m a i
-rapporter cet iftaQyijia; et, solpn moi, c’est dans les temples du' voisinage
qu’il faut chercher le lieu de sa consécration. O r, de tous les
édifices sacrés qui s’élevaient aux environs du stade, l’Eleusinium est
le seul auquel on doive s’arrêter, l’Élcusinium consacré aux deux
déesse?, l’ËkusiniunijCC sanctuaire sacré’et redoutable, où se célébraient
probablement les petits mystères 44‘, et su r lequel Pausanias
dans une, praiqte religieuse, ne nous apprend que ce qu’il était
permis M e u t le monde de savoir44’. .
Le jugement par Proserpine, d’un mort ayant près de liii le cheval
funèbre, est un sujet représenté s.Ur un assez grand nombre de vases.
Je me bornerai a dgux, l’u n , -publié- par Passeri dans ses Picturce
elrusceeM3, et l’autre par Winqkelmann dans ses Monuments inédits
VW, parce qu’à de légères variantes près, tous les autres reproduisent
le même type. Ce vase est peint su r les deux faces. La face
antérieure, à quelques variantes près, offre le mêmc.sujetqu’un vase
publié,-at fort bien expliquépar Millin 44S. Cette'face sëcômpôse
de deux rangs dé'peintures.' Aucentre du-premier, on voit Achille
dans l'attitude de la,douleur, et au moment où il vient d’apprendre
la mort dé Palrocle, Assis sur-un siège sans dossier ; il est vêtu d’une
simple chlamyde ; déjà son parazonium est suspendu à son côté, et de la
main .droite, il,s'appuie sur la poignée.de cette arme.', tandis que de
l’autre il tient les cnémides forgées par Vulcain. 11 est entouré de
plusieurs héros , grecs. Devant lui est Ulysse, caractérisé par sou'
pïléus et la branche d’olivier dont ce bonnet est couronné; unecbla-
myde attachée par une agrafe sur l’épaule droite est jetée par-dessus,
sa tunique, succincte.:il s’appuie su ru n bâton, à cause de la blessure
qu’il a reçue, et adresse la parole à- Achille; mais Celui-ci ne semble
pas l’écoutèr-et-se retourne vers Automédon qui tient un bouclier qu’il
lui moptre. DerrièreUlysse, Agamcmaon44® ¿lève la main droite comme
eu témoignage de sa,réconciliation ay.ee Achille. Au-dessous d’Auto-
médon est un«guerrier assis et le casque en tête, qui s’appuie- d’une
main Sur, son hauçlier et. dé l’autre sur sa lancé. Milita- y¿ reconnaît
avec assez de vraisemblailcé'Diomède qui avait aussi été blessé. Dans
le plan, inférieyr, Thétis, assise sur un hippocampe, apporté à son fils
la dei!nière..pièce.de son armure, la cuirasse forgée.par Vùlcàta44?.
Une Néréide placée derrière Thétis suit des-yeux, non pas' Thétis,
comme |e pense Millin, mais Achille'qu’elle semble aussi encourager
à venger son ami. -
Passqri s!est singulièrement mépris sur le sens de ce monument;
suivant lu i, Thetis porte le tronc mutilé de son fils-dans les îles
Fortunées; la-Néréide est Tellus qui contemple l’âme du hérosquittàn l
sonegipire pour le ciel; Diomède est le dieu Mars fixant ses regards
snr l ’âme d’Achille qui même dans le séjour des bienheureux sé livre
encore aux .emeupaiions guerrières448; Ulysse est Éaque, ou le Lare
familier; Agamemnon, Jupiter- qui ordonne au dieu Coelus ( Au tomé-
don) de donner une place à Achille parmi jés dieux, 'e£8$ '. -J
: Mais sâjPasseri a été malheureux dans l’explication de cette scène,
il a parfaitement saisi le sens du revers qni représente sous un édicule
funèbre une femme assise la- lance en m a in , et devant elle un
guerrier -debout tenant rie la main gauche la bride de son coursier,
et-de l’atitre s’appuyant .sur sa lance.; On ne peut se défendre de reconnaître
ici avec lui l’ombre d’Achille subissant le jugement de.
