quelques.urnes le inort porte un rouleau à. la main *78. Est-ce l’éloge
funèbroBqu’on a déposé dans sa. tombe *79, ou bien l'indice d’un
philosophe ou d'un orateur*8®? G’cst ce que je né saurais décider:
Sur les monuments trouvés en Grèce, le voyage' suprême- est indiqué
d’une manière plus simple.-L*c mort y est représenté monté
sur Son cheval, et une courte inscription fait connaître son nom et
sa patrie *8-'. Quelquefois même pas d'inscription, comme sur 1 fattaip«
d’un tombeau cxistant^ujburd’hui à Ereinokastro sur "l'emplacement
de l’ancienne Thespies et que M. Stàckelbérg a - publié dans. ses
Tombeaux attiques '**?, Sur la face principale se montre un-cavalier
vêtu d’un yt-riiv yetpiSu-rô? et d’une yXau.u;. Son cheval est lancé au
gnlop, et l'on/distingue encore la trace des; trous qui avaient servi
à souder les rênes en bronze. M. Stackelberg voit ici- un cavalier •
mort tt. la bataille de Lcuctres , mais cette supposition- est purement
Peut-être fàut-il- comparer à ce dernier monument un petit'bas-
relief-publié par Caylus *83 ; et qui représente un cheval en pleine '
carrière monté :par un homme dônt le costume est celui d’un guerrier,
bien que sa tête soit.nue*8*. L a main droité de cet homme, la seule
qu’on aperçoive, car il est penché sur l’encolure de son coursier,
dont.ses jambes pressent les flancs, est presque entièrement mutilée,
en sorte qu’on ne peut-juger de son emploi. C’est ici surtout' que
le refrain de Bürger, die Todten reiten sc'hïiell, trouve son "appliL
cation. Sans doute sur les monuments que nous avons passés en revue
jusqu’ic i, le voyage funèbré-n’ést pas caractérisé par une-course aussi
rapide, mais si je ne me suis pas trompé sur le sens d’une cornaline
-onyx également publiée par Caylus *85, cette course impétueuse
Cette cornaline représente Un cheval lance au galop; il n’a point-
de cavalier, mais sur sa croupe se dresse un serpent ailé qui-tient les
rênes dans sa gueule. Chose assez rare, le cheval est ceint d’une large
sangle. «Cette composition,‘dit.Caylus *86, présente un de ces problèmes
d!antiquitê qu!uti homme: sage ne cherche point a résoudre, »
E t cependant il y voit. « le serpent Agathodèmon ou du moins la
représentation de cet animal si célèbre en Egypte. » Malgré l’arrêt de
Caylus, j ’essayerai de résoudre le problème en proposant de voir ici
la représentation symbolique de l’âme d’un héros portée sur le cheval
de la mort et se hâtant d’atteindre le séjour des bienheureux.
Plu^arqUe nous apprend.dans la vie de Cléomène*87 que, suivant
une ancienne croyance'grecque, le serpent était approprié aux héros
, et cela parce qu’on était convaincu que de la moelle des ossements
humains il naissait des serpents. Ovide prête cette opinion à
Pytliagore *88, Pline l’adopte sérieusement *89, et Antigone de Caryste
' renchérit encore sur ces différents écrivains en- prétendant que les
hommes auxquels -il arrive ainsi de devenir après leur mort le principe
d’une nouvelle création, sont ceux qui, avant de mourir^ ont respiré"
J’odeur.d’un serpent en putréfaction *9®.
Sans insister plus longtemps sur cette ridicule erreur, il faut reconnaître
que dans les idées religieuses de l’antiquité, le serpent, symbole
de l'âme, représentait les gcnieséîou-.héros «yy^ipioi, QU vbien
encore les serviteurs-de "ces héros ?9>.. ■
■ S’il restait encore quelques doutes .sur le sens dés bas-reliefs funéraires
où figure un cavalier seul et sans-aucün attribut spécial, il
est une branche de cette famille de monuments qui doit lever toute
incertitude. Je veux parler de^ceux qui nous offrent des enfants montés
sur-un Cheval. Ordinairement ces enfants, bien- que morts-dans "
un âge très-tendre, ainsi que le constate, l’insèriptién jointe au bas-
rdiief, sont représentés commé s’ils avaient atteint les dernières années
de l’enfance *9*. -Ce n’est^donc pas l’énfant- teî qu’ii était à sa
.dernière heure, mais l’enfant devenu héros, que le ciseau de l'artiste
a voulu retracer.
