ville qui a élevé un semblable monument.
Dans l’espace compris entre la ruine B e l l e théâtre;, on doit reconnaître l’emplacement1 du stade q ui, suivant
Pausanias, y tenait e t avait à son autre extrémité un temple à Bacchus; le terrain, en amphithéâtre d’un côté; est
parfaitement convenable pour un établissement de ce genre. La ruine C pourrait être |e ||e d u temple de Bacchus, -et
la source près le ?^éâtre),,1a fontaine que cet auteur y inclique.
F. Ces colonnes paraissent en place, elles sortent d’environ-3o: cent, de terre e t sont entourées de plusieurs débris
antiques; leur diamètre est de 0,49 cent.,
G. Mur hoùrdé en mortiér,- .
H. Deux colonnes à fiepr de terre paraissent ê tre en: place, plusieurs renversées sont auprès ; leur'diamètre est dé oJSo çà '
J. Construction assez considérable; ces murs sortent à peine dé terre, ils sont hourdés en m ortier, ■
K. L a différence q ui existe entre ces colonnes laissé douter qu’elles soient en: place-: elles sortent peu'.'de terre; deux
d’entre elles o nt o,43 .cent .de diamètre, e t. leurs cannelures sont placées «furie manière uniforme; la troisième
diffère entièrement des doux autres, e t p a rd o n «b'amètre qui est de o,55 cent. , pa r là manière d o n t elle est cannelée , et
pa r la queue qu’on y a laissée pour, sans doute,; la tenir,engagéè;à;une partie de mur. Ajoutons encore que les quatre
cannelures en creux ne se trouvent pas en regard des autres Côlonnes. .
T ant de bizarrerie nous fera donc présumer que, si ces colonnes appartiennent au même monument, ellès ont
été Changées dé placé.:
Nous donnons un plan et un détail des cannelures de cette d ernière colonnéi comme devant mériter une attention
particulière e t comme é tant le seul exemple que nous ayons rencontré dans n#:explorations. (Voir Planche 3 8 , fig. 7 )
L. Murs helléniques, devant appartenir à une construction-considérable';
M. Plusieurspie«ls-droits, espacés inégalement e t placés parallèlement à u n mur. Cette Construction s o rtàp e in e de terre;
sa proximité avec un ravin creusé pa r les eaux d’une source^ porterait à croire qûèjce sont les restes d ’un aqueduc.
C’est sans doute près de cette source que Pausanias place le temple S Esculape enfant.
N. Construction romaine en briques, bourdée en mortier; auprès, une colonne non cannelée.
Ô. Eglise m oderne, entièrement semblable à celles A e t B '. (à -la grandeur près). Une grande quantité des gradins du
théâtre entrent dans la construction d e ses mu rs, ainsi que deux profils très-bien conservés e t formant encoignure,
«jue nous avons mesurés avec le plus grand soin- (Voir planche 48, figures 3 e t 4.)
Rive droite de l’Hélisson. P. Tumplus en terre.
Q e t B:. Massifs de maçonnerie.à fleur de terre, avec arrachements de murs, formant sans doute des parties de soubassement
de l’enceinte de la ville.
S. Construction antique, faite pa r assises horizontales.
T. Construction en petites pierres hourdées en mortier.
U. Tous ces murs sont hourdés en m ortier; ceux près de la rivière sont en pierres beaucoup plus fortes, e t sembleraient
appartenir à uri pont bâti dans l’antiquité et «jui aurait été rétabli au-inoyen âge '.
V. X . Y. Z et A A. Toutes ces constructions sont hourdées en mortier ; dans les intervalles qui les séparent, on voit
quelques colonnes isolées, et des anias de pierres, où il se trouve quelques moulures e t plusieurs fragments antiques,
parmi les«pjels nous avons mesuré un chapiteau dorique que nous donnons. (Planche 38, fig. 5.)
BB. Mur de la pella d;un temple : un côté de ce mur e t une partie en retour sont en place; à la suite de la petite
partie en retour, se trouvent un assez grand nombre de pierres renversées, sans cependant qu’elles aient été dérangées
. fine inscription trouvée dans l ’église île Sina/fo a rapport à un pont.
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