Proserpine 4*9. Proserpine ju g e an tu n guerrier est ici .sous la forine
d’Aphrodite îvoiAo;. 'C’est encore sous cette forme qu’elle se.présente
’ sur le vase de Winckelmann ,'o ù ' de plus elle a le bouclier au bras
gauche44®. On le-voit, les deux .faces du-vase de Passeri, comme
. les deux scènes du bas-relief d’Athènes, forment un drame complet
D’une p a rt, la .mort menaçante, de l’autre le terme du dernier
voyage.
■.-vie rattacherai encore à.cette classe de monuments un yase d Aeree
,publié par le baron Judica45‘ , et qui représente -pn guerrier, le
. casque en tête et enveloppé d’une chlamyde d’une forme singulière,
s’avançant, là lance sur l’épaule et-tenant un cheval par la bride,- '
-devant- un homme . trois fois; environné de son tçibonium, e t assis
sur une pierre quadrangUlaire. Dans la main de cet homme est
une lance ou-un long sceptre. JJerrière le cavalier on voitun.autrè
personnage dont le costume et l’attitude diffèrent peu de ceux du
M. Judica,4®? pense que ce monument fait allusion aux courses
équestres des Panathénées; et,.-suivant-liii,; les deux personnages assis
. sont deux agonothèles. Ne serait-ce pas' plutôt un mort devant les
juges infernaux?-Sans doute ces j.uges sont dans les légendes les plus
répandues au hombre de trois453; mais dans celle que le Gorgias
dé Platon 4.s4. nous;a conservée, ils soitt en quelque sorte réduits à
deux, puisque Rhadamanle juge* les morts -de l’Asie, Laque ceux
de l’Europe, et que la mission de Miuos se borne à prononcer en
dernier ressort. Cette simplification dii nombre des juges infernaux
est encore bien mieux constatée-par. ce passage de Lucicù44®:.X-a«px01
ê i xàl caToa“ ai xal Sizacvaì xaûr.VT« êuo, Mivoç te x«i PaSa^avllu;.
x. t . X. Ce qui ne.permet pas dcreconuaître icidèux. agonothètes,
c’est que les deux personnages désignés comme tels par M. Judica,sont
plus grauds que nature; d’ailleurs chacun d’èiix est armé de fa
baguette qu’il tie n t, au témoignage de Platon, quand il rend ses
jugements.4'®.1
Enfin, c’est, peut-être devant- Hadès lui-même que comparaît le
mort suivi-de son escorte sur un vase peint d u p rin ced e Canino,45?,
que M. de Witte'448 a rangé .parmi, les sujets, guerriers, e t dont il
donne la description suivante: « U n cuvalier barbu muni de- deux
javelots e t suivi d’un-homme drapé e t à pied,-portant une lance,
se présente devant un' vieillard à cheveux blancs, assis sur uni cube,
e t muni: d’un sceptre surmonté d’une fleur à trois pétales. A côté:du
vieillard est écrit KOON; sous lé cheval, K O S ; derrière KN2. »
Ces.trois inscriptions peuvent-laisser de l’incertitude sur l’explication
que je donne île Ce vaiè';-mais ontelles;été transcrites-bien'exactement?
c'est ce dont je doute fort; du moins il- est impossible d'en
VIII. Repas funebre offert a
Le moment est venu d’expliquer d.eux.moii.uments 'dont j ’ài-parlé -
dans la section I et que j ’ai cru devoir en.exclu.rc. Mais il me semble
convenable de dire auparavant quelques mots du ;çulte des Mânes et
de la cérémonie des Parentaliaqui se rattachait à ceculte. J ’ai déjà
parlé plus haut4?9dusens;.qu'ale mot üpwç sur les monuments funéraires
des Grecs; j’ai d it quc çe nom, réservé d’abord aux personnages
distingués.qui avaient bien mérité de la patrie , fut plus ta rd accordé,
par euphémisme, à tous les morts en général ; et devint, synonyme de
¡laxapi-rnç. L’extension donnée à ce mot doi t-elle être regardée comme le
résultat des.rapports qjii, à pa rtir d u l l ” siècle-avant notre ère, s’établirent
entre Rome e t la Grèce? Faut-il y voir la traduction, en
quelque sorte, du culte des.-Mânes et des L ares, ou admettre que ce
culte exista simultanément dès les ,temps les plus anciens chez l'un
•et l’autre peuple? Tout porte à croire que de ces deux suppositions,
la dernière. est la scuje admissible, bien qu’il soit vrai de dire que
chez-les Grecs la haute antiquité de cette croyance religieuse est
moins solidement .attestée que chez les Romains. On peut cependant
même chez les Grecs en. retro.uvèr, des traces certaines; ainsi, déjà'
dans Eschyle4®0, nous voyons le mot paxapmK, employé comme
synonyme de mort. Plutarque 4®1 rapporte, d’après le témoignage
d’Aristote4®*, qu’il était dit dans un traité conclu entre les
-Spartiates et les Arcadicns, qu’on ne rendrait ¿on, c’est-à-dire
qu’on ne ferait mourir, aucun-desTégéates qui auraient embrassé le
parti des Lacédémoniens : Mijêivoe jçp z ffT,è,v -waiiïv (SovÎOeïotç yâçii -rot;
XaxuvfÇouoi t 8v TeyèaTùv • ffWep.-èîyai, ¡triSiia âicoxTivvévai.
D’où il résulte que lemotypzoTéi, bon, était l’équivalent de droêavtiv;
ce qui, en admettant que le traité en question'doit être placé amnt
les guerres médiquës4®3, dônnerait une ailtiquite assez-respectable à
cette synonymie euphémique dont les inscriptions funéraires parvenues
jusqu’à, nous., e t qui. sont?pour 'la- plupart postérieures à la
prise de- Cortathe; nous- offrent de- si 'nombreux' exemples-dans la
formule xpz®Tè xa*Pe- Or, si'l’on réfléchit qu’en vieux latin manues,
manuus, manis signifiait bon et que de là se tira it'lè nom des
Mânes4®4, on sera frappé .dei’aqalbgie qui existe entre lés '•/¡nmai
oü les' -üput; des Grecs e t lès. mânes des Romains , e t l’on-en co n -,
dura que - chez les Grecs, comme - chez les Romains et- cliez les
Étrusques, les âmes des ancêtres étaient divinisées et révérées à
. l’égal, des dieux.
Ge^ùi peut démontrer encore l’identité do ces ,deux cultes; c’est
que si nous voyous les Romains célébrer chaque année la fête des
Parentalia464, en commémoration des morts, par des sacrifices, des
repa s'e t des .éloges funèbres, nous retrouvons.chez les Grecs une
solennité de même nature dans les Nexôma466 ou Ilspiÿeixva4®?. Sans
douté, aucun écrivain grée antérieur à l’époque romaine ne fait mention
de cette solennité; mais la nature même des deux noms que je
viens d’indiquer prouve que la fête des morts chez les Hellènes
n’étnit point. calquée sur celle des Romains.