I¡e sçul monument de "ce genre que je puisse rattacher à la catégorie
dont "je m’occupe en ce moment, c’est un bas-relief funéraire
conservé à. Rome dans le palais Massimi. Une copie de ce bas-relief
et de l'inscription-qui l ’accompagne a été publiée par Montfaucon *93.
L ’inscription avait été précédemment insérée dans lè recueil de
Grortoviiis *9* et dans celui de Fabretli *95 ; depuis elle’ a été
successivement reproduite par Bonada “96, par Brunck *97 et par
M. ,ïacobs *98. Elle est ainsi conçu! :
Baièv ¿meriî«a? ¿vOcc^e 'ni|tS®v aOpnaov
xtov «nonica?i^vo? ivoaot -rtfibov aupnaov
xatoè?— çtovw paljüv ,.a^foV ¡/.y/r-r.rpò?7co' cÔHMrfapivoù à“077Taa£vo-j ■‘
£6T0 S’èy vExucsst ).i—ùv craTpî -ÉvOo; aXnx-n
Sictr/iv *99 cr).r cwoac mvittia S5v> ouvéStùô’
-Jv ysyaàç, olo?xoV içuôtv1
0paini? ÀXxtiîïiç n xa).ôç Èviup.»
i« ‘i r
Arrête un instant tes pas et contemple le tombeau d ’un enfant
. qui s’est envolé tout à coup loin des mamelles de sa mère. I l est
allé chez " les morts', laissant à son père une. douleur qui ri aura
pas de fin. Il'avait vécu deux fois cinq rèvolutionsluriaires., et
il était tel que fut lacchus, ou l'audacieux Alcide, ou le bel
Endymion.
, dit M. « On s’étonnera- peut-êti Iacobs#®.1, de'v- n enfant de
dix mois à Cheval ; c’est que son père l’avait fait représenter sous la
forme de l’un desBioscures.» Je ne saurais admettre cette explication.
S i l’enfant eût été assimilé;à-l’un des Bioscures, l’artiste l’eût
représenté dans d’autres proportions. I l est à cheval parce qu’il est
devenu héros comme tous ceux auxquels on le compare et qu’il- est
emporté parle cheval de ©avare?.dans le séjour de la félicité éter-
Cette modification apportée par l’apothéose dans la taille des enfants
morts,-ne se rencontre pas seulement sur les monuments où.
l’enfant est représenté à cheval. Nous en voyons un exemple curieux
dans le tombeau de Heteria Superba publié par Montfaucon 3®3.
Cette jeune fille,"morte "à dix-huit mois et vingt-cinq jours, a. sur le
irami, Mon. Etr,
a plus haut, p. ia<
ez plus haut, „
sis sur L ¿pi™«. ^
:cit,, t. V, pl. UV, %. 5; .
T, p. i 53. . ::
'9- MaXtffra twy Çwmv rèv Spaxana tqïç ijpwoi ci
am. XV, 38g sq.
Cf. Set-v. ad. A
*•» X, 66.
pleraque enim
I; Voyez Virg. Æn. V, 8.-1 - 96, et Servius sur ce passage.
»■ HoatC, Jet. expi., t. V, pl. XU, Gg; a. Fabrcui, Inscr.Ai
13 Ani. expi., loci cit.--
*•* Castrili us, Prolegg. ad Bellor. demon, net. Rom., inThes. Gron., t. XII,
Praf. " :
«• T. I Irp r54a. .
».* Anth. gr. Eipi.t.IV, p. i 56. Anth.Pal. App. n° i 36, til l, p. 86a.
