(»4 }
. L’issue du combat sui.vânt ne laisse aucune incertitude. Un Lapi-
tho, dont les formes vigoureuses annoncent un héros, vient de
terrasser son adversaire; il pressé de son.gènou la croupe du monstre
qui a rejeté ses bras en,arrière pour repousser son.ennemi. Mais >le
Lapithe les a saisis de sa main gauche, tandis (pie de la droite il ¡tire
la tête du Centaure en arrière pour lui rompre la ¡clavicule. .Cette ¡pose
est souvent indiquée dans les poètes. C’est'ainsi que Nestor renversa
Monychus■*#*; .Hercule, Hylée*9?; Thésée, Bianor'97, etc. Les monuments
nous montrent , que c’était ainsi que les héros sortaient
vainqueurs de leurs combats contre les Centaures p | | Micon, sur la
frise de l’opisthodome dü Théséîon, avait représenté Tliésée vainqueur
d’un Centaure '9?,' ‘Probablement par le même moyen. Aussi,
M. Stackelberg serait-il. disposé à reconnaître ici Thésée, s’il ne lui
paraissait convenable de réserver dans notre monument, au héros
principal de .ce mythe, un exploit semblable, mais bien plus glorieux
encore, puisqu’il met fin au combat en décidant de la victoire. il
propose donc ¡de voir ici Pirith'oüs ', le'second personnage de ce grand
drame, l’ami et. le compagnon de Thésée (a).
.. aa. Irrité .detla défaite de son frère, qui va- succomber sous la-
main puissante de Pirithoüs , un Centaure accourt pour le défendre.
Une peau.de lion couvre son bras gauche?00; dans chacune de ses
mains est une pierre 001 qu’il va lancer (n).
Près de là, un autre Centaure sépare un Lapithe de son épouse.
De la main droite il> paraît saisir la femme par les cheveux, tandis
que de la gauche il saisit le bras droit du Lapithe qu’il a renversé a
terre, et qui, s’appuyant-sur son bouclier, se prépare à le frapper de
son glaive. Mais là ne se bornent pas les efforts du monstre contre
son ènnemi; il se cabre, et déjà de l’un de ses pieds il va le frapper
sous l’aisselle (c);~;. 4v
a3. Nous sommes parvenus à la dernière scène, à celle qui doit
décider de cettelulte terrible ; et ce n’est sans doute pas sans intention
que l’artiste a laissé un espace vide entre cette scène et celle qui
la précède. L’oeil avait besoin de se reposer avant de se fixer Sur
l’épisode le plus important du dram’e-
Deux femmes se sont réfugiées auprès de la statue de la déesse
protectrice du mariage. L’artiste paraît avoir voulu représenter une
ancienne idole en bois °°°, sculptée dans la manière hiératique; c’est
du moins ce que semblent indiquer la roideur de la pose, les plis
irréguliers du vêtement, les bras pendants le long du corps, e t le mo-
dius, emblème de la solennité nuptiale, dont la tête est surmontée “ 3.
Dans O vide °°S c’est près d’an au tel que se passe la scène, e t cet
autel est encore allumé pendant là bataillé. Les interprètes voient
dàns cette statue Artémis Xi-rievià, ou Héra TiXeia. .Celle des deux
femmes qui sesontréfugiéesauprès.de la déesse,-,et qui, debout,-les bras
étendus, semble invoquer l’appui de la divinité, doit être' la ¡para-
nÿmphe (vrapdvuppoç, vupptuTpia) dîHippoilamie. Ses prières ne se-,
font pas impuissantes; un vengeur, un hérps, Thésce.s’approche;
ihcombat pour elles ; e t de plus, elle peut apercevoir Apollon,.le dieu
des Lapithes, et Diane; la-protectrice des vierges, s’avançant irrités
pour mettre fin aux criminelles tentatives des Centaures. Cependant
Hippodamie clle-mêmc,à genoux et à moitié nue, embrasse .la statue
de la déesse:d ’une main,;tandis que de l’autre elle cherche, par un
sentiment de pudeur sur lequel les anciens insistent .avec complaisance
ooS, . à ramener s u r ses membres, nus. le voile doiit ils étaient
couverts. Ses regards sont fixés avec anxiété sur le.combat.dentelle
attend son salut. Le danger est grand ; car le farouche Eurytion, quoique
dans les angoisses de la mort, saisit encore avec vigueur le voile
dont elle cherche a se couvrir. Mais déjà Thésée appuie son genou
sur la croupe du monstre; d’un bras vigoureux il lui serre le coü
pour l’étrangler ou pour lui rompre la-clavicule oo6, e t dé l’autre
il se p rép a ra i lui. assener un cpup .d.e massue qui achèvera ,1a v i c toire.
