formule très-fréquente sur les monuments funéraires. Mais les deux
lettres TV de la première ligne, si elles existent réellement sur la
pierre, ce que je serais disposé à révoquer en doute, rendent, j’en
conviens, cette conjecture très-peu probable.
Fragment d'inscription trouvé à la p o rte d'une cfutpelle de
Sinano. (Mégalopolis.)
RI • A V G • ETCIVITAT I • ITA •
V‘ VT-PROMISER AT-ANA -I
S -T £V R IS C V S P O N T EM ‘ FECIT
ATOPI KAI2API KAITH POAEI
5. P I2K 0 2 • EPÔIH2Ë -THN rEtPYPAN • X A 0A 2
ATATO A O rM A T ilN 2 YNEÀPAN E<M1
IAYTON T O EPINOMION KAI BAAANfll
IEXEI OPEMMATflN AIABIOY
Ce monutnent a été publié pour la première fois d’une manière
tout à fait inexacte par J. Cartwright. M. Pouqucvillo a reproduit
cette copie dans son Voyage en Grèce ', et c’est d’après cette même
copie que M. Boeckh l’a inséré_dans son recueil sous le n° i53y.
Le texte que nous publions à notre tour est très-différent de celui
qui a été donné avant nous, mais beaucoup plus exact. Il nous
en a été remis deux copies faites, l’une par M. de Gournay e t l’autre
par M. Ch. Lenormant. Voici; les principales variantes qu’elles
présentent :
Ligne a , avant le mot V T , M. Lenormant donne le signe \ . Il
lit AN Al à la fin de cette même ligne.
Ligne 3 , l’S qui commence la ligne manque dans la copie de
M. de Gournay.
Ligne 5 , M. de Gournay lit EPOH2E.
lig n e s 6 e t 7, le jambage qui commence les deux lignés est dû à
la copie de M. Lenormant ; au liéil de BAAANDI, M. deGoiirdâÿ
lit BAAANOI.
Cette inscription, trouvée à la porte d’une chapelle de Sinano, et
non pas sur un'pont de l’Alphée, comme l’annonce M. Boeckh d’après
M. Pouqueville, appartient à la classe assez peu nombreuse des inscriptions
bilingues *, et doit être rangée dans la catégorie des opéra
publica. Elle peut être, je crois, restituée de la manière suivante :
[IMPERATORI CAESA] RI -AVG- ET-CI V ITA T I • ITA-[CENSENTE‘SENA]
[T ]V • V T • PROMISER A T • A N N I [V S • ]
[V E R V]S • TAVRlSCVS • PÓNTEM • FÉCIT-
[A Y TO K P ]A TO PI KAI2API K A ITH POAEI-[ANNI]
[0 2 B H P 0 2 TA Y ] P I2K 0 2 - E P 0IH 2E-THN TEOYPAN • K A 0A 2
[Y P E 2 X E T O K ] A T A tÔ A O rM A T ilN 2YNEAPAN EOn[AE]
[AOKTAI EXÊlN]AYTÔN TO EPINOMION KAI BAAAN!0[N]
[YP E P Ì1N ]E X E 1 O P EM M A T f lN A lA B IO Y -
[Imperatori Cæsajri Aug(usto) e t civitati, ita [consente Senatu,]
u t promiserat, Anni[us Verus] Tauriscus pontem fecit.
[AÙTOXp]aTOpi Kaioapi xat tü séXii [Avvioç Büpoç] Taupiraoç feoivicrs
yiçupav xaO&ç [imrésyeTO, xjavà -ré Séyjia tüy cuvtôpuv; èç’ ¿[Siioxtai
î^siv] oùtCv vè farivépiov xat gpâavioy [imèp ûv] t^ei OpqqtâTov Stà (iiou.
A César A uguste e t à la ville. An n iu s Verus Taùriscus a construit
ce p o n t, comme i l l’a vait promis, conformément au décret
d u sénat.
A l ’empereur César e t à la ville. Annius Verus Tauriscus a
construit ce p o n t comme il la v a it promis, conformément a u
décret des sénateurs. E n reconnaissance de ce service, il a été
décidé que p en d a n t toute là durée de sa •Oie il jo u ira d u droit
d e pâturage e t d e glartdage pour les troupeaux qii’il possède.