*» Lç marbre porte AICCHÇ ijui est évidemment une faute du graveur.
300 Brunck:sHon placettquecv quodsicnoùtralilorusurpannonsolctjmallem
¿0? T.i-f IfU im’ ’laxypt. * M. Iacobs propose une autre correction qui se rapproche
davantage de l’original : oTé? noti, f«tv, 'laxyo;. Mais dans l’état de con-
•e qui
tion a "été gravée
*•' Anth. Lipt
*» Voyez Ingl
çw» peavait être
t. XH, p. *37.
irami, Mon. Elr.,
..V, pl. XL.
monument la tàiUe.d’üne femme. Montfaucon ne. voit" là qu’un caprice
des parents; il y a plus,"il y a une.intention religieuse.
.Je ne sais s’il ne conviendrait pas de .rattàchèr au-voyage suprême
les urnes étrusques représentant:un ou'deux personnages dans..un.
chariot.couvert et attelé de deux chevauxau devant duquel yiènt un
cavalier. .Gori apublié deux de ces urnes3®^ Sur la.première, léchai-,
.qui contient deux'.époux, est précédé d’un enfant portant une corne
d’aboudance et suivi>--d!une>'femme -.qui..conduit Une jeune fille en
- bas âge; sur la- seconde; on voit devant le chariot, qui ne renferme
qu’un.seul voyageur, uneK^p ailée et portant deux roues, accompagnée
de. deux personnages tenant en main le bâton indice du voyage;
derrière vient-une famille composée d’un, homme, d’un" vieillard et*
de deux enfants. L a marche est fermée par .une Kip ailée tenant un
flambeau en -main. Ce dernier bas-relief a un 'cara'ctèré funéraire incontestable,'
et le nom que.je propose de donner h cette classe de
monuments, lu i convient peut-être mieux, que celui de .pompe nuptiale
qu’il a rèçu de Gori 3o5, ou que celui de déménagement rustique
par lequel Visconti a- désigné 3®^ un bas-relief du musée royal,
que. l’on pourrait être tenté de comparerïa'ux urnes étrusques dont
je ." viens-,de. parler,. v.-
, Je crois devoir rapprocher de ces:deux sujets une stèle funéraire
du mùsée.de Yérone 3®7,-où l ’on voit "un‘homme assis sur un chariot
à ilèux roues traîné par ù'n cheval, et une autre pierre de là même
collection 808, représentant un .chariot è quatre roues, sur.lequel est
assis un personnage." vêtu de la toge. Un seul cheval est attelé à "ce
char ; ".il. est 'conduit par uii ésclaverqui ; assis sur un siège, adapté au
char, tient le Jouet en main. Entré les jambes du cheÿalbn distingue
un petit chien. Les inscriptions latinesqui accompagnent ces monu-
-" ménts; n’anUoncent pas que ces deux.sujets se rapportent à"la pro-
fession des différents individus auxquels les deux pierres tumulaires
sont consacrées; on ne peut donc, selon moi, y voir qu’une" allusion
au dernier voyage.
Quelquefois .aussi le mort devenu héros où génie est ramené à
des proportions enfantines, comme sur une urne romaine, publiée
par Montfaucon 3°9, oit l’on voit, entre autres ornements symboliques',
un enfant ailé, monté sur:;un hippocampe, fendant les flots
l . lde.l’Oçéàn.. I l est vrai que l’inscription de .cette urne :.n’indique pas
l’âge du mort. Mais: cé". qui vient à l’appui de mon observation,
c’est que sur un autre .-monument. semblable-^Vqüe'.nous four,
nit le même .recueil, bien que l’inscription - se rapporte à un
fçüne - garçon de treize ans un -mois dix-neuf jours , lbippocampe.