Vainement Eurytion cherche à arrêter le Coup fatal; Thésée,
vengeur de l’innocence opprimée, protecteur des saintes lois deTunion
conjugale, ne peut pas manquer de sortir vainqueur du combat (n);
Nous croyons devoir terminer cette dissertation par quelques
observations sur le costume des différents acteurs de - l’un e t l’autre
drame que nous venons de décrire ; e t, comme dans ce qui précédé,
nous aurons souvent lieu de mettre à profit les savantes recherches
de Vîsconti, de Millin, de M. de Labordë et surtout de M. Stackel-
berg, qui lui-même doit beaucoup aux travaux de ses' devanciers.
• Suivant l’usage des temps héroïques, la plupart des guerriers sont
nus, ou presque entièrement nus ; et cependant les artistes auxquels
nous devons le bas-relief de Phigalie, sont parvenus à répandre dans
leurs différentes compositions une variété'dé formés e t de mouvements
qu’on ne saurait trop admirer. Ainsi aux uns “ ’ ils ont donné
la chlanis ^lavlç), draperie d’une étoffe étroite e t fine dont lés anciens
s’enveloppaient le bras quand ils allaient à la chasse des bêtes
féroces00® ; à d’autres°°9 laclilamyde(¿Xapéç), petit manteau, propre
aux guerriers010, et qu’on attachait sur la poitrine avec une agrafe
jambes du cô té hors du montoir ; le poignet et la main gauches du Lapithe ; une
P ■»’ Val. El I , j45.
'*•* Stat. Tlieb. V,53o.
■» Ov. Met. XXI, 34».
■» Plin. H. H. VIII, 6, 70. C’est par ce moyen quHercule triomphe de la
biche aux cornes d’or sur le bas-relief de la conque de la Villa Albani publiée
par Winckelmann, Mon. inéd., 65, et reproduite par Millin, Gai. Myth.,
CXII, 435 e.
Pausan. I , 17. Les métopes a et 07 du Parthénon représentent une
pareille scène.
.(*) l a joue gauche de Pinüioûs.
p. a8/i 1
■M Voyez nOtéMj^f | | r
(») Rcstaur. Tout le corps du Centaure, l’épaule gauche, les deux bras et la
«, «tomLao.™n6.K,Tétm»
Voyez, pour d’antres exemplcs de ccitc dernière ^uTeTpudeéfeh'ézlri
femmes qui reçoivent la mort, les notes de M. Boisscinade sur la traduction dis
Métamorphoses d’Ovide pa:r Planudc,p.'574. : .
"* Ovide avait dans ÏMdi:e un pareil groupe quant1 il a décrit le combat dé
Thésée contre Eurytion (MiStam., XII, aa3, sq.), et stirtout contre Bianor (Îh'id;,
345^349). C’est probablcmcnt la lutte de Th’éséé contre Eurytion que représente
l’un des fragments de la frit1c dorée du tombeau grec¡ dont j’ai, déjà eu occasion
dé parler, notes 5g et 168.
(n) Rataur. Dyic partie.du médius de la statué; 1a main gaucho de la'vupfeévpia
; la massue ct le dcrjièi:e dcîa cuisse droite de Tliésée.
queue exceptes. . . . . . . M Pollux Onomast.V, Scgm., 18 : Xuén 31 w n n ï f t o « . . - ( l i s »
Æ S . . J I S S . * m . S i i u j î TOJto w > É H a * . * *11* . k (Sic Ms. pro vulg. roi« Ot|p(o«). Hcsych. XXcïÎSk • ferri tpi-
rtc. Cf. Poil. On. VII, 48, et non 4g, comme l’indique M. Stackelberg.
*•* Pl. 7, 8, 10, ra, 16', 17', 18.
*" Pollux, Onom., VII, 46, «18,) 31 UMftm, àvSpuwv piv, yXopéc Dans un
fragment d’Antiphane, cité par Polliix, On., X, 6a, un guorrior est représenté
yXttpéàa x»l iym. C’est aussi l’équipage que Flaute donne à un soldat
o Les gravures du bas-relief de Phigalie publiées par M. Combe n’indiquent
le modius, et M. Combe n’én dit rien dans sa description;
** Mctamorph., XH, »58, sq. .
*> Eur. Hcc., 564, sqi
’il 31, xal ûvfexous’, 3pu; dans le Marchand. La clilamyde est encore rapprochée de la lanco dans un
*pévoiav tT/tv tùryriouK sscstv, fragment du Misogyne doMénandre cité par I'ollux, X, Scgm. i 3g:Cf.Ælian.
