Est-cc le même Simulus qui a clevc l'hcrmès d’Argos'; le 2 qui
commence le nom effacé' par le temps permettrait de le croire, si
l'a lacune ne pouvait être remplie par une foule d’autres noms,
tels que Satyiviiç, 2wxVx{, 2uxpâT»ç, 2<éT:oItç , 2w«iaç, 2<éotXo?,
ïtSoipoç, SiéerpaTOî, XoxjûXoç , Xuraonç, 2ofavRç, 2mçiXg; , etc.
Ce qui semble prouver du reste que l’epithète d’i|ztroXaîo; entraînait
l’idée d’un dien veillant au maintien de .l’équité-30,- c’est ce
passage de la scène-du Plutus, oit Mercure, mécontent de la disette
à laquelle il est condamné- depuis que Plutus a recouvré- la vue,
“ « î çuXaeeou pè cçaXiiç' li •¡■Xfiocic -rot.
Aùtü ¡¿iv oiSiv, m Xépj, arovit-
Ôrccv S’ àpap-rri, iroXXà trpoeSdXXei xaxi£
O mon en fa n t, prends garde que ta langue ne s'égare. Quand
elle p a r le , elle ne souffre p a s ; mais si elle se trompe, elle cause
bien des maux.
s’appliquer i
tout dans l’hermès de Bologne peut, sans difficulté,
Mercure ; mais en est-il de même du distique dônt j ’ai
vient offrir ses services à Chrémyle' e t demande à être admis auprès p j ^ j,aut
de lu i, sous les différents titres- que lui donnent les mortels31.
Ka¡>. Tí Süt’ Ôv (Ùiî oçeXoç épïv èvOàô’ cSv;
É p. Ilapà tAv Oupav 2-rpoçatov íípúcaíOí ¡A!.
Kap. 2-rpoçatov; àXX’ oùx ïpyov 1er’ oùosv .G-rpoçêm
Êp. ÀXX’ Ip roX a to v . Kap. ÀXXà irXouroêpuv■ -ri oùv
Êppxv meXi-ptamiXov épâf Sîî -rpiçetv ;
Êp. ÀXXà SoXtov -roivuv. Kap. AéXtov ; íxtcváye'
Où yàp SoXou vfiv epvov, ¿XX* ánXSv -rpo-uv.
Oùx íp iy , yevépuv' ip iv , oùx tijà- -rocaDra.
Et Si -rtî ÖXX’ èpici, ijiíéísTcu3*• oùx écoptai.
Je n ’étais p a s , j e suis n é ; f a i été, j e nt
S i quelqu’u n d it autrement, il se trompe,
is p lu s ; vo ilà tout,
t e s tfin i p o u r moi.
Camón. E t de quelle utilité nous serais-tu donc iài?
Celte proposition matérialiste, si formellement contraire à la
croyance de l’immortalité de l’âme, ne peut être attribuée à Mercure,
non plus qu’à Pythagore, comme l’a fort bien remarqué Scbiassi.
Elle serait beaucoup mieux placée dans là bouche de Démocrite'ou dans
celle d’Ëpicure. On pourrait même, à la rïgueurj(apj)liqiier;à Epicure
Mercuius. Élevez-moi près d e la porte; comme fa is a n t tourner fe, deux autres phrases; mais le type bien connu du buste d’Épicure35
les gonds. ne saurait permettre -de le confondre avec celui de Pythagore, 'qui .
Cabiow. Tourner les gonds? Nous n'avons nullement besoin fm S t am ^ été caractérisé par- Tisconti » . Quant.à Démoprite,
de détours. aucun monument ne nous a , jusqu’ici,,\fait connaîtrelses traits.
Mercure. E h bien, comme présidant a u commerce. Sans d oute ,,détail un usage fréquent, dans,l’antiquité, de décorer'
Carion. Mais nous sommes riches, maintenant; po u rq u o i les portiques d’hermès portant le buste.des plus.céièbrMphilosophes,
nous fa u d ra it-il. nourrir u n Mercure revendeur? dont le nom était gravé sur la gaine avec la formule q,ui résumait
Mercure. E h bien alors, comme inspirant la ruse. tout leur système. Ainsi l’on voit, au musée du Vatican, les hermès
Carion. L a ruse? N o n , très-certainement; nous n ’avons p lu s des sept sages de la Grèce avec les inscriptions suivantes :
besoin de r, s* d e probité.
