W'
Ces trois fragments d’inscription , incrustés dans le mur d’tinç
chaumière de Sintmo, ont été copiés par M. Trézcl. Les noms T1B.
KAA du fragment a et [KAA]YAION du fragment c prouvent
qu’ils sont postérieurs au règne de Tibère, e t même, comme npus
avons déjà eu occasion de le remarquer’, qu’ils peuvent être du
second siècle. La fonne des lettres e t surtout celle de l’Ôpiyaet du
M® ne laissent aucun doute à cet égard a.
Un examen attentif de ces trois fragments m’a conduit à reconnaître
quÎlsappartenaient à une seule e t même inscription, que le
morceau c formait le préambule d’une- base honorifique, et que les
morceaux a et b , rapprochés l’un dç l’au tre , devaient être places
immédiatement au-dessous de a. Cela faitgil ‘restait .encore sur (a
gauche de c e t d’a , e t entre a et b, des lacunes assez considérables
que j’ai remplies avec plus ou moins de facilité , mais si je ne me
trompe, de manière à laisser peu de doutes sur la vraisemblance de
chacune, de mes conjectures. Voicilarestitution que je propose:
h p o A i.c
[t i b c p i o n k ] a a y a i o n n o [a y]
. [AAAAANTA Al]6 )N[l]ON A rO P A N O [MON]
[ P P 0 2 A £ £ A M £ ]N H C T O A[N]AACùMA
[THC O Y rA T P O C A Y TO Y ]TIB - [A£ ] KAA-[©]AIACIOY
[F Y N A IK O C KAA-]A1TTHC. [H£ ] NOAA£
[T A IN 0 £ A 1N £ A IT O Y ]F h C [ £ N ] Y P [£ ]PTH CA Y
KA[I] 0 1T [toN ] ©YAHC
• Voy.^P, p. /¡3.
* Voy. M. Bocckh, Corpus Jurer, gr. , n° 1499. — Nous ferons remarquer
d’ailleurs que, d'après le témoignage de M. Blouet, les cassures indiquées ici
ne sont pas une copie rigoureusement-exacte de celles que présentent les trois
fragments, et que la dernière lettre de la ligne a du fragment a doit être
précédée d’un II et non des deux I qu’on y lit maintenant par suite d’un
accident qui a fait disparaître la barre transversale du H, lors de la gravure
sur bois. Je dois ajouter -que la gravure a donné trop de maigreur aux lettres
du fragment o.
I Le Corpus Inscript, gr. de M. Bocckh n’en contient que quatre sous les
n~ i 536—1538, parmi lesquelles figurent ceIles que nous venons d’expliquer
n» 1 et 3. En y ajoutau-t celle que nous avon-; donnée n° a , et celle dont nous
nous occupons ici, le nombre des inscriptions: de Mégalopolis, connues jusqu’à
ce jour, sera porté à si:
4 Des n» i 536 et i£138 du Corpus qui ne figurent point ici, la première,
composée de 47 lignes, bt qui paraît, comme notre n° 4, se rattacher à la classe
des inscriptions honoriifiques, est beaucoup trop mutilée pour qu’on puisse,
.malgré quelques restilniions partielles ducs à la sagacité du savant éditeur
allemand, espérer d’en déterminer jamais le sens complet. On ne saurait nier
d’ailleurs qu’elle appar puisqu’il y est question du «b&fosur
la place publique de cette ville. Le n° i 538 est une inscription funéraire
sans beaucoup d’importance, puisqu'elle ne contient que des noms propres nu
nominatif, précédés de la formule Xalftzt. La seule particularité remarquable
qu’elle présente, c’est que le nom ’Acroxpéir,? y figure deux fois, îig. 3 et 5;
M. Boeckh pense qu’il se rapporte à.deux individus différents. Je croirais plutôt
qu’il faut voir dans celte répétition une erreur du copiste ou une négligence
du graveur.
4 Voy. M. Boissonade sur le Psoudo-Diogènc, Not. des mss., t. X, p. aa5, sur
les lettres d’Holsténius, p. i 3, et Commentât. Bpigraph., p. 45y. On trouve un
' r_[â*]éXtî
[Tiéipiov KjXoéiiov IIo[Xu$a{UcvTa aijumov àyopav4[|iov, irpoeSsÇ«(ié]v»i{
tà â[v]etXu(ut [vife fluyaTpèç aÙToBj], Tt€. î | | Î | K).a(uSiou) [$]kiaciou
[yuvaixèî, K).a(uSiaç)] Aîtctiî, [ i i]yfiâSe [vaïv fisatv. AiiTOu]pync[ev]
ii-[è]p vüî Aux«[t]9tT[Ov] çukrç.