Kpéirtoue’ â xpéxTjtv ¿W**’ iprivwv yp«wv. V. H.,XIV, 10.
seul est représenté avec la ykaîvoe ou grand manteau qu’on je tait sur
l’épaule et dont on s’entourait lè corps 0*3;- - - :•
Tels sont les Mills vêtements que fartiste a it donnés aux Athéniens
.et aux Lapithes dans' tout l’ensemble de la frise.- Trois fois seulement
il's’est écarté de cette' loi également suiviè.dans: les métopes du Parthénon
et sur la plupart des. monuments dont nous avons eu occasion
de parler, e t encore peut-on expliquer.;ces exceptions; soit:par
ht nécessité de faire reconnaître un personnage, soit-par quelque
exigence d é l’art. Le premier, exemple de'cette infraction ' nous est
offert' plaque 9, 'oh un guerriér, d’ûiii âge mûri et portant une longue
barbe; est revêtu d’une tunique à manches courtes (jÙTO)v) 0,4 , recouverte
d’une cuirasse de .peau (citoXàç 0,6) , -et tenant dans sa main
gauche une chlanis.' .J’ai cherché plus haut à expliquer les singularités
que. présente le costume de ce guerrier; et lors même qu’on
repousserait mes conjectures assez aventureuses, jW conviens, on
m accordera .toujours ; je l'espère,-que l’artiste, ici, comme à la plaque
iy , ‘ a voulu désigner un. personnage connu et. dont quelque poème
où' quëlque tragédie faisait mention.
La. seconde exception se rencontre plaque 13.: on y . voit deux
Athéniens'pqrtarit l’exomis (¿<;w|ztî).ou.tunique qui laisse.à découvert
l’épaule droite.et le sein droit .°,,s;-;La raison en e s t, je crois, facile
à.'donner.: .'comme dans ce tableau, sur cinqpersonnagés, figure séule-
ment une Amazone, l’artiste, pouf évitër.trop de n u s , a cru devoir
liâbillerjdêux guerriers sur quatre, et il a choisi ceux.que!la fortune
de$ armes avait respectés , afin. de réserver les «wj 'poitr le mort
e t pour le;blessé,;qui lui offraient,pl.ùsidc moyens tÙexerçer et de faite
ressortir son talent.
' Enfin nous trouvons encore, ùn.guerrier vêtu et'cuirassé, plaque 17,
dans le combat des Centaures. .Gomme leéguerricr de la plaque 9, il
porte une tunique; mais les manches en sont plus longues 0,’.:Gommè
lui àu'ssi il est revêtu d’une cuirasse; mais cette cuirasse n’est pas en
cuiiv; elle estîd!airuih et de.deux,pièces (Orip^cTaStoç)0'®;; e t comme
tous les muscles, toutes les formes, le nombril même, y sont indiqués;
peut-être convient-il de lui donner le nom de OtipâÇ ôuooXuTé; 0,9. .
Nous rieparlons pas de la plaque 11 qu’on ne peut regnrdericomme
une exception, sous le point de vue qui nous occupe, puisque le.guefî
rier vêtu qu’on y rencontre paraît porter un costume complet d’Ama^
zone, et peut être rangé par conséquent dans la classe de ces héroïnes.
Dans toute la série de tableaux que présente la.frise, quatre guerriers
seulement000 paraissent avoir porté des sandales, des cothurnes
ou des brodequins. Ces chaussures sont-uniquement-indiquées par
,.e t par. la non-execution des doigts de pied. M. Stackelberg
conjecture avec assez de vraisemblance que les antres accessoires
- avaient été abandonnés à la peinture.
• Le javelot e t l’épée sont en général les seules armes offensives dont les
guerriers fassent usage ; mais cn.çcci encore nous rencontrons quelques
exceptions. Quand lejavclot avait été lancé, on tiraitTépée($iço{)pour
’ con>l>Wtre.fle.près: Ici l’épée est lifè# éu k c , descend à peine jusqu’à la
- cuisse, e t parait être plutôt lcmxpaÇcimov00' que la j4 y«ip«ou laxosfç000 :
elle est suspendue à un baudrier (^«pîov 003) qui'passe sur l’épaule
droite, .La.plupart de ces épécs étaicnt rapportées, ainsi que les baudriers;
les lances, ou les javelots, et non pas seulement en bronze
comme on l’a conjecturé, mais aussi en marbre, ainsi que l’indiquent
les'.troûçqns' qui subsistent encore.-Il paraît assez difficile de croire
avec.M.Stackelberg, que le!soin dé figurer les baudriers ait été aban-
; donné.à la'-peintuiê'^ihest beaucoup-' plus'naturel-de; croire qulil-
.étâient rapportés en bronzé : ' Ce qui semble le'prouver , ce sont, les
trousiqiie l’on remarque au-dessous du sein gauche d e quclqucwins
des guerriers,'et dans l’un desquels on a rctrouvé le plomb destine
à la soudure.. '' '
Les boucliers âes guerriers sont des boucliers arglciis00*, vastes et
ronds, dcwfeç: tffxuxXot, garnis extérieurement d’un' rebord («vtuÇ °°5),
et intérieurement- de d'eux poignées,iMmè^U milieU^^(f^ovov °°«),
1 autre près du bçrd (ô^vn 00’),ills couvraient les^^combattants depuis
l’épaule jusqu’au genou. 'L’artiste, au moyen des ressources qu’offre
^ p e r s p e c tiv e , est parvenu, en variant les’poscs, à éviter dans la
représentation de cette arme, la monotonie de;la forme circulaire.
