Théophrastc, reprochait comme un défaut grave à un acteur de tenir
les yeux fixés sur le môme objet pendant tout son rô le , ajoutant
avec esprit que c’était tourner le dos au public33. Quoi qu’il en soit,
ce nom est assez rare dans les inscriptions. On trouve dans celles
d’Athènes14 la mention d’un Tàuriscus, archonte éponyme, probablement
du temps des Àntonins ou un peu après35. Quant aux
inscriptions latines, je crois qu’il n’en existe que quatre oh ce nom
figure. La première, provenant des Scheda Barberina, a été publiée
par Fabretti36; elle est conçue eu ces termes:
P • M VMIO • P ■ t • PiHLEROTI
EX-TESTAMENTO HS GCDD-
P • MVMIVS - P ' L - P-IILAKGVRVS
P • MVMIVS • P ■ L-DEMETRIVS
P • MVM1VS ■ P • t • TATOISCVS
La seconde est également duc a Fabretti37 ; elle a été trouvée
è Pésaro et figure par conséquent dans les Mormora Pisaurensiaa8.
D • M
D E C I M t A
M A R C E L L A
T A V H I S fc O
v i t -a L i ;- c o
• . •I !V'G I • D V'L.C-
I S S I M O • Q
ÿ i • M«E%V M
C O N V IX IT A i*
N l S • V ÍG ÍK T I
SEPTE.MENSES
T R E S -PER -C TI
yS . BENEFICIO . E
T • BENIGNITATE-1
NPAR-FYI-B-M-PLa
troisième a été publiée successivement par G o ri3° et par
Muratori3*.- -
TAVRISCVS SOSTENIS GERMANIO
CAESARIS • L • SERTOS TIX AN • XII
Enfin la quatrième est également due à Gori33 ; elle a été trouvée
en i685 au cap Misène, e t ne.contient que le. seul mot
TAVRISCO.
.Du reste, Tàuriscus, en écrivant son nom. sur. le pont de Mégalopolis,
usait d’un droit que la loi33 lui reconnaissait. Inscribí nomea
operipublico alterius quani Principie, a u t ejus cu/us pecunia
id opus fa c tum est, non, licei.
Ligne 5. YPE2XETO est indiqué par le latin promiserat.
Ligne 6. J’ai donné à la locution E 0 A [ l ] , èjp’ <o, un sens qu’elle
a quelquefois , o b q u o d , quamobrem3* ; dans ce cas elle se construit
avec l’indicatif; mais quand elle signifie à la condition de, elle
est suivie ordinairement de l’infinitif, comme tenant la place de <5ots 35,
et sa forme la plus ordinaire est iç’ÿ r f 8.
Ligne y. AEAOKTA1 EXEIN semble appelé par l’accusatif
AYTON et par tout ce qui s u it Une partie du N est donnée par la
copie dè M. Lenormant.
Le mot Imvéfuov manque dans lés dictionnaires, mais M. Boeckh
cite pour le justifier l’expression équivalente Jwépov qui se rencontre
au n° i 56q a p i de son recueil, e t .qui", comme imvéjMov, doit
s’entendre du droit à payer pour faire paître les troupeaux dans les
pâturages publics, vectigalpecuarium. M. Boeckh rapproche encore
les expressions ÛEipiviov,, ivoixiov, dont >la formation, a beaucoup
d’analogie avec celle d'iwyé(«ov et iwépiov ; et dont il est souvent
question dans les auteurs , lorsqu’il s’agit des finances d’Àthènes.
■ ¡Ce sens une fois reconnu, Siiox-rai èysiv-aù-ràv rh ¿mvopiov signifiera
il a été décidé q u ’il a urait le droit d e pâ tu ra g e , c’est-à-dire
qu’il lu i en serait fa i t remise.