L a v ille (de Mégalopolis)
a élevé cette statue à Tiberius Claudius Polydamas (?), agoranome
à ’vie. Les fo n d s {nécessaires à la dépense) o n t été fo u rn is p a r sa
fille Claudia Ditté , fem m e de Tiberius Claudius Pkliasius, la quelle
a rempli un ministère sacré à la fê te des grandes déesses,
po u r la tribu d e Lyccetka.
Examinons maintenant en détail chacune des restitutions proposées;
cet examen paraît d’autant plus nécessaire que nous ne possédons
qu’un très-petit nombre d’inscriptions de Mégalopolis3, qui
toutes traitent de sujets différents et ne peuvent par conséquent
s’expliquer l’une par l’au tre1*.
A l’éxception du nom de Polydamas, qui peut être remplacé par
tout autre, commençant par les mêmes éléments*, mais qui paraît un
de ceux qui peuvent le mieux' convenir, à cause du nombre des
lettres qu’il contient, je crois que personne ne s’élèvera contre la
restitution des trois premières lignes.
On adéja prouvé* que deuxXapt.ëSa rapprochés (A A) pouvaient facilement
être confondus avec un M , e t l’avaient été plus d’une fois. Rien
de plus naturel par conséquent que AA6 aient été pris ici pour un
M- Dès lors on retrouve to u t le nom KAAYAION dans la seconde
ligne, « trie premier trait peut très-bien avoir appartenu a-un K. Or,
le nom de KicoiSio? appelle naturellement le prénom de Ttêfptoç’, et'si-
ce prénom, qui est le plus ordinairement tndiqué''par lès initiales
T l B., est ici donné en toutes lettres, on peut dire qu’u n tel fait n’èst
pas sons exemple8;
I l est facile' de reconnaître dans la troisième ligne le mot AFO-
PANOMON; les quatre lettres qui précèdent doivent avoir appartenu
au mot AlCùNION ; car un I a pu facilement disparaître entre
le N et l’O ; e t un W , effacé en partie, peut être confondu-'avec
un C. La charge d’aiwvios àyopavéftoî est très-souvent -mentionnée
dans les inscriptions du.Péloponèse, et surtout de là Laconie 9;
J ’ai cru devoir traduire : à élevé cette statue, parce que, si, comme
l’a fait remarquer M. Boissonade1“ d’après les ellipses grecques",
et d’après Villoison " , l’accusatif dans les inscriptions dépend souvent
du verbe éviiuiat ou i-rip-ncav, exprimé ou sous-entendu, il
dépend plus souvent encore daviônxs '3, ou àvéfinxtv ll*,.pu àvfOwav,s ,
ou bien encore d’avéaTucev ou d’avéc-mcav1
publiée par Fabrclti, p. f44> reproduite par Muratori, et insérée par Brunçk
dans scs Analecta, III, a, p. 288, et par M. Jacobs dans l’Anthologie de Leipzig,
t. IV, n° 710, et dans l'appendix de l’Anthologie palatine, t. II, p. 873 :
TYMB0 2 OAE K P ÏÜ T E I KOY
PUS 2 EMNH2 KAI AMEMIITOY
SÛMA KATOIXOMENHS HEPI
KAMEOC HS E r ii r iE IÛ N HAP
0 E N IK H N ZQNHN OY Ï l ï
E A l 'ïE B PÔ TÜ N i] EAIIIA I
AAEA'I'H rÀYKYTATH-AÛNATIÜN
Tépjlot Ht xpÔBTii xoépi]« 01fârfi xa\ dpépxvou
Gwpa xaroiyppévijç snpucalkéoç, .¿lïiysiwv
tüàpOsvucî|v Xjtmp ou. -iç fXuce ^porSiv;
4 A et Aseconfondcntfacilemcnt.Voy.M.Lctronnc, Recherches pour servir h
thistoire d’Égypte, p. 453; •
» Ce rapprochement est d’ailleurs motivé par la ligne 4. Sur l’emploi fréquent
en Grèce des noms Tififpwî tOuhiux, cf. 1.1, p. 43-
4 Voyez le n° i4i 5 dit Corp. Intcript. gr.
» Voyez, sur cette charge, Bocckh, Corp. Inscr. gr., 1.1, p. 610, col. II.
” Dans scs notes sur Eunape, p. go.
" P. 657 de l’édition de Schoefer.
" Magasin Encycl. YIH, t. V.
■* Corpus Inscr. gr. laôi, 1202 ; i3oi, etc.
14 lbid.358, 376,;38,7a 388, 1111, i 4a4,otc.