Lés casques des hommes sont de différentes formes, »arnis ou
dépourvus du cimier- (Xéçoç ?°®j (et dans ce dernier cas 011 lés appe-
lait xaTaÏTuÇ °°9) ; les couvrc-joues (xapayvaOiStç o3°) de quelques-uns
de ces'casqucs sont tantôt relevés e t tantôt rabattus; Un guerrier03'
porte - par-dessus son casque,-dont-on aperçoit la. partie inférieure
sur son .cou, le également en usage dans les combats;.
Thésée est le scul qui portéla massue (xopév»>?33.j.; C’est saris doute
la massue de fer.qü!il a enlevée àPériplièlcs, et dont il,fit constamment
usage .après cet exploit.03*. H-.cn est armé dans l’un e t dans l’autre
coqibat'035. La peau ¡dé-lion , q u i le distingue; est aussi donnée par
Homère à dés héros °36. Dans lé combat des Amazones il la porte sur
le bras gauche et s’en sert en .guise de bouclier -, comme Minerve
se sert dé l’égide dans les plus anciens monuments °38. Les cheveux
de-Thésée, dont lcs boucles se redressent sur.'son'front, donnent à
sa tête dë la ressemblance avec céllè d’Hcreule encore jeune, et
auginentent en lui l’exprcssioq de la force.
Hesych.Hépini' 6.«yir/.ESç-^ te/Sô; . . . % ofSXot mI s?« yW«? (Leb'-l
XX*[ié8oç) â m|rivq. Pollux, Onóm, VII, Scgm., 54, jj Si wiomi x« 4 rit cripva
.Ivéritra. '. -
° 'EuStalh. et Schol. Ven. ad IK, V, .743.
” Plaque 8.
I Phot. Lcx. et Sméssila«*.
u Hesych. Kop(m\. . . ¿¿itaXov.
” • 5. 1». i 5.',î8'. »3.
. • *“ XXai*«- (leg . X^«*i<)» i x«l«P>*«. Suiti. XXaîv*-
“ it«pà r i fiatm. Il y en avait de doubles ou de
simples. VoytPoll., On.,VII, Scgm. 47 ' ' ' - mut incs 8 Mous avon
8. Nous _
■ • • Homèrela'donuià'ÉreuihaUonl
Xi^im«i . . , <«4eive;, S ft'pmvoç OcSpetÇ. Phot. Lex. Siri- à Orlon. Od., XI, 571-674, etc:
W IL 'O m ^T Ii;» , ” s Plaques 8 eta3; Elle manque dans la plaque a3 ; mab
' g l lì- Wwk ■ -, »1 X‘^V iripoptiexeX*:. Cf. Schòl. Aristoph. ^ ^ S Ì S Ì | i ^ ! É S Ì S i Ì ^ ^ S r " °U
Vesp. 44° , et Pena, ad Ælian. V.’H., IX, 34/ .
donne à cette tunique le nom deliri* x«tpi3terii, Pollux,
d-ippijidexeXoi lui cénviendrait également. Cf. Pòli., On.,•
I, 3a4. sivrfltf:pi? ^puei r i StppaTOpepsi». Hom.
mon t ’AiiflS* feiKaSafoiriv iliearo Séppia Xéey»;,
- ‘ j j ^ x , l
-j aRnhooad ->>IH*» , 11.000,53 , jCt jicis lintHerprèite s dHcsvc,ln..u..s.... ..a.u. F“ ® s , éfom, lib. IV. Argentor., i 743', p"A6», sq. Tcrpstra, Antiq.,
I Pol. On. I, x35iGf. Pàssow Le*, v. ¿(«paXuric.
” ” Plaques PÌaqtiés' ia-,Sf* :iSfùiVó.'ÌSfi7,"ig. "' r ' • ' ’ ' ; ' la planche :
LXU des Voyages et Recherches de M. Brô
” Millin, Mori, inéd., t.‘l>, pl iW. ' • ; . . - . * livraison, p. ag et st
- PÔ11Ï Pnois;, ì ; x36. .. . apri* “ r i« « « « r PéripMtes, p
11 .ehyl. Sept. ad Thleb., ct Mtlhn, Mon. ,niéd. t. i.p. 3X3, g. Cf.B! lasius (3c1v r8i>ix:e KeeailB. Xatóv. I L . . , ' I ___a .......ai
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