. La restitution que je propose ici, e t dans laquelle je me suis efforcé
de conserver à l’inscription toute sa symétrie monumentale, peut
donner lieu, je le conçois, à de graves objections. Je crois donc
devoir justifier les conjectures qui offrent quelque chose d’insolite ou
peuvent paraître un peu hardies.
1 Tome IV, p. 276 ; t,V, p. 293 de la deuxième édition.
’ Les inscriptions bilingues, en grec et en latin, sont très-rares dans la
Grèce proprement dite. Les quatre premiers cahiers du recueil de M. Boeckh,
Ligner. IMPERATORI.Je n’ignore pas que ce mot s’écrit presque
toujours en abrégé IMP. Mais ôn le rencontre aussi en toutes lettres 3.
La construction de f e c i t avec le . datif Imp e ra to ri Ccesari Augusto
est justifiée par cette inscription du pont d'A quiflavia, aujourd’hui
Chavès en Portugal :
IMP-CAES-NERVAE
TRIAANO-AVG- GER
D ACICO •PONT• MAX
ÏRIB-POT-<50S • V-P-P
AQVIFLAVIENSES
PONTEM’LAPIDEVM
DE-SVO-F-CLa
formule dont nous venons de parler se retrouve, e t même
beaucoup plus développée,' dans l’inscription d’Ephèse que citent
Muratori, Chandlcr e t Orellié, e t qui, comme la précédente, se
rapporte à la construction d’un pont.- Cette inscription est bilingue
comme la notre, et ne lui est postérieure que de quelques années,
puisqu’elle est de l’époque où Auguste avait associé Tibère à l’empire
( 4 - r 4 après J.-C.). Nous croyons devoir la répéter ici, parce qu’elle
jettera du jour sur quelques-unes des questions dont nous allons
nous occuper.
a copiée sur la route de Nicée à A pâmée (Inscr. Antiq. in Turcico ilinere collecta,
tab.IV), viennent donner quelque importance à cette observation ; car la pre-
DIANAE-EPHESIAE-ET ■ IMPERATORI • CAESARI • AVG- ET • TI ■ CAESARIAVG
F - ET- CIVITATI ■ EPHESINAE • SEXTILIVS -P ■ F ■ VET• POLLIO ■
C VM • OFILLIÀ -A-F-BASSA- VXORE • SVA • ET ■ G ■ OFILLIO • PROCVLO ■
F-SVO-CETERKQyE-LIBEREIS-SVEIS-PONTEM-DE-SVA-
5- PECVNIÀ • FACIUNDVM • GVRAVIT •
APTEMIAIE<I>E2IAKAIATT0KPAT0PIKA12API2EBA2TI1IKAI
TIBEPIÛIKAI2API2EB-riÜIKAITÜIAllMaiE'I«E21QN
rAIOSEEÉTIAJOSnonAIOTÏIÔEOrETOÏPIAnOAAIQNEI-N
0<MAAIAIAYA0Y9YrATPIBA22HITHIEAÏT0ÏTVNAlKIKAI
«*■ r,UÛI0<bEAUÜinP0KAÛlEAÏT0rriÛIKAlT0I2A0ni0I2
TEKNÔIETHNrE<I)YPANEKTÜNIAIÜNANE8HKEN
Lignes 1 e t a. CENSENTE SENATV me paraît être la seule traduction;
possible ici de la formule xavà -rè Soy^a -rüv ouviîpmv qui se
trouve dans la partie grecque, et .qui ne pouvait étré omise.dansla
partie latine, c’est-h-dire dans. la véritable, inscription. officielle. L’V
de SEN ATV est d'ailleurs donné en partie par la copie de M. Lénor-
mant: Je ne saurais citer d’exemple épigrapliique de la phrase absolue
CEN SENTE ’SEN ATV ; mais il mesùfiîtde la trouver employée par
Tacite® pour la croire très-admissible. Senatus censuit, ita Senatus
censuit étaient d’ailleurs des formules’ consacrées, en parlant des
décrets-du sénat’ . Comme, suivant’ toute apparence, il s’agissait
d’une assemblée municipale, il était impossible -de songer à la for-
mille EX. S . C ., qui désigne. particulièrement le sénat romain.