• qui-repose, non sur les vagues de la mer, mais sur des fyxapaa,
porte, un enfant sans ailes.dans:l’âge le-plus téndre, et- nbn pas uu
adolescent. .Je suis-d’ailleurs d’autant.plus disposé à trouver dans ces
sortes de sujets une ¿représentation symbolique, du mort dont l’urne
contenait les ossements, que, comme on vient de le voirj le jeune
cavalier emporté par le monstre marin n’est pas totijotirs représenté
avec des ailes ; 'et que sur les urnes étrusques lé voyageur
auqueljfiqTOonnëiinê.pareille monture est enveloppé d’un linceul qtii
lui couvre la' tête ct la bbuclie,’ ajustement qui, comme j ’ai eu'occasion
de le rerâaraüer déjà,..caractérise essentiellement, les âmes en
route pour les champs fo.rtunés 3,r. . - "
J ’àjo.uterai.que depuis-l’époque-oh les poètes placèrent-le’séjour:
des dieux dans les sphères supérieures", oit l’Olympe, en" un mot,
devint Une région céleste 3l“ , le=chéÿal . do l ’apothéose fut souvent
un chéyàl ailé; et il me suffira de;citer la fameuse agate de la
sainte Chapelle, où Brusus,. père de Germanicus, monte au ciel
porté par Pégase, que-conduit .un petit génie aux ailes éployées.
Enfin,--sur les tombeaux anciens, et surtout sur ceux des
Étrusques, le dernier voyage,est quelquefois indiqué par un
triomphe 3,3, ou par quelque' scène mythologique où le cheval
joue un rôle important, comme, par exemple, l’enlèvement d’Hélène3'*
et la mort-.d’Ampliiaraüs 3l5. Sur presque tous " ces monuments
la présence d’une Küp letflambeau en main annonce l’allusion,
funéraire.
Gè sont% surtout les tombeaux étrusques qui. m’ont fourni les
éléments de cette oinquième classe. Je vais en examiner successivement
sept dont j ’ai trouvé- la; copie dans le Musée étr,usque de
Gori, et dans le recueil:de M. Inghirami.
Sur le premier 3,lî, le-mort arrive à cheval; sous les pas de- son
coursier est un vase renyersé que-Gori prend,' avec assez-de vraisemblance,
pour l’urne de la mort jd’où le sort fatal a été tiré 3l7.
Peut-être aussi", comme :sur le vase peint d’Àcræ, est- ce l’urne de
la vie. Bevant lè cavalier sont-frois- femmes:voilées,- sans doute les
Parques, dont deux lui montrent là rûutè; qù’il dôit suivre; tandis
que la. troisième,le prend parla main cqmm.eipqur le conduirè.
Le. second 3,8 nous offre une scène: tout, à-fait semblable ; seulement
-les: trois Parques ne-sont-pas voilées, et le mort est suivi d’un
génie ailé.qui l’accompagne".suspendu-dans les airs..
Le troisième 3*9 -représente également" le-mort- arrivant monté
sur un cheval, entre les jambes ^duquel on distingue un bonnet
phrygien.- Beux femmes voilées,,et le front ceint d’un diadème
viennent à sa rencontre; l’une d’elles le prend par la main droite.
Berrière les deux femmes est un homme enveloppé d’un inan-
Faut-il, avec M. Inghirami , admettre que le.; héros , devenu immortel
a franèhi ja 'porte australe ou du capricorne pari laquelle
on arrive chez les dieux 3*° ,i qu’il s’avance à la rencontre des
Naïades qui font leur séjour dans l’antre du monde 3*‘ , d’où il se
dirigera ènsuite vers le ciel des étoilés fixes, accompagné d’un génie
qui le guide3** ? J ’avoue, pour ma part, que je suis d’autant moins
porté à accueillir ce système d’interprétation, que M. Inghirami
lui-mênie doute du sens qu’il donne' à la figure d’homme-3*3.
M. Inghirami proposé dè reconnaître, dans le bonnet placé, sous
les pieds du cavalier, la coiffure de Némésis qu’où, explique de
différentes manières, mais, où' l?On voit surtout une représentation
du ciel:3**, de même" que les Bioscures-représentent la rotondité du
monde, ou-plutôt l’hémisphèrè céleste." Peut-être a-t-il raison; mais,
même dans cette supposition, je ’n’admets pas avec lui que le héