les colonies de Sparte. Des deux cités de l’Asie-mineure dont le nom
se rapproché des éléments conservés sur notre marbre, Athymbra et
Thymbrara, la première seulement nous est donnée, par les écrivains
de l'antiquité comme faisant remonter son origine à une émigration
la c é d ém o n ien n eM a is cette ville, située en Ca rie ’®, est très-
éloignée de Synnada, e t il est difficile d’admettre qu’il existât entre
.elles des relations assez intimes pour qu’elles envoyassent de concert
une offrande à la métropole. D’ailleurs, e t c’est selon moi l’objection
la plus forte, la terminaison PO ne peut convenir à cette ville dont
l’ethnique, au témoignage d’Éticnnede Byzance, est AOupêpté;- J’ai
donc cru devoir préférer Thymbrara, parce qu’elle est, commeSynnada, '
située en Phrygie, et que scs habitants sont appelés par Xénophon 80
6 ép6papoi, nom qui se rapproche beaucoup plus dès données de notre
monument.
Mais quelle était l’origine de Thymbrara, ville du reste assez importante,
puisqu’au temps de Xénophon c’était le point ou se réunissait
une partie des forces militaires des Perses 81 ?Peut-on admettre
quelle prétendait, comme Athymbra, a l’honneur d’avoir été fondée
par un Lacédémonien? Je crois qu’il est facile, malgré le silence des
Grecs sur ce point, de prouver que cette supposition n’est pas sans
quelque vraisemblance. Strabon8* nous apprend que trois frères,
Athymbrus, Àthyinbradus et Hydrélus, partis de Lacédémone, fondèrent
en Asie les trois villes a chacune desquelles ils ont donné leur
nom ; mais qu'ensuite la population de ces trois villes s’étant affaiblie,
elles se réunirent pour fonder Njrsa, qui, du reste, au temps
de Strabon, reconnaissait encore Athymbrus pour son fondateur.
Quelles furent les trois villes fondées par les trois émigrés lacédé-
moniens? Il est évident, d’après lé texte de Strabon, vàç énuvépou;
iauTÜv y-Ticai ra&siç, qu’elles étaient- bien connues du temps de ce
géographe, et il est a regretter qu’i l ’n’ait pas été un peu moins concis
sur ce point. Essayons de suppléer à son silence. La première, sans
doute, fut Athymbra, sur l’emplacement de laquelle s’éleva plus tard
Nysa. La ville bâtie par Hydrélus futHydréla, placée, par Étienne de
Byzance83, en Carie, e t, par Tite-Live 84, sur les frontières de la Carie
et de la Phrygie. Mais l’établissement d’Âtymbradus, quel fut-il ?
Comme il n’existe pas de ville nommée Athymbrada, je n’hésite
pas à croire que ce fut Thymbrara. Cette ville aura été probablement
appelée Athymbrara dans le principe; mais, avec le temps, le
préfixe a , mobile de sa nature, aura disparu. Si cette conjecture
était admise, il faudrait en conclure que le nom du fondateur de
Thymbrara était Athymbrarus e t non Athymbradus, comme le porte
le texte de Strabon8î.
Je n’examinerai point si la tradition mentionnée par cet écrivain
est vraie ou fausse; mais je ne puis me dispenser de remarquer
qu’elle a au moins un caractère de vraisemblance, et que si ce n’est
qu’une fiction, c’est au moins une fiction bien faite, surtout quand
elle est complétée à l’aide des secours qu’offre la géographie. Ainsi,
les trois frères débarquent sur les côtes de la Carie e t pénètrent dans
l’intérieur des terres : l’un d’eux se fixe sur les rives du Méandre; le
second remonte plus au nord et s’arrête sur les confins de la Carie et
de la Phrygie; le troisième va plias loin encore, toujours dans la
même direction, e t s’établit en Phrygie, sur les rives du Pactole88;
mais la ville que fonda ce dernier, trop éloignée des côtes, trop voisine
de Sardes pour n’être pas subjuguée d’abord par'les Lydiens,
puis par les Perses, finit sans doute par perdre le souvenir de son
o rigine, e t ne le retrouva que lorsqu’à la suite des conquêtes
d’Alexandre, l’Asie mineure devint vraiment grecque, et surtout
lorsque le calme oh la laissa quelque temps la domination des Césars
lui permit de jeter un regard sur le passé et de recomposer ses titres.
Fragment d ’inscription copié p a r M. Trèzel à Mistra. ( Voyez
Planche 4 a , fig. |k J> ■ i
_ a I ï
p
Ce fragment appartenait à une base honorifique, à en juger par
les mots irpoa-]ie$[apévou] *[à.âv]etX[<apet] dont il est facile de reconnaître
les traces.
V> 18. ' ' ‘
Fragment d-inscription copié à Mistra p a r M. Trèzel. (Voyez
Planche 61; fig. IV.)
KPATI2 ; . . .
XIA2NIKOK..
IAAMAPH
Ce fragment paraît être Je renversement de celui.qu’a publié M. Ross
dans son recueil, Pl. H I , n° 19 et qui est ainsi conçu,:
E i è f J f f ;
IAAMAPH
IX IA2NIK0K
K PATH2A
t€
Le seul mot entier que présentent ces deux fragments est le nom
de A«quqroç dont il est plus d’une fois question dans les inscriptions
de Sparte8’ et qui fut celui d’u n patronome éponyme88, Peut-être
aussi à là deuxième ligne fiiut-il lire Àpyiaç NixoxXlou;.
Fragment d ’inscription lu p a r M. Trèzel sur une pierre encastrée
dans la muraille d ’un e maison à Mistra.
AAOYÎ1NI7RE2
Ce fragment paraît se rapporter à un catalogue de magistrats, du
moins à en juger par les mots fiv xpicëuç, qui se rencontrent très-fréquemment8
® sur les monuments de ce genre. La forme des lettres
paraît annoncer une époque antérieure à la domination romaine.
AAOY est la fin du nom que portait le père d’un magistrat. HMflN
est probablement aussi la fin du nom du npéoéuc.
Fragment d ’inscription copié a u x environs de Paloeochorio
. ' ' ou ‘Sparte i par. M. Ed g a rd Quinet.
OYOYO
2P POKPATOY' 1
P02YPEP
Y2EIAKI
0 Y A I0 2
AEIA
Ce fragment paraît avoir appartenu à u n e lis té d e magistrats.
J’a i vainement cherché dans le Corpus de quel monument il pouvait
avoir fait partie; je suis donc porté à le; croire inédit, car il ne se
trouve pas non plus dans le recueil de M. Ross'. Il contient, ligne 4 ,
les premières lettres du nom. de Siiîfe'mç dont nous avons déjà
Fragments <£inscription trouvés p a r MM. Lenormant et Virlet,
1 à Mistra (d a n s là maison d ’Andrioiiko Mostiri dA n d ro s ;
suivant la note de M. Virlet).
IMCAY2INEIK A Y 2 IN E IK O Y R J S i,i~ 0
<UIAAAEA<D0 2 KA riP P IÀ A N OIAÀAËAO
ÀAMO20ENEIA V Ÿ 2 IN E IK 0Y Y I0N T C
"Variantes des d eu x copies.
1” Fragment. M; Virlet;: a u ilie u ^ u K-qui termine la ligne’ 1;
donne un I. .
Ligne 3. M. Lenormant lit AAM020ENEA.
a* Fragment. Ligne 3. M. Virlet omet le jambage de A qui commence
cette ligne.
Ces deux fragments, qui sont encastrés dans uu mur, en regard
l’un de l'autre, appartenaient manifestement à un .même monument
plus étendu, et doivent se suivre dans l’ôrdre indiqué par les numéros
qu’ils portent. Ils peuvent être, je crois, restitués de la manière
suivante':
[R ] .M 6A Y 2 IN E IK [H 2 ] J |1 ||
0 IAA A EA OO 2 K A[l]
AAMO20ENEIA
; AY2INEIKOY m fh rO[P]
riPPIAAN OIAAAEA0[ON] .
[AJY21NEIKOY YION TO[N]
nrf(wXioç) Mf(|quo;) Auoivefzviç <ttXaStiipoî xal À»p.oc08vticc Ausivtixou
né(iï>iov) Mé(|ip,tov) TopytmciSav <I>Aaàs^çov, Avciveixou uiiv -riv'-. V '.i
Publius Memmius Lusinice (surnommé) Philàdelphe, e t Da-
mosthènie, tous d e u x enfants de Lus inic e, ont consacré'ce
monument a Publias Memmius Gorgippidas (surnommé aussi)
Philàdelphe, fil s (comme eu x) de Lusinice, a yant. . . .