Ainsi, che.z les Grecs et chez les Romains, même respect, même
H p
culte pour les morts, même foi dans l’influence qu’ils peuvent exercer
sur les vivants, même; tèridàhce à'voir èii eux des génies"bienfai-
sants, deè divinités'protectrices. Mais de ces deux cultes si remarquables
par leur moralité-consolante-, on ne peut dire que l’un soit
dérivééde l’autre : ils proviennent tous;dèux d’une source commune,
-s. Cela posé, c’est à . la solennité des Ntxéaia 8u des Parentalia que
l’on,d6it,\ sçlôn -moi,' rattacher tous les monuments- funéraires, tant
grecs que. romains; représentant: un-ou ;plusieurs' personnages couchés,
prenant part à un festin, que leur, offre leur, fainille.dont ils sont
entourés. Les monuments de.ee genre sont, on le conçoit-, en très-
grand nombre; je ne m’occuperai que de ceux o ù figure-lé cheval :
ce sont les seuls qui se rattachent à mon sujet.
Et d’abord; je parlerai du’ marbre de Samos-.dont j’ai donne plus
haut la description. Le personnage couché est un chef d e . famille
entouré de sa femme et de sa mère, qu’accompagnent deux jeunes
suivantes.'Peut-être qu’assimilé à -Esculapc, il est invoqué-pour son
jeune fils,- qui se tient'près de la femmè voilée.et joue avec un petit
chien. Ce qurdônnèrâitquélque poids' à'cctté conjecture; c’estf comme
je l’ai.déjà dit', la pomme de pin qu’on voit sur la-table, le serpent qui
se dresse prè^'du mort et lè jeu'ne cadmilc qui puise dans un cratère.-
Mais cés'qui met la chose hors de doute ,;c’est la-tête' dé cheval qui
occupe sa placé accoutumée', et indique ' les dangers qui' menacent
l’âge tendre du jeune enfant pour lequel on invoque’ un père4®8.
En'admetfant cette explication qui’me semble très^vraisemblable, je
n'hésiterais plus à reconnaître;que les deux femmes sont substituées-
à Hygie et Épioné, toutefois sans prétendre appliquer cette interprétation
à tou's -les Monuments dont nous'aurons à nous occuper;: e t
auxquels elle ne saurait convenir.
Les deux torches allumées, placées dans le compartiment à droite
de la-tête de cheval,'sont les flambeaux qui'éclairaient'le repas
funèbre46.®.■ Quant au casque, à la cuirasse c t’au boùclier, ils sont
comme suspendus dans le champ supérieur pour indiquer; ainsi que
j ’a i déjà eu occasion''dfële'dire qùe-le' mort: s’est autrefois, illustré
comme, guerrier; mais que lès combats ont fim po'urilùi: '. - ;
Il faut en convenir, cè monument est' tput-à Ià;fois votif-et funéraire,
et si j ’ai éù. tôrt-plùs haut-d’en restreindre l’interprétation à
ce dernier sens,'vjefpersistè à croire qu'en: le renvoyant à- la section
VIII, jéiluiîai assigné la seulè place qui lui convienne.
Cette explication me paraît convenir en toütfp.oint:au monument
du musée Nani que j ’ai cru devoir exclure de la Irc section, et où.
Biagi a vu tout, hors ce quùlfallait ÿ voir. Ainsi, d’ahord il hésite sur
la question: de'savoir si le festin se rapporte à des viva'nts ou à'des
morts47°; l’homme couché lui paraît êfre-jHercule^1, puisde bon
génie 47*, puis Jupiter473 , puis-Bacchus4^4, puis seulement un dieu
quelconque47,®;; le cheval ne l’embarrasse pas moins,.ebde guerrelas
il en fait u n âb e4,6. Enfin, convaincu'dè l’insnffîsànce de ses efforts,
il est forcé d’avouer que le.pyrrhonisme est chose plus prudente que
la prétention:à l’érudition archéologique-4’’.-'Sans douté, s’il n’eût
point imprudemment repoussé lès idées de Gori .et de Passeri sur.ie
cheval et' sur le;serpent4?8, il serait arrivé ayec moins-d’efforts à'une
conclusion plus satisfaisante pour lai- et pour' ses lectèurs. ■
444 Artemid. O/ieir. IV, 8i. V, 8». Pollux, OnoM.'VUI, 7. HieroUym.