Mais là ne se bornent pas les preuves qu’on peut invoquer pour
démontrer que l’épithète de Hixawf, bien qu’elle n e nous, soit pas
fournie par les auteurs classiques de la Grèce, convenait parfaite- -
ment à Mercure et a dû lui être donnée plus d’une fois. Sur un
hermès conservé au musée de Bologne 3l, e t dans lequel Andrucci
a voulu, à to rt, voir une tête- de Pythagore, mais qui paraît être
plutôt un Mercure barbu 33, on lit à la suite d’un hexamètre e t d’un
pentamètre assez énigmatiques, sur lesquels nous aurons occasion de
revenir :
XA1PEAIKAI02Î1N
Xaîpe Sixatoç <5v.
Salut h to i, si.tu es juste.
Viennent ensuite trois iambes trimètres contenant une recommandation
morale qui n’a rien que de très-convenable dans la bouche
de Mercure barbu e t surtout dans celle de Mercure itxaioç.
0 AAH2
EEAMÏOT
MIAH2I0 2
20AP.N
EEHKE3TIAOÏ
A0HNAIO2
MH0EN ATAN
HITTAK02
ÏPPA3?
MïTIAffliAIOS38
KAIPON rNÍÍ0I
KAE0B0ÏA02
A1NAI02
METP0NAPI2
TON
' 5.
BIA2
IIPBNEÏ2 (sic)
01IIAEI2T0 T
AN0p n n o i
KAKOI
*>.„ I
ÜEPIANAP0 2
KÏTEAOÏ
KOMN0IO2
MEAETHUAN
Er ist ein Freund der Guten und Redlichen, und ein Feind der Boshaften
und Fernether. K. Geib, Handbuch der gr. und reem. Mythologie. Erlangen,
p. rig.
.. 3\ Aristoph. Elut. z i53-zz5g.
39 Publié pour la première fois par Andrucci-; De incerto quodam simulacro,
et de Melanthi voto, deque Asclepio. Bononiæ, 17.10. Réimprimé dans les
Simbole de Gori, vol. IL Dec. a, p. 5. Muratori a reproduit les inscriptions de
cet hermès dans son Trésor, p. 1776, n» 5. Maffei en a tenté la restitution dans
Son Ars critica lapid., p. 11a. Marini, dans lès lscriz. Alban., p. 147 ; et Schiassi,
dans Guida del forestiere, al musco delle antichità di Bologna, Bologna, 1814,
in-3®, p.117, se sont occupés du sens de ce monument. M. Thiersch (Voyage
en Italie, t . I , p. 367) voit une tète de Bacchus dans l'hcrmès de Bologne, et
enfin M. Welcker, qui a donné place aux trois inscriptions dans sa Sylloge
Epigrammatum (61, 6a), est d’avis que ce buste est celui d’un Épicurien. J'ai
cru d’ailleurs devoir adopter la leçon suivie par ce savant ; pour le premier vers,
attendu qu’elle est beaucoup plus conforme au génie de la langue grecque que
la leçon suivie par ses devanciers, et qui était ainsi conçue :
’Kl r.di çuXéceou fx-J) coaXvj cÿ yX5oaé vol
Aùri) ub, etc.
33 Voyez des exemples de Mercure barbu dans Millin, Galerie mythol. VIII,
3o.; L, ao4, ao5; CXXV, 466.; ct't.T, p. 164.
34 M. Welcker lit ijaéorraLlI rapproche avec raison de ces deox vers publiés
par M. Jacobs (Appcnd. a8o) l’épitaphe d’un médecin nommé Nicomède, qui,
après quatre vers ïambiques que M. Jacobs légalement insérés dans l’Appendix
de son Anthologie (n° 57), s’adresse en ces termes an lecteur :
EÏTOCQ NIK0M1IAH2
OCTIC OTK HMHN KAI ErÊNO
MHN OTK EIMI KAI OTAT
110VMAI ZIICAC ET» MA
KAI HMEPACKT
Spon est le premier qui ait fait connaître [Mise. Erud. Antiq., p. i3x) ce
monument qui a été reçu plus tard dans les collections de Gori (t. n i , p. zaç)
et de Muratori (p. cklxvii); Chardon de la Rochettc l’a expliqué dans le Magasin
Encycl. An IV, z, p. a3g.
“ Visconti, Icon. gr„ t. II, pl. a5 et a5*.
