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nous avons remarqué son silence à cet égard ; ce qui nous fait encore plus regretter que notre mission
ne se soit pas étendue au delà du Péloponèse, car alors nous aurions pu aller en Béotie voirroar nous-
mêmes l’espèce de similitude qui existé entre les deux monuments que nous mettons en parallèle.
Voici comment s’exprime à cet égard le célèbre historien grec : «Quant au trésor de Minyas, c’est
une des merveilles de la Grèce, et l’édifice le plus beau qu’il y ait dans tout le reste du monde. Il est
tout en marbre; c’est une espèce de rotonde dont la voûte se termine insensiblement en pointe, et l’on
dit que la pierre la plus exhaussée de tout l’édifice est celle qui en règle toute la symétrie et toute la
proportion'. » Pausanias, en disant que c’est une espèce de rotonde dont la voûte se termine insensiblement
en pointe, nous fait süpposer que le monument de Mycènes était parfaitement Semblable,
quant à la forme de la voûte, à celui dont nous venons de citer là description; et c’est ce dont on peut
se convaincre en examinant les coupes représentées planches et 68. Probablement aussi, la taille des
assises devait être la même , car nous ne pouvons supposer que la science du trait ait été, à cette période
de l’art, plus avancée dans un lieu que daqs l’autre; et comme l’histoire nous apprend que la ville de
Minyas ou d’Orchomène et celle de Mycènes ont été bâties dans le même temps, leurs constructions
devaient se ressembler.
La chambre souterraine de Mycènes est donc construite comme nous l’avons dit plus haut, c’est-à-
dire, suivant un plan circulaire dont la voûte présente une forme paraboliqueWSes voussoirs sont
simplement des assises taillées circulairement et posées en encorbellement l’un sur l'autre, de manière
à observer la courbe qu’on a voulu obtenir; après quoi, les arêtes inférieures appartenant aux lits de
dessous ont été abattues. Les lits de ces assises sont horizontaux, et les joints n’étant concentriques que
dans une très-courte longueur, les intervalles qui les séparent sont remplis avec des pierres d’une petite
dimension.
La découverte de ce monument, si intéressant sous le rapport de l’histoire et de l’art de bâtir, a jeté
d'abord bien de l’indécision et de l’incertitude dans l’opinion qu’on s’était formée sur l’éçoque où la
voûte a été introduite en Grèce; et pourtant, bien que cette chambre souterraine ait la forme
d’une voûte , comme on ne retrouve pas en elle tout ce qui doit caractériser la construction
concentrique de la voûte verticale, on n’aurait pas dû regarder un seul instant cet exemple comme
une preuve de l’introduction récente de la voûte dans les constructions grecques. L’histoire, à cet
égard, vient encore à notre aide pour nous apprendre que les monuments de Mycènes appartenaient
à des temps bien reculés; et nous pouvons également rappeler ici les nombreux exemples qui ont'tant
de rapport avec ces derniers, et que l’on retrouve soit en Grèce, soit en Italie, soit en Sicile, et même
aux pyramides d’Egypte, exemples qui prouvent que les Grecs fermaient le dessus de leurs portes et
voûtaient leurs constructions souterraines, en plaçant horizontalement dès pierres qui se dépassaient
les unes les autres à mesuré qu elles s’approchaient .du sommet de l’angle, pour former ensuite un vide
triangulaire que nous devons considérer comme ayant donné l’idée première de la voûté.
D’après ce premier pas'dans la voie de l’art de bâtir, il paraît inconcevable que les Grecs anciens1 ayant
laissé autant d’exemples de la voûte, n’en aient pas fait plus vite l'application; ce qùi les aurait conduits
à améliorer ce principe, qui, déjà à l’époque dont il est ici question, était une belle conception, et
semblait devoir servir plutôt d’acheminement à la construction dé la voûte dans son principe parfait
d'application, principe qui ne parait avoir été atteint par les Grecs que très-longtemps après.
L’explication des planches, à laquelle nous allons passer de suite, nous permettra d’abréger cette
description générale ; ’nous pensons qu’en ayant sous les yeux les planches qui composent ce travail
nos lecteurs trouveront plus davantage et de clarté à les consulter qu a nous suivre trop longtemps dans
des détails qui pourraient fatiguer leur attention. Aussi, engageons-nous ceux qui voudraient étudier
avec plus de soin cette intéressante question, à consulter les ouvrages de ceux qui ont traité cette
matière avant nous, et dont les recherches archéologiques nous ont été si utiles.