Peut-être aussi fotvéjuov a-t-il ici le même sens que -rilv im-
vopisv dans l’inscription 156g citée ci-dessus, le d ro it d é fa ire paître ses
troupeaux su r u n terrain public 37. Geux qui jouissaient de ce droit
s’appelaient chez les Romains p e cuarii, ainsi que le prouvent plusieurs
passages des discours de Cieéron33'. User de ce droit se disait
imvéjuiv, e t c’est le sens qu’il faut donner: à ce mot dans le passage
oh Pollux 3s indique toutes les expressions qui se rapportent à là
profession du berger. Du reste ëmvipeiv signifiait aussi fa ir e pa îtr e
ses troupeaux su r le terrain d ’a utrui sans en a v o ir le droit; c’est
ce que prouve ce passage de Platon *°, ton tiç (JocxiffMtTa , tô<
Le mot BAAANION me paraît indiqué par la leçon que foumit
la copie de M. Lenormant. Ce savant aura pris pour itn i l un I
effacé dans sa partie supérieure, l’O qui le suit et la partie inférieure
du premier jambage du N qui suit l’O. L’1 qui’ vient ensuite serait le
second jambage'du N dont la diagonale seule aurait entièrement
disparu. Ce q u i, indépendamment de ces arguments paléogràphiques,
me porte à recevoir lè mot |3aXaviov, c’est que grammaticalement le
mot (JôXavov, auquel j ’avais pensé d’abord, offrirait sans article quelque
chose de trop irréguliér. Les exigences de:la langue demandecomme
sur aucune de nos copies, il n’existe d’article après xai, il me
paraît impossible d’admettre ce.mot. Avec pcAecviov, au contraire,
les lois de la langue sont observées, car l’articje -ri qui précède
¿xivépuov portera aussi sur ¡3æXecvtov. Ce mot, je le sais, ne figure dans
les lexiques-qu’avec le sens.de breuvage préparé avec du gland
contre certaines maladies, e t ■notamment contre l'ivresse*1 ; mais
rapproché de ¿mvip-iov on conçoit qu’il ait celui de glandage, puisqu’il
offre dans sa formation une analogie complète avec ce mot et.
tous ceux qui offrent le même suffixe, tels que ëwéptov, ëî&ip.éviov
e t tvoixiov. Ce sens est d’autant plus admissible que les auteurs grecs
nous fournissent déjà plusieurs expressions, telles que (3aXàvi£<i>,
PaXôviciç, paXavicT^ç, qui toutes'se rapportent à l’acte auquel le mot
peAcfviov rattache l’idée d’impôt.
Il résulte de cette observation que la lexicographie s’enrichit d’un
nouveau sens pour le mot jîaAaviov, et que la grammaire' peut admettre
désormais cette règle : le suffixe iov donne souvent a u radical
auquel il e st jo in t le sens d ’impôt mis sur Fobjet désigné p a r le
nom fo rm é d e ce radical*3. -
Ligne 8. Y PE P flN est attiré par êpeppa-rav. Un des éléments
du N subsiste encore surlemonument.
Maintenant que je crois avoir suffisamment justifié mes restitutions,
e t le sens donné à quelques locutions peu' communes, je
m occuperai du sens général de l’inscription.
"■ Il résulte des' explications, qui' précèdent que, sous , le règne
d’Auguste, un publicàin g rec , nommé Tàuriscus, et appartenant à
la gens A n n ia *?, avait de -ses deniers fait' construire '.uni pont sur
l’Hélisson, qui. traversait Mégalopolis avant de se jeter dans l’Alphéc;
qu’un sénat, quel qu’il fû t; avait donné son approbation'à la mesure,
e t que pour récompenser Tàuriscus de sa munificence, on lui
avait accordé pôiir toute la: durée-dé son existence le droit'de-pâturage
.èt de glandage pour ses nombreux troupeaux. Dans uii pays tel
que I’Arcàdie, la récompense devait bien valoir, le service'.'
Reste une question grave à examiner. Que faut-il entendre par
ces mots xa-rà -ro Soypa v5v auvtôpuv, suivant l e décret des sénateurs?.
S’agit-il du. sénat de ln ^ le n q u i du sénat romain, auquel
même, sous les empereurs, étaient soumises des questions relatives ■
à l’administration des provinces** ?
U. est évident qu’il ne peut être question ici du .sénat romain;
Les expressions reçues par les auteurs grecs pour désigner ce corps
politique sont : M yspouffia, é ciSyAïiToç pouAii, ou simplement é oéyxXri-roç,
ce qui est la désignation là .plus commune. On rencontre bien aussi
tô filya suyiîpiov *5, mais seulement chez les écrivains des temps
postérieurs e t par opposition à éuvtôptov, qui désignait le sénat
local, or do decurionum, ce. que nous appellerions le conseil municipal*
6.- Jamais oi cuveâpoi n’a signifié, je crois, le sénat romain.