36 Mus. Pio Clem., t. VI, pl. a6.
31 Ibid. tVIj pl. XXII et XXII*. Voyez M. Boissonatlc sur Callimaque, p. z8 j .
* C’est la véritable orthographe de ce mot, et non pas MtroXavaloc. Voyez
M. Boissonade, loc. cit.
Mais l’hermès de Bologne ne peut êlre rangé dans cette catégorie,
car il ne porte aucun, nom propre, e t aucune de ses trois inscriptions
ne résume aussi formellement un système philosophique. Je crois donc,
en attendant des renseignements plus' positifs, pouvoir l’appliquer
à Mercure, tout en convenant que.la. dernière inscription, le distique,
jetterait beaucoup de doute sur cette conjecture,- si.la place;que
ces inscriptions occupent sur la gaine, et les différences notables
qu offrent les caractères de'chacune d’elles, ne prouvaient pas jusqu’à
l’évidânce qu’elles sont toutes trois d’une époque différente, et que
la plus ancienne, la seule qui-s'applique au monument, -c’est la
• première dont j’ai parlé..
Je ne dois point passer sous silence un monument qu’Oltavi Rossi a
publié dans ses Memorie Bresciane 39 sous le nom de Tavola d i
Moderno. C’est un bas-relief représentant Minerve la lance dans la
main droite et s’appuyant de la gauche sur son bouclier, au centre
duquel On lit’ la lettre T. A sa droite, soùs la figure d’un, vieillard
couronné\de feuillage e t portant des fruits dans les plis de sa róbe ,
est, suivant Rossi, le Jubilum (mieux valait dire le Bonus Event us è°~),
et à sa gauche Mercure avec ses attributs ordinaires, le casque ailé,
les talonnièrès, le caducée et la bourse, et de plus un manteau royal
qui semble lui avoir été donné par l’artiste pour relever sa dignité.
S’il-était permis d’ajouter plus de confiance à l’authenticité de ce
monument qu’à celle des inscriptions que contient l'ouvràge de
Rossi -S',, on pourrait voir ici une allégorie ayant pour but de pro- -
mettre un résultat heureux et stable à quiconque, dans ses transactions
commerciales prend conseil de la sagesse et de. la justice*1.
Cette leçon se trouve résumée dans une-inscription , également fort
suspecte, gravée sur une.lame de bronze, et q u i, s’il faut en croire
Rossi, trouvée dans les fouilles faites pour, la fondation de l’église des
Miracles, a été longtemps conservée d a lS ig n o r Malatesta Gaetano.
CIVES OPTVMI STJNTO LUCRUM NON SINE STATERA
HONOREM NON ÀBSQUE MERITO HABENTO.
Mais un témoiguage beaucoup plus certain, c’est celui de Plaute.
Dans le prologue de l’Amphitryon, Mercure, venant faire l’exposition
de la pièce et réclamer l’attention des spectateurs, leur adresse ces
Justam rem et faeilem esse orattun a vobis voló :
Nam juste ab jusiisyVfziü; sum orulor liatus.
Ce qui ne permet pas de douter que Mercure, dans.ee passage, se
fait un mérite de .sa justice, bien que son rôle, dans l’Amphitryon,
ne soit ni jpate ni honnête,,c’est le débul'de ce même prologue;
;Ut vos m vestris vol.tis mcrciraouiis
Ennmdis vendumlisque me loetuiu lucris
Adficei-e, nique adjuvarc in rebus omnibus,
Et ut res rationesque vestroriun omnium •
Bene expediré, vol.tis peregreque et'domî,
Bonoqne atquc ampio auctare perpetuo lucro4’,
Quasque incepistis res, quasque inccptabitis, etc.
39 Le Memorie Bresciane, apera histórica c simbólica di Ottavio Rossi, riceduta
da Fortunato Finaccesi, I11 Brescia, i6g3, 4", p. ç3 et suiv.
40 Je snis;t|uc le Bonus Evcntus est ordinairement représenté sous la figure
d’un jeune homme nu portant d’une main des épis et des pavots, et de l'autre
Min. H. N. XXXIV, zg, 16); et c’est sans doute celte statue qu’on a copiée sur
les monnaies romaines. (Voyez Millin, Gai. mylli., Pl. XLIX, fig. 36i.) Mais
pour les divinités d'un sens aussi étendu que le Bonus Eventos, je doute qu’on
puisse admettre qu'il n’ait existé dans toute l’Italie qu’un type unique, surtout
A l’époque de la décadence, la seule A laquelle on pourrait rattacher le bas-relief
en question, si l’on acquérait la preuve de son authenticité'.-Du reste jo dois
ajouter que dans la tavola di Moderno, le vieillard couronné de feuillage et
portant des fruits dans un pan de sa rôbé; offre lu plus grande ressemblance
avcciuiio-stntiic du Vatican dans laquelle Visconti (Mus. Pio Clem., 1.1, pl. 5o)
voit Peiapc avec la OTYxxpaia, c’est-A-dire, symbole de la nature et de sa
fécondité. Et pourtant ce dieu est plus ordinairement représenté imberbe et nu,
ayant le pedum dans in main droite et une syrinx A scs pieds. Quant au prétendu
Jubilum, il m’est plus que suspect ; l'inscription que Rossi ajoute pour-prouver
que Iç diÈtt^oj l’allégresse portait co nom, IVBILO SACRVM V. S. L. M., suffirait
seule pour prouver que cet antiquaire était un mystificateur maladroit.
Il résulte,de tout ce.qui précède, que l’inscription d’Argos peut
servir à préciser davantage le sens d’un passage de Plaute, et conduire
à l’explication d’un monument resté obscur; qu’en outre, elle
enrichit d’une donnée curieuse la science mythologique, e t réhabilite
un peu dans l’opinion. un. dieu d’une réputation jusqu’ici fort
équivoque.
Inscription copiée à Argos p a r MM. Trézel et Edgard Quinet (*).
Q • C AECI LIO ’ C • F • MEHELo
IMPERATORI ITALICI '
QVE1 • ARGEIS- NEG0T 1A
Quinto Cæcilio Caii filio Metello imperatori,
■ Itàlici quei Argeis negotia[ntur.],
. A Tlmperator Quintus Ceecilius Metellus, fils. de,. Gains,
les Italiens q u i fo n t le commerce à Argos.
Ce monument est connu depuis longtemps. Il a paru pour la
première fois dans le recueil d’Apianus, d’après lequel Gruter l’a
publié, page ccclxxvii, 5 , avec le renseignement suivant : A p u d
Argos in çàmpis Macedonicis; e x Apiano. Au retour de l’expédition
de Morée, M. Quinet a communiqué sa copie à M. Crettzer, qui
l’a reproduite à la fin de la préface dont il .a.enrichi les Quoestiones
genealogicoe historicoe in antiquitatem groecam« de M. Jean-Henri-
Christian Schubart, sou élève. Enfin M. Ross l’a donnée récemment
dans son recueil, sous 'le n° Sft; sans indiquer à scs lecteurs les ouvrages
où elle avait déjà paru. Cette omission tient, peut-être à ce
que la bibliothèque publique d'Athènes manque encore des livres
nécessaires pour de pareilles recherches. Du reste, M. Ross pense
que cette inscription se retrouve,-, fort altérée à la vérité, dans les
deux premières ligues de celle que M. Boeckh a , d’après le manus-
crit dé Fourmont, insérée dans le Corpus sous le n° 1107, e t que
nous transcrivons ici pour qu’on puisse en juger.
DMA ACIVMO • •
ITAFCEI2 ONÉINEG0TIAI
KOINTON MAAPKÎÔ. ‘. .
TOT ÏION PHrAlTAA
Suivant l’opinion de M. Ross, le voyageur français aurait reçu ce
monument, comme tant d’autres, de quelque Grec peu instruit, qui.,,
transcrivant les lettres latines comme si c’étaient des lettres grecques,
aurait, entre autres bévues, lu NEC0TIA pour NEGOIXA.
Le singulier Jubilum. 11’existc pas dans ln bonne latinité, et le pluriel Jubito
signifie des cris de joie. ,11 a supposé le latin jubilum d’après l’italien giubilo.
41 Voyez Orelli, laser, lat. select, ampi, coll.,1.1, p. 63.
11 Montfaucon, qui a publié ce bas-relief, Supplément de tAnt. Expi., 1.1,
p. Z71, voit dans cette figure un Vcrtumnc, et dans la figure du milieu une
Minerve, Sytis. Il fonde cette dernière explication sur le T que porte le bouclier
de la déesse. Suivant le docte bénédictin, Minerve est placée entre Vcrtumnc
et Mercure, pour faire voir combien la prudence est nécessaire tant
pour le négoce que pour les travaux de la campagne. Explication un peu froide
sans doute; mais qui diffère peu de celle que j ’ai donnée plus haut.
** Dans une inscription publiée par Fobrctti, IX, »10, p. 6a4, LVCRORVM
POTENS ET CONSERVATOR.
(*) Le lieu où celte inscription se trouve, est indiqué différemment par l’un et
l’autre copiste. M. Trézel l’a vue sur le mur defaee de l’église de Merbaceapris
d‘Argos; M. Quinci,, de son cète, dit l’avoir trouvée au-dessus de Porsakida
près d'Argos. Il est probable que ces deux indications sc rapportent A an seul
et même endroit.
*' Alarburci, i83a , in-8°. — La seule variante qu’offre la copie de M. Quinet
c’est, ligne 1, MEFIO au lieu de METELLO. L’erreur vient dccc qn’il a con.
fondu avec un F la sigle qui forme le troisième élément du mot.