11 Ibid. 3.74 et 1298.
" Ibid. iia 5, 1221. -
” Ibid. 1223, 1228, i3i8. Nous avons publié cette dernière inscription,
■■ La restitution de la ligne 4 paraît non moins certaine. La formule
irpocàeÇajiévtic-rè» ¿vâXovjxa se iencontrc très-fréquemmentl8. J’ai
déjà éu occasion d’en parler plus haut i9ÿrefe jçÎiM- ai donné un sens
•sur-lequel je erdismécessaire dé revenir. D’après la signification-la plus
-ordinaire du .verbe irpocSi^optai, recevoir, j ’avais pensé1 que les
-statues décernées1 en d’honneur des princes , des magistrats ou des
‘citoyens qui avaient bien mérité de la-patrie, étaient exécutées par
'Voie de souscription ou> de cotisation, -et qu’un seul ou plusieurs in-
’dividus se chargeaient de-recevoir les-dons-partiels; mais une in-
'scriptiou-10 où la-formule se trouve développée en termes plus précis,
npos$eÇa|uv<dv tSv yovétov vè dvâXopa-èx t Sv t$iuv, e t un passage formel
■de Polybe11, itpocSeîapivou èxsivou vèv eiç - -rilv faépSaaiv tüv Yépêcov
•&asoev'cv, m’ont prouvé que mon- interprétation n’était pas admissible,
et que tcpocoéj'opat signifiait ici pren d re su r so i, se charger de, su-
scipere in se . Bu reste, cette formulé n’était pas la seule qui’fut usitée;
on rencontre encore -xapasyévTo; ta âvaXtép-ava aa, éÇoitacâvTeiv -rè
•àvâXu|zaa3,ivOiiico|ziv(i)v vè â»âXu(iaai*, qui offre beaucoup d’analogie
avec notre locution fo ir é les fo n d s nécessaires, toïî tSfotç àvaXtfi-
La désinence-du mot xpoc$e^a|i4v)i; prouve que les fonds ont été
faits par une femme; Dans les ¡nscrqitions'du Péloponèse, où, comme
nous l’avons déjà fait remarquer, ces formulés -se • représentent fréquemment;;
c’est ordinairement soit la mèréa’, soit la femmea8, soit
la-fille s , soit encore la nourrice3“, qui-se charge de ce soin pieux.
J’ai cru devpir'choisiç dans les quatre-hypétlièses qui m’étaient permises
Celle qui p a ra ît la plus naturelle; et j ’ai supposé qu’il s’agissait
de la -fille de Polydamas, le mot © Y rA T PO C ayant d’ailleurs
le nombre de lettres que semblait exiger la restitution.
1 Comment s’appelait cette fille? La ligné 5 nous l’apprend; car il
est facile de reconnaître dans Al.l I HC le nom A IT T H C , attendu
la confusion fréquente de A et A 31. Le nom de A irni, j ’en conviens,
est pour moi jusqu’ici sans exemple , mais j’y vois une imitation manifeste;
bien que- peu exacte, de Vagnomen romain GEMINA,
GEMELLA-et GEMELLINA31, ce qui n’a pas lieu dé surprendre à
une époque où, sous ' tan t dé rapports, la Grèce se modèle sur
-Rome. Mais la fille devait en outre porter le nom de la gens, elle
‘devait donc s’appeler- Claudia.
Mais pour- que ces noms de KAA’A IT TH C soient rejetés à la
ligne-' 6 , il1 faut que Claudia Ditté ait été désignée non pas seulement
comme fille, mais soit comme mère, soit comme épouse. Or, il
paraît évidentque le nom du fils ou de1 l’époux nous est donné, ligne 5,
par les lettres Al ACIOY qui indiquent suffisamment le nom ©Al A-
CIOY, le © ayant disparu lorsque la pierre a été brisée. Pkliasius
est un nom peu commun, mais qui n’est cependant pas sans exemple
, car, suivant'Hygin 33; l'Un des Argonautes' s’appelait ainsi. Phlia-
sius appartenait à la mâme gens que Claudia Ditté, puisqu’il porte
aussi les noms de Tiberius Claudius', é t ce qui mé porte à croire
qu’il était plutôt l’époux que lé fils de Ditté, c’est que des deux mots,
MHTPOC et rYNAIKOC , le dçrnier paraît mieux remplir la lacune
existant sur la pierre.
