Le m usée d'Oxford 479 renferme une variété'de ces deux monuments.
Trois hommes sont couches sur un lit. Beux d’entre eux sont des
adolescents; on ne peut juger do l’âge'du troisième, dont la tète est
entièrement mutilée. Tous trois sont vêtus de lai tunique et du tribo-
nium. Le premier à droite s’appuie sur un éphèbe enveloppé dans un
manteau, et dont la .tête- a également disparu. A l’iine et à l’autre
extrémitcidu'lit, est une femme voilée e t assise sur un siège élevé; les
pieds de l’une e t de l’autro-reposent sur uu ûxoxtiSiov. Derrière celle
qui occupe lé:coin. à gauche, se tient une petite fille, ayant .sur le'
bras gauche un vase dans lequel elle semble puiser de la main droite..
Sur la> tablé1, portée par. trois pieds de chèvre, on: voit une urne entre
deux mipapoCvTet. Dans lé champ supérieur, est un buste de cheval
à la fenêtre, et vis-à-vis un serpent qui se glisse le long d’un mur
d’appui.
Nul doute que cette scène' ne se rapporte aux Ntxuoia e t ne nous
représente,un repiJeixvov. Mais tous les personnages qui prennent part
au'banquet funèbre sont-ils des morts? Je suis très-disposé à le croire.
En. effet, nous savons par Valère Maxime 480 que si les hommes étaient
couchés dans les festins, les femmes y-étaient assises,’et que les déesses
elles-mêmes étaient ainsi représentées dans les lectisternia. Nous
avons, donc sous les yeux une famille composée de cinq membres : un
père, deux de ses fils-, sa femme et sa fille', auxquels les deux plus
jeunes enfants, ou plutôt un parent chargé de leur tutelle, offrent un
7repi£«i7tvoy,. pour qu’ils détournent, comme iptoeç, comme 8eoî jjOoviâK
ou ùroyfidvioi, les dangers qui menacent l’âge: encore tendre des derniers
rejetons de leur race. Dans cette cérémonie religieuse; les morts,
comme sur les-marbres de Samoset.de Venise,.sont assimilés aux divinités
salutaires: le père, celui dont lai tête est effacée, à Esculape; la
mère, àÉpioné;. la fille-, à'H ygie; tandis:que ses deux fils, dont l’aîné
pose1 son bras sur L’épaule dui jeune: frère qui lui survit, comme pour
indiquer que la supplication est exaucée481, représentent Evamérion
etÂlexanor.
Quant au serpent et-au cheval', ils ont ici le même sens que sur
les monuments de' la section I ; le serpent annonce peut-être de plus
que les cinq personnages principaux sont admis au rang des héros.
Ges deux symboles se retrouvent sur un bas-relief de la même classe,
appartenant à M. J. Dav. "Weber, négociant allemand établi à
Venise, e t dont M. Hinck a publié une description dans le Kunst-
blalt48>. N’ayant pas la copie du monument sous les yeux, je me"
borne à reproduire’ ce qu’en a dit le savant antiquaire qui l’a fait
connaître: a Une femme, probablement la fondatrice du monument
sur lequel son nom n’a pas été gravé, est assise à gauche des hommes
de sa famille et à quelque distance du lit où ils reposent. Son rang
distingué est indiqué1 par une jeune suivante qui lui présente une
boîte de bijoux. Des deux côtés du monument«sont deux symboles :
d’une p a rt, une tête de cheval, e t de Fautre, près d e la femme, un
tronc d’arbre entouré d’u n serpent » Ces deux symboles, suivant
M>. Rinck, indiquent l’opposition de la mort e t de là vie, en admettant
que le serpent annonce la vie dans les champs Élysées (ce que
semble prouver le' festin) , ou bien encore la renaissance de la chair,
suivant la croyance de la métempsycose. «Du reste, ajoute-t-il, si le
serpent est un symbole de la vie (puisqu’en arabe le même mot désigne
la vie et un serpent), il est aussi un symbole de la mort, dont il est
le compagnon, suivant Valerius lîaccus 488, et l’un des attributs,
sur les monuments étrusques484. Mais.ici, c’est le serpent de la vie
en opposition au cheval de la mort, c t il indique que les morts goûtent
le bonheur des anciens héros, la vie dans la mort. »
Cette explication est sans doute très-ingénieuse; mais si l’on a
égard à tout ce qui précède, peut-être trouverait-on qu’elle ne s’applique
guère au monument décrit par M. Rinck. On regrette que le
' |f | P. 1. tab. LU, fig. CXXXV.
