avec sa statue dorée. Dans le peu d’heures que nous passâmes à Piali, nous ne vîmes de l’antique Tégée
que ce que,nous avons indiqué plus haut, et par conséquent rien qui pût nous arrêter plus longtemps
en ce lieu.
Palæo-Episkopi, qui occupe probablement l’emplacement d’un des principaux monuments de Tégée,
estime ruine du moyen âge, qui' se compose d’une vaste enceinte près de laquelle est une fontaine.
Une grande églisé en rùine, du même temps, èt dont les restes sont très-pittoresques, est au milieu
de cette enceinte : sur un marbre scellé dans un mur, on déchiffre quelques noms grecs qu’on présüme
être ceux des guerriers morts à Platée. A la vue de ce monument, on éprouve l'émotion que produit
sur tous les coeurs le souvenir dés belles actions. Cette église'âiété constifuite sur lé soûbâssêmenyd’un
édifice antique : nous y trouvâmes beaucoup de fragments de marbre, mais rien qui pût nous intéresser
sous le rapport de l’art. Notre guide, qui était du pays, nous dit qu’il y avait autrefois Beaucoup
de marbres, mais qu’ils avàient été tous employés par les Turcs à la contraction des mosquées," des
fontaines ét de quelques maisons de Tripohtza.
RO U T E DE T E G É E A M AN T IN É E , PAR T R IP O L IT Z A .
La route de Palæo Episkopi à Tripolitza est dans la direction du nord-quest. En entrant dans la
grande plaine , qui Seule sépare ces deux villes j on rencontre d’abord quelques pierres éparses , restes
de l’ancienne Tégée; puis des parties de roüté pavée,,- et;à gauche et à droite les villages de Tziya et
Aiososti; plus loin, quelques petites collines, sur l’une desquelles est bâtie une église': et l’on arrive à
Tripolitza en une heure 29 minutes.
Tripolitza, maintenant capitale de la Morée, est située dans une plaine. Quoique moderne, l’origine
de cette ville est assez obscure. Elle est située entre Tégée et Mantinée,'ef elle remplace aujourd’hui ces
anciennes cités, ainsi que Pallantium; qui était à l’extrémité-Sud de- la plaine. A l’ô^est;w.es.t.une'citadelle
construite sur une petite colline,.qui domine la ville de ce.côté, et là sépare du mont Ménalé. La
plaine est cultivée; mais, ainsi que les montagnes qui l’environnent, elle est entièrè'mient dépourvue
d’arbres. Nous me vîmes aucun monument antique à Tripolitza : elle avait été presque entièrement
détruite par la révolution grecque; seulement nous y trouvâmes dés fragments de marbre employés dans
les constructions modernes de quelque importance, .et provenant sans doute d’anciens édifices.. Dans
une vieille mosquée, entre autres, nous vîmes de nombreux débris de fûts de colonne, dont un en
marbre de 1 mètre 43 cent, de diamètre, qu’on a creusé pour en faire une vasque'. Le' bazar était déjà
rétabli, et même les ouvriers, profitant de la paix, étaient occupés à réparer les habitations qui
avaient le plus souffert de la guerre.
Mantinée est àpeu près au nord de Tripolitza : cependant, pour y aller, il faut se diriger un peu vers
l’est, pour tourner autour d’une colline qui forme un dernier échelon du mont Ménale, et qui s’avance
dans la plaine. En cet endroit resserré, oh passe sur une fondation de murailles, qui marquait peut-
être la limite du pays des Tégéates. Cette partie de la plaine de Mantinée est plantée de vignes, séparées
par des haies de buissons : plus loin, coule l’Ophis, dont les eaux, en se divisant dans la plaine, forment
plusieurs marais. Après avoir ensuite traversé un ruisseau sur un petit pont, on arrive au lit desséché
du fossé qui entoure les murs de Mantinée *.
* DISTANCE DB TÉGÉE A MANTINÉE. '
A 10 minutes, route pavée, un petit pont sur un ruisseau. A 79 m., Tripolitza. A l\& m ., un petit pont sur un ruisseau, route pavée.
A a5 m ., fondations de mur au pied d’une colline. A aa m., ruisseau marécageux ( l’Ophis). A 45 m. j .un pont sur un fossé. A 5 m .,
fossé et murailles de Mantinée: '
Distance totale : 3 heüres'49 minutes.
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m a n t in é e :§P$
Mantinée, située aufnjîrd de,la plaine à laquelle elle donne son nom, est environnée, comme Tégée,
de montagnes entièrement dépourvues d’arbres.
Antinoé, fille de Céphée, fils d’Aléus, ayant suivi pour guide un serpent, bâtit une ville dans l’endroit
où il s’arrêta, et c est.eh'mémoire de ce serpent qu’on a donné le nom d’Ophis au fleuve qui passe
par la ville. Il parait que Mantinéus, fils de Lycapn, dont elle a conservé le nom, l’avait fondée dans
un autre lieu, dansiULplaioe Argos, que les Arcadiens appellent encore la v ille '.
Pausanias rapporte qu’on voyait à Mantinée un temple double, divisé par un mur, à peu près vers la
moitié : d’un côté était une statue d’Esculape, de l’autre un temple de Latone et de ses enfants.
Il y avait aussi un temple de Jupiter Soter, de Jupiter Ëpidotès, ainsi surnommé parce que c’est lui
qui distribue les biens aux mortels; dans un autre endroit celui de Cérès et de sa fille; vers le théâtre
celui de Junon, et derrière le théâtre les ruines d’un temple de Vénus Symmachia, et de Minerve Aléa.-
Il y avait encore un temple d’Antinoüs, le plus moderne de ceux qu’on voyait à Mantinée’.
Qn. retroii^ejde la ville qui est dans la partie basse de la plaine, toute l’enceinte, dont la circonférence
est d’environ trois milles, puisqu’il faut une heure pour en faire le tour. Les murs sont flanqués
de 116 tours, tant rondes que carrées, et l’on reconnaît encore sept portes : devant chacune d’elles
était un petit pont sur lequel oh-traversait le fossé, et de chaque côté était une tour ronde, et à l’intérieur,
le.chemin construit, par lequel on entrait dans la ville.
• -Dans l’enceinte de cette cité, dont les murailles s’élèvent à peine aujourd’hui à quelques pieds de
terre, on retrouve les restes d’un petit théâtre et de plusieurs autres édifices, mais trop incomplets pour
qu’on puisse en reconnaître la forme.
Au nord de la ville est une montagne conique , sur laquelle on voit une ruine de chapelle ombragée
d!afbres:-
1 Pausanias. ; ■ . . . 1 9 Idem.
E X P L IC A T IO N D E S PLANCHES.
P la n c h e 5 3 . .
Fig. I. —Plan d’une des portes de la ville avec ses tours; attenant à cette porte, qui diffère peu des autres, sont
des arrachements de_ fa muraille d’enceinte flanquée de tours carrées.
Fig. IL —r Construction dèjla base d’une tour carrée.
Fig. E l. —- Construction dé jà base d’une tour ronde.
Fig. IV et V. — P la n e t, coupe des restes du théâtre.
Fig. VI.' — Fragment d’un gradin en pierre du théâtre.
P la n c h e 54*
Fig. I. — V ue, prise dû sud, de l’emplacement de Mantinée : l’enceinte de la ville est au bas de la montagne, qui
occupe le centre de la vue.
Fig. I I et III. — Plan et détail de construction d’un monument antique déformé polygonale, qui se trouve au sud-
est, e t à une heure de route, environ, de Mantinée,. sur le sommet, de la colline Saint-George, dans .la
vallée de Louka.
M. Virlet, membre de l’expédition,, de la section des sciences physiques, auquel nous devons le dessin de ce,
monument, pense que c’était une forteresse qui servait à la défense. de la vallée. -Les murs qui sont .encore
debout, ne s’élèvent pas à plus de trois mètres dans la partie la mieux.conservée. Les constructions sont paremen-
tées à l’intérieur comme.à l’extérieur. A l’un des angles, est une tour moderne construite avec les pierres de la tour
antique :;M. V irlet Ja croit du temps des Vénitiens.
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