D’ailleurs l’adverbe IT A , qui précédé, ne permettait pas de recourir
à cette restitution, car. ITA , qui-dans notre restitution porte sur
CENSENTE.SENATV, eût alors porté sur VT; or ¡1 me paraît
contraire aux habitudes de la langue’latine que lorsque ita est joint-?
à u t avec le sens dé comme , on puisse insérer une phrase incidente
entre ces deux particules:
Je dois ajouter qué le verbe censere se trouve, avec le sens que je
lui donne ic i, dans deux inscriptions, trouvées à Vérone , que
Fabrctti8 et Lupuli ? ont publiées et qui ont été reproduites depuis
par M. Orelli,0.
Q-RAVELO-
P-COMINIOC-F
'. L-MALIGXC-F
qùaIStores
SENATVD
■’ “COSOLVERE
IEI CENSVERE
AVT SACROM
AVT POVBLICOM
ESELOÇOM
HATVS
COSOLTV FE___
AVT SAGROM
AVT POVBLICOM
LOCOM ESE O . . .
CENSVERE___
Du reste, des ablatifs absolus comme CENSENTE-SENATV
se rencontrent, quoique rarement, il est v rai, dans les inscriptions.
J’en citerai pour exemple cette pierre deVérone publiée par G ru ter",
Muratori” , Maffci'5 et Orelli
LVCIL-IVSTINVS
EQVO PVBUCO
HONORIB- OMNIB -
IN MVNICIP • FVNCTVS
IDEM IN PORTIGV.QVAE
DVGIT AD LVDVM PVBLICVM
COLVMN-ÜTl CVM SVPERFIC
IE STRATVRA PICTVRA
VOLENTE POPVLO DEDIT
Et;çqtle autre de Pæstum.que,rapporte Muratori'5:
DIVI PII-OB PLVRIMA BENEFICIA EIVS
ERGA PATRIAM D‘ D • P • P ■
POPVLO POSTVLANTE.
Muratori, sur ce dernier monument, fait la remarque suivante :
aliquid peregrini ihscnptio ilia proefert. Je me range entièrement
de son avis ; mais si une inscription latine gravée en Lucanie offre
un caractère d’étrangeté, on peut bien admettre qu’un monument
dans la même langue publié à Mégalopolis n’ait pas été à l’abri d’un
semblable reproche.
lig n e a. V T PROMISERAT rappelle cette inscription de
Pouzzole, publiée par Gru ter1’ :
. IMP-CAES-DIVI-HADRIANI-FIL
DIVI-TRAIANI • PARTH1CI-NEP0 S
DIVI-NERVAE-PRONEPOS-T-ÀÉLiyS
HADRIANVS ■ ANTONÎNVS -AVG tlV S
PONT - MAX • TRIB • POT; II ■ COS'Il
DESIG • in • P • P ■ OPVS -PILARVM ■ VI
MARIS- COLAPSVM ■ A -DIVÓ -PATRE
SVO -P- '* PROMISSVM • RESTITVIT •
Lignes a e t 3. ANNI[VS VERVS]. Malgré le point que mes
deux copies donnent n ila fin de la ligne a , j’ai cru devoir compléter
le nom d’Annius, parce que l’usage n’est pas d’abréger ainsi les noms
propres au nominatif. Du reste, je ne donne pas le surnom de Verus
comme le seul qu’on puisse admettre. Si je l’ai préféré, C’est qu’il
remplit-.plus convenablement la lacune, e t qu’il a été porté par un
membre de la famillé A n n ia ,qm fut p ré fe t de la v ille , probablement
sous les Antonins'9.- Je crois seulement devoir faire remarquer que
la copie de M. Lenormant donne l’S qui doit terminer ce nom.
Le nom de Tauriscus est déjà connu par l’histoire des arts. C’est
a un sculpteur, nommé Tauriscus, secondé par Apollonius sonfrère,
qu’est d û , suivant Pline10, le célèbre taureau Farnèse. Pline nous
fait encore connaître un peintre11 et un graveur11 du même nom.
Enfin CiÇéron parle d’un critique ainsi appelé, q u i; au rapport de