' On :ne péut-critiquer le que j’ai rétabli dans la ligne 5 , parce
qu’il, nfest pas précédé de pàv , car c’est ainsi qu’il se construit dans
presque toutes les inscriptions **; '
Les’deux dernières lignes sont celles où la restauration est le plus
conjecturale, e t -effilés par conséquent où éllc présentait db plus
-grandes difficultés. Le seul mot complet que contiennent ces deux
lignes est le mot çuXîç. Il s’agit donc ici tie l'une' dés tribus de Mégalopolis,
mais malheureusement l’histoire ne nous en a pas conservé
-les noms. 'T out ce que nous savons sur les divisions de cette ville,
c ’est ce. que nous apprend Diodore de Sicile 3î, c’est-à-dire que pour
peupler Mégalopolis on y je ta à la fo is , suivant l’expression pitto-
•resqtie' de l’écrivain, vingt bourgades des Mcnalicns et des Parrha-
siens de l’Arcadie, ou^ ( i|i«vtîî tiç aùriiv x<5paç eïxoet tOv ôvopa^opfvuv
MawaXiwv xat IlapfaGÎoiv ÀpxâSuv. Mais encore sur ce point le texte
de Diodore n est-il pas bien certain, car les anciennes éditions portent
-(txoei ; un - seul manuscrit de la Bibliothèque du Roi’38 donne
TSTrapcixovra que Wesseling a reçu dans son texte3’’. A-t-il eu raison
d adopter cette variante ? c’est ce' qu’on ne peut décider, avant d’avoir
examiné la liste des xû>|mu introduites dans Mégalopolis, liste qui
heureusement nous a été conservée par Pausanias38 et que .nous
’ transcrivons ici :
Ménaliens, 10.
1 ÀMa'.
2. UcAXecVTiov.
‘ 3. EÙTOia.
4. Xouu.aTta.
5.; laaata.
6. nepaïOiîs.
7.’ ÉXiGOtôv.
.8. ÔpeoOaoiov. '
1 ? , .A'1??1.« - 1 •
10. Auxaia, al. AXuxoio.
Eutrcsiens, 6.
z i. TptxéXcuvot.
I l ¿ôirloi: ‘
i '3. Xaptoia.
14. IlToXtôep|za.
16. üapûpia.
/Egy tiens, 5.
18. -MaXafa.
19. KpSpot.
20. BXévtva.
Parrhastens, 8.
22. Auxocoupsïç.
23. ©uxvzîî.
'U TpaxeÇoévTtoi.
25: IIpoeit<.
26, Àxaxésiov,
27.; Axéyviov....
-28. Maxapia.
29. Aaoé«.
Cynuræens d’Arcadie, 4-
3-1. Qiima vi xpiç Auxaifp.
за. Auxoâvat.
,33i; ^içvipa.'''i --
Orchoméniens, 3i”'" - '
34. ©eisoa.
35.: MtfiûSpiov.
зб. TtBfitî.
. . Tri polis, 3-i . :
37. KaXXia. 1
38.' Âraoiva.
39. Ntévaxptf.
•14 Cf. Corpus Jnscr. gr. 1344, i 36o, i365,'1372^1^79, i 3g8, 1444,144g, etc.
14 T. I , p. ^ T s i X
“ Corpus Znser. gr. -11,
“ IV, 19, 8.
*’ Dans l'inscription de Mcssène publiée l. I, p. 45.
■' g Corpuslnser. gr. i 36,.
“ .Ibid. / ,
“ Ibid. 1298. Et M. Lctronne, Recherches, etc; , p. 420 et suiv. On (Usait
M. Jaubert, et conservée à la Bibliothèque royale, dans la salle du Zodiaque:
KAI
AU KEPAYNIQI
Ad'POAlTH I IIOAEI
AHMOI OMONOIAI
AYIAN1A KAI AYIANI02
TAS STOAS KAI TA
EN AYTAIS HANTA
EK TOY IAIOY.
Corpus Inscr. gr. z 444-
“ Ibid. i 344, i 365, 1-3,72;, 137g et 1926, où le mot yuvcüxa vient comme ici
“ .Ibid. 36o, i/|5o.
44 Ibid. 144g, etc.
J‘ Voyez Pl. 5r, fig. I , lig. a et 3, AAMAPH pour AAMAPH; et fig.VII, Iig. 2,
IOYAI pour IOYAI. Il serait facile de multiplier les exemples. Du reste, cette
confusion se rencontre même' dans les manuscrits. Voy.’ M. Boissonade sur
Eunape, p. 262, et Bast. Commehtatiopaloeograpliica, p. 711 et 721.
“ Gruter DCCCCXXX, 9, DCLXXVI, 18; et MXL, 6. Je neme dissimule
" Fabula 14, p. 38, cd. Munker. >68i in-8°.
44 Corpus Inscr. gr. aa23 , 2228, etc. Voyez aussi l’inscription d’Égine,
publiée p. 45 de cet ouvrage, et surtout le n“ 1227 du Corpus.- ’ -
. “ XVV 72.
44 M. C. .0 . Müller, Doriens, t. Il, p. 44g, cite le ms. sans nommer Diodore.
C’est le n“ a53g de l'ancien fonds.
. 4!i T:.VI, p; -53g.' Argentor. Ann. VII.
44 Vin; 27, 3. .
a 7