II est bien vrai que M. Ch. Dczobry, dans son estimable
ouvrage intitulé Rome a u siècle d Au g u ste1^ , affirme, d’après des
autorités. classiques, qu’aucun citoyen n e pou va it toucher a u x
édificespublics, même p o u r les réparer a ses fr a i s , saris y avoir
été préalablement autorisé p a r u n sénatusrconsulie,- mais toutes
ses assertions se rapportent uniquement aux édifices de Rome, et ne
peuvent par conséquent, jeter aucuu .jour sur la question qui nous
occupe. Le seul moyen de la résoudre, c’est d’examiner quelle était
la jurisprudence relativement à la construction des édifices publics,
tant à Rome que dans le reste de l’empire. O r, lé digeste nous la
fait connaître de la manière la plus pqsitive *”.
Opus novum privato etiam sine principis auctoritate facere licet,
proeterquam s i a d eemulationem alterius civitatis pertineat, v e l
materiam sedilionis preebeat, v e l circiim theatrurn, v e l amphi-
theatrum sil.— Publico v ero sumptu opus novum sine principis
auctoritate fie r i non licere coristitutiohibus declaratur.
Ainsi un monument public pouvait être construit par un particulier
sans l'autorisation du prince, à moins que cela ne donnât lieu
à quelque rivalité de ville à ville ou à quelque sédition. Cette dernière
disposition nous est parfaitement expliquée par plusieurs passages
des lettres de Pline le jeune à Trajan e t de Trajan à Pline *».
C est que les empereurs évitaient de rassembler des corporations trop
d’étrangers, sur un même point,
et cela dans la crainte des émeutes.
Mais pourquoi les édifices voisins des théâtres et des amphithéâtres
sont-ils exceptés? On n’en voit guère le motif. Ne conviendrait-il
pas de lire v e l circusSo, v e l theatrurn, v e l amphitheatrum s il ?
Car ia'lbrsiâà question serait modifiée en ces termes : pourquoi les
cirques, les théâtres e t les amphithéâtres sont-ils exceptés ? l’ont-ils
toujours é té , ou l’exception a-t-elle eu !uU' motif connu, e t qui
permette d’en déterminer l’époque? O r il est facile de répondre à cette
question. Jusqu’aii -règne de Tibère ce genre • d’édifices fut probablement
compris dans. là loi commune; mais depuis la chute de
l’amphithéâtre de Fidènes, qui écrasa sous ses ruines près de cinquante
mille personnes, pour prévenir' le retour d’un pareil mal-
fieu r6', dit Tacite, « « sénatus-consulte défendit d e donner des
spectacles de gladiateurs à moins Æavoir /joo,ooo sesterces de
revenu, e t A élever aucun amphithéâtre que la solidité d u terrain
n eut été constatée. Et ce qui semblerait prouver que l’interdiction
date de l’époque que: je lui assigne, c’est que des deux théâtres de
' 'Pro!»W«m«rt fort antérieurs à l’événement de Fidènes,
l’un a été construit aux frais des particuliers, l’autre e x décréta
decurionum.
MM HOLCONl’RVEVS ET CKT.vn
CRÏPTAM TRIBVNAL THEATRUM S-P
AD DECVS COLONIAE
C. QVÏNTÎVS C-F-VAEG.
M PORCIVS M-F
DVOVIR • DEC • DECR
THEATRVM TECTVM.
FAC-LOQAR-EIDEMQVE PROBAR1'.
Le cas prévu par la loi excepté, l’autorisation n’était nécessaire que
lorsque l’édificé devait être construit avec les deniers publics, e t l’on-
conçoit que les empereurs se soient réservé ce genre de décisions,
pûisqu’en laissant- trop de latitude à cet égard aux municipes, on
s’exposait à compromettre les revenus du fisc. Les lettres de Pline à
Trajan ne peuvent laisser aucun doute à cet égard ®3.
En résumé, xarà vè ÿéypa tSv auviSpuv ne peut désigner que le
sénat local, l'ordo decurionum de Mégalopolis, e t s i, à Rome, des
monuments publics ont été construits e x senalus consulta, c’est
que dans cette-circonstance le sénat romàin agissait comme conseil
municipal. Du reste, notre monument n’est pas le seul qui prouve ce
que j’avance ici : je terminerai en rapportant, d’après Gori5*, une
inscription qui complète parfaitement la démonstration :
A-PACCiys-A-F
Q-CAVIVS-L-F .
DVOYIR
EX.D.D.PONTEM
(FACIEND]VM-D-COE[RAV-]!1