1 Pausanias, Béotie, liv. IX , chap. xxxvm.
*
— I
EXPLICATION DES PLANCHES.
„ P lanche 63.
. Plan général deTemplaeement de Mycènes, donnant les chemins qui conduisent d’Argos à Némée e t à Corinthe' en
passant par le village. de Karvaty.
A.,. A ççopôle;
B. Partie basse dë l'acropole.
G. Petite p orte recouverte de son linteau.
D. Porte principale de la citadelle, dite Porte des Lions.
E. Partie du péri bolé de là citadelle où se trouvent plu-
. ■ sieurs espèces de constructions.
4$^' Mqnum<mt;^snnUairè rempli pa r les décombres de la
p^tie^upé^ iénre de sa voûte. Il est semblable à celui.
. ' indiqiié :par la lettre J. '
G. Village ruiné'.
H. Constructions cyclopéennes.brutes, et coupures dans le
■. rocher. Ce sont •vraisemblablement des restes du mur
d’enceinte de la yille::Sur la face intérieure de ce
„ mur, du ¡§ôté de,la citedell.è^Non.reçonnaît une voie
antique .conduisant au pont e t à |àchaussée qui est
après. Iu l . ’
J. Chambre souterraine, vulgairement appelée Tôtribeau
d’Agamemnonou Trésor des Atrides.
K. Soubassement d ’un monument, antique.:
L etM. Portes de monuments semblabas à ceux.F e t J.
N. Soubassement d’un monument antique:
jaS; Culée d’un, pont antique jeté sur un torrent , eii face,
duquel on voit les restes d’une' chaussée également
àhtiquë!
P. Église grecque en ¡ruinai. '
La fontaine dé Persée devait être à l’une des deux sources indiquées en dehorsdëifemplacement présumé de la ville,
et à l’une desquelles (es Turcs o nt fait une construction pour protéger les eaux.
' P la n c h é 6 4 -
PORTE DÉS LIONS-
• Fig. I , II e t III. — V ue, plan e t coupe dë la porte principale de la citadelle et:de l’avenue qui y conduit. .
, ..Indépendamment du caractère extraordinaire de] la sculpture qui décore le dessus de cette porte , que l’on doit attribuer.
aux ^siècles les. plus rëculés, n °us ferons aussi observer une circonstance non moins intéressante sous le rapport
de la. construction, des niurs de cette’même avenue';- c’est qu’à une'époque aussi éloignée on ait employé,’le système
d’appareil pa r assises horizontales e t joints verticaux, pour revenir ensuite, à: Un autre mode de construction moins,
régulier, lequel pourtaSt a souvent été p ris coimne ayant précédé celui dont nous parlons.
. La màSse sur. laquelle les lions o nt été sculptés, a tour à tour été prise pour.un m arbre ou pour un basalte v e rt; c’est
iilie erreur aussi bien dáns un cas que dans l’autre. Cette masse triangulaire, dont la base a une longueur d e 3 mètres.
20 centim.,‘et le sommët une hauteur de 2 mètres 90 centim., sur ùne épaisseur de 0,70 centim., est d’un càlcaire
gris, fort dur, d’un grain très-fin, e t semblable à ceux quë nous.ayons souvent rencontrés én Messénie et en Arcadie.
“Les murailles sont d'une tout autre, nature ; elles o n t été extraites dès massés mêmes qui sont dans cette-localité. C’est
.une espèce de brèche,y ou agglomération d ë cailloux bruns de plusieurs grosseurs, et de sable d'une Coulëur jaunâtre.
P lanche 65.
Détails '. :
Fig. I. — Détails, sur une plus grande éçhëlle, des lions sculptés au-dessus de la porte principale de la citadelle.
Fig. I |;k— Plan d’une petite porte indiquée sur le plan général par. la lettre C.
Fig-, III. — Élévation de la inêhië: p o rte , faisant voir l’arrangement de ;sès jambages et de Son linteau.
Fig. IV. — Coupe de là porte ci-deSsus, donnant les entailles qui servaient à sâ; fermeture, ainsi que le mur Construit
à lits horizontaux e t joints vérticaùx , après lequel elle se trouve réunie.