_ .Cette inscription se. rapporte évidemment à,la classe des monuments
funéraire. Lusinice, probablement fils d’un autre Lusinice 9',
secondé par sa soeur Damosthénie, consacré un souvenir à la mémoire
de'son frère.' Les deux frères, sans douté; s’aimaient tendrement,
e t de là l’épi thète de Philadelphei C’est le premier exemple que je
rencontre dans l’épigrnphie grecque, d’unsUrnom donné à un simple
particulier. Indépendamment de notre inscription, un passage remarquable
de Plütarqué i» semble prouver qu’aux rois seuls n’était pas
« g f
réserve l’honneur d'ajouter à leur nom unc épithètc tirée d’une action
d’éclat, d’un événement, du caractère, de la figure, o u , comme ici,
de quelque vertu. -
Sur la sigle restituée à la première ligne, e t qui se retrouve à la
quatrième, voyez p. 67. Les deux lettres ME, qui viennent immédiatement
après, sont’ une abréviation dn nom de Memmius ; oa1 les
retrouve combinées en forme de sigle à la ligne 4- Il paraît par les
inscriptions de Sparte qu’un grand nombre de familles de cette ville
appartenaient à Ja clientelle de la gens Memmia.
ANIAIAAOPOAEITtüEAYTl-
KAI TCüAllûANAPOlBElOYI
KAI T EK N tùTE P YAAItùNI
MNEIAC XAPIN
Cette inscription,.gravée sur une pierre où sont sculptés les bustes
d’un'homme e t d’une femme avec un enfant au milieu d’eux, a été
copiée à Mistra par M. Virlet, e t ’.paraît devoir être lue de la
manière suivante:
[MJANIAIA AOPOAEITH EAYT[HI]
’ TE] KAI T 6)[l] IÀI<Ù[I] ANAPEI BEI0Y[NI(OI]
KAI TEKNA>[|] TÉP[T]YAA|&)nH |
MNEIÀC XAPIN
McmXia ÀçpoSfm iauTÎ, zal tw ihitf àvSpt BiÛuviw, xal-rfxvcp Ttp-
vuX^füvt ifveiàç ^apiv.
Manilia Aphrodite à elle-même et à son époux Bithynius, e t
à son fil s Tertullion', souveniri
Le nom de-TspTuXXfav, dont je ne connais pas d’autre exemple,
est formé par la même analogie que les noms de TepniXàa e t de Tep-
•mXXtavij que l’on rencontre dans les inscriptions®3.
? :l v : : I à 3 |t |p
Inscription copiée p a r M . Trèzel sur une pierre de la fontaine des
•cinq arcades à Mistra.
ZH0IKYPAKOKANAPAP1CIOCAAKGAAIM
lOYPIKAHNKPeBATAKYAIBIArXINOBANer
. PPO C IA T .. .A .K A irA PH A PA K AH C eCirAN T ^ p l
CKBAOPANGrCI RKP8N8CT8CA. ArANTAC
cY N TP H A C ie o P H TA A e rH . A c e e c p e c iA H T e
T ilA Y r 8 C T O Y K 2 H
Cette inscription, qui évidemment n’appartient pas à l’antiquité,
consiste en cinq hexamètres. Les caractères, assez beaux du reste pour
le temps, doivent en être fort altérés, car ils ont donné lieu à un
assez grand nombre de confusions qui rendent la lecture du monument
très-difficile. Une étude longue e t attentive des six lignes
qui composent cette inscription m’a conduit à reconnaître plusieurs
particularités quLlà^distinguent de toutes les autres. i° La terminaison
OC y est représentée (ligne.a) par un B dont les deux demi-
cercles sont séparés par un léger intervalle; ce qu’on n’a pu figurer
ici à l’aide1 des caractères ordinaires, a0 La terminaison i*)N est
partout'omise (lignes 1, a et 3), ce qui donne lieu de croire qu’elle
était représentée en interligne par un signe que le temps aura effacé
ou qui aura échappé au copiste. 3° La diphthongue OY y est figurée
•par une siglè que l'on retrouve dans une inscription de l’époque
byzantine .que M. Boeckh vient de publier sous le n° a55a. 4f Enfin