<** n , I, 2. Fcmirm cum viris cubanlibus sedentes coenüâbanl : qua consueliim,
Juno et Minena m sellas ad cornant imitantue.
*•' Voyez ce que j'ai dit plus haut, p. n 5, au sujet du bas-relief publié par
Montfaucon, où Évamérion pose sa main sur la tétc d'Hygie qui l'invoque au
savant antiquaire-n’àit pas donné à sa- description autant de- déver"
lojipement qu’à ses rapprochements.-symboliques; «car, d'après le
petit nombre de renseignements qu’il nous fournit, on ne peut décider
quune seule chose, c’est que le marbre se rattache auxNexueta. Si,
comme tout porte à le croire, lés hommes coifcliés sur le léctister-
nium sont ail nombre de deux .ou de trois, e t si un OU 'plusieurs
enfants figurent dans le repas funèbre, le bas-relief de M. jVeber
doit s’expliquer comme ceux dont je viens de parler,
11 ne faut pas croire cependant que sur tous les-monuments les
convives du festin funèbre soient représentés comme morts. Ainsi,
sur un marbre du musée de Vérone48°, on voit deux hommes couchés,
deux femmes assises et deux petites filles debout, e t cependant
l’inscription qui accompagne ce monument ne désigne qu’une seule
femme :
EYKAEA AI”A 0A N O 2 TYNH AE A P I2 T 0A H M 0 Y .
EùxXi[f]a ÀystOoivo; yuré M ÀeicToSifpou.
• Euclie, fille d ’Agathon e t fem m e d'Aristodème.
Sur un autre monument du même musée 48S, une femme voiiéc
est assise près d’un homme couché devant une tablé à trois pieds,
cf l’inscription ne se rapporte qu’à l’homme :
YPOMNHMA MAPKEAAOY
O K A T E 2 K E Y A 2 E N A Y
T i l H AH• HP MAPKEAÀA AH
• WHTPIOYZHZANTIElH
KOXA1PE
MapxéXXou 8 xaTtexeûaeiv aù-rip Si ptii-nip Ma'pxtXIa Avipi-
-rpiou ¡jfcavn irrt ¡cO'.Xaîpt.
Monument élevé à Marcellus p a r sa mère Marcélla, fille de
Démétrius. I l a v é c u v in g t-n e u f ans. A d ie u !
II semblerait que l’artiste qui a exécuté le cippe funéraire d’Oc-
tavia Exorata, fille de Caiùs, également conservé dans le musée de
Vérone48’ , avait voulu éviter aux siècles futurs toute incertitude
sur les liens qui unissaient à cette jeune fille les personnages assis
près de son lit funèbre, car il a gravé au-dessous de chacun
d’eux Iè degré de sa parenté. Ainsi, l’un est désigné par le mot
PATER, un autre par .celui de PA TR VVS , un troisièmè par
celui de MATER. Il est à regretter que quelque artiste grec ne sé
soit pas avisé d’un pareil expédient.
Il faut savoir bon gré à celai auquel avait été confié un bas-relief
du même genre, conservé à Oxford 488, d’avoir facilité pour nous
l’interprétation de ce monument, e.n plaçant devant chacun des deux
époUx une table distincte. C’était même, sans inscription, nous dire
d’une manière précise que le bas-relief était consacré tout à la fois à
la femme et au mari.
Mais les quatre derniers monuments dont je viens de parler n’appartiennent
pas immédiatement à la classe qui nous occupe , puisque
le cheval n’y figure pas; et sans insister plus longtemps sur les
éclaircissements qu’ils peuvent nous fournir, je vais m’occuper de
quatre bas-reliefs qui se rattachent directement à mon sujet, et'qui ne
sauraient donner lieu à aucun doute, puisque chacun d’eux est accompagné
d’inscriptions.
. “ 3 Argon. III, 45.7; .' .
Inghirami, 'Mon Mtr fier. I , tav. 29; Ser. VI, tav. A, a.
*,s XL1X, 1.
*“ LUI, 3.
CXXXVII, 3. .
*“ Part. I , lab. LU, fig. OÏL, ~
( '3 g )
Le premier est un marbre d’Oxford 489, représentant un' homme
couché devant une?table, .vêtu d’une tunique.et tenant une coupe à
la main. Derrière lui,'sur un mue/d-appui; on voit un casque à longue
visière e t garni de ses Ytvtiac-riipeç. En face est une tête de cheval,
et dans le haut .du champ, un bouclier argien suspendu.' Au-dessous
de la têted u ch év a l,. un enfant présente une coupe a un, serpent,
qui .vient s’ÿ désaltérer4?0. Sur le bord supérieur du màrbrft,;on lit
. ccltcfinscription
N IK Í1N 0 2 . . ..Í1 2X A IP E
Níxuv,'A'2|ípuv]o{, x«ïpt-
Nicon, fils d é Simón , adieu !
Deux interprétations peuvent convenir à ce: monument. Un repas
funèbre est' offert à N içon,- récemment admis au' nombre des héros,
ce qu’indiquerqit.la tête du cheval q u i' vient de' l’amener dans'le
fortuné séjour ji/et/dè jeuneYçadmile-lub: présente la seconde coupe-
dans laquelle le serpent, emblème ou serviteur du héros', se hâte dé
boire, commepour aunoncerquc l’hommage de la famille est agréable
au mort. Ou bien encore, le mepiâe«rvov est offert pour, lé-jeune, cad-
mile' que menace le cheval de ©àva-roçj et l’avidité du serpent déiib- !
terait .cûçôÿe.ijra résultat .favorable. Mais de ces deux’ explications,
la première, à pause de l'inscription-, me paraît la plus vraisemblable:
Le casquë,.et le bouclier .'prouvent,' commedans- plusieurs monu-
ments.dont.nous-avons parlé plus haut,i que Nicon a combattu pour
sa patrie, mais .qué les combats ont fini pour lui'; Peut-être'faut-il
voir en outredaus ces armes une allusion au nom d u /m o rt, Nixuv,
Je vainqueur4? '. '
Nous retrouvons le casque, et le bouclier argien-réunis-à la cuirasse.
suc .fun des,trois monumcntsdûnt il me reste à parler, et qui
.consiste.en un bas-relief mutilé que M- lé baron Judica a publié dans
ses Antiquités d’Acræ:49*. Le clîamp de ce monument était encadré
'-.éntre deux pilastres/©3, portant un fronton. On y voit sur’ uii'lêctis-
terniumd’une forme riche et élégante,' un homme! dont là poitrine e t
.le bras droit sont nus,et dont lerestedu corps est enveloppé d'un large
trjbonium. Derrière lui ,et presque au centre, une cuirasse avec ses
épaulières et ses franges, à droite de la cuirasse, un casque avec ses
ysveictffTípíí j et à ,gauche un bouclier argien. Devant le lit est une
. table à quatre pieds chargée de .mets parmi lesquels M. Judica .494
veut reconnaître des boîtes.dé parfums e t d’onguents nécessaires: au
guerrier couché, parce .que sans doute il était afflilto d i qualchc
. infermità. Sur la gauche dü.monument.et.en avant- du lit. s’avance,
monté.sur un cheval . qu’il tient par là bride, un homme, vêtu d’une
tunique succincte, e t peut-être d’une chlamyde; à sa droite est un
enfant.à pied portant un rouleau. .Su r. la plinthe du monument,
non moins mutUécquè la gauche du bas-relief, on distingue'encore
ces restes de l’épi taphe :
1.2 ; 2KÍ1N
H A fA G O Ît (sic) ¿=; >
Je crois, pouvoir ainsi rétablir cette inscription, en admettant,
.ce qui me paraît incontestable, qu’à la,dernière lettre de la seconde
ligne«le lapicide p voulu corriger un 2 par un l. v ,
«9 Part. II„tab. IX, fig.LXVII.
Inquclta l'enfant conduit le cheval* -, ,, J ÿ->
toute autre nature, font souvent allusion au nom du pereqgnagé principal, soit
par quelque scène mythologique,où undiéios homonyme joué un rôle imporiitt
vitsc peint', inscrcc dans le Musée Pourtalès, p. i5 et suiv.jçt M.-Raoul Rol
2 [ IA f lP 0 2 KAI OY]2KjQN
H [PH E 2] ArAO O l
IciSwpo? z«l 'iuoxaiv HftMf àyafioi.1
Isidore et -Physcon , braves héros. ■
Personne,-je pense, n’admettra avec M. Judica. que l’homme
couché soit un .héros malade, e t que il cavalière s'ilquàlche àltro
eroe suo àmico o congionto-'che v ien e a visitarloi 11 me paraît
beaucoup plus vraisemblable d’admettre que les deux personnages
sont deux guerriers; peut-être le ’père et le fils, morts à une certaine
distance l’un de l’âutre; et que lé fils est représenté au moment où,
monté sur .le cheval . de ©avaTo? e t escorté d’un esclave portant
l’éloge funèbre prononcé'sur ’son tombeau, il vient rejoindre son
père, qui depuis longtemps a siispendu ses armes pour' la dernière
fois:
Ce qtie je:viens.de dire montre combien.lés inscriptions, même
les plusfinsignîüàntes en apparence, peuvent'jeter de jour sur les
représentations qu’elles accompagnent. Un monument de la collection
apparténà'nt à M. J. ©av. Webér nous’ en fournira nnè; nouvel le
''preuve'?’ ’ ”'
Ce bas-relief, d o n t M: Rinck" a donné une description dans le
■ Kunslblalt^9S, représente un jjersonnage assis dans l’attitude de la
réflexion. Devant lui se tiennent'debout' une femme et un enfant •
■ayant;un rouleau dans la" màin gauche.>Au-dessus du personnâge
assis-; On yôit une tête dé chêvâl et deux rameaux" dè.'lauçjër ou
d’olivier.avec üh serpent enroulé. Le tout est accompagné de cette
inscripSon
M 'O P P l f l MENAN
A P i l -O P P IA E A P I 2
K A IM O P P IO 2 0A Y
2 T 0 2 T f l PA T P jQ N I ^ B
KAI A T O I 2 IONTE2
M. ÔîxÎb Mtvâvip»Ô;rma ÈXxlç xat'M. Ôîtttio; $auavô( t ÿ xavpuvi
H B
Ôppia Elp is e t M. Oppitis É à üstus o ifil de ’léur vivàntj éleyé
ce torhbeàu a M. Oppius Mènandre leur patron, e t à éux-
mémès.
M. Rinck penseeavec'raison que les deux personnages debout
sont Oppia-Elpis et M. OppiUs'Fa'ustus;'-que cè dèrnieri.tiënt en
main \cvolumen contenant l’éloge funèbre de M. OppictaMénandre;
:ét qu’enfin là femme et l’enfant sont les affranchis de'l’homme assis,
ce qu’indiquent, suivant'lui>;i,le mot aâ-rpoivi, et les noms d’esclaves
joints pour la femme au nom de la gens, e t pour l’enfant à ce même
nom e t au prénom dé son maître. Mais cette dernière raison n’est
pas concluante. Il est - bien vrai que les esclaves, en recevant 1 affranchissement,
prenaient le prénom et le nomen gentililium de
leur maître; mais c’était aussi l’usage des Grées affiliés à quelque
grande famille/©0. C’est probablement par suite d’une semblable
faveur'.que le Grec Ménandre iporte ici les noms de M. Oppius.
Ainsi donc, il n’est pas rigourèusement vrai quéhabere tria nomina ■
soit toujours synonyme de manumissio , e t jë crois même que dans
cités par ces savants, ajoutez deux monuments romains, reproduits par Mont-
faucon , Anl. exp!., t. V, pl. XLIII : sur le premier, une femme nommée Qrprb
droite un bouqtt&cl dans.la gauche nnecorbeille de fleurs et de fruits. % Tav. XIV.
»>.- Celui de gauche manque.
f i p- . -,
<9* a juin 1828, p. «73,et 174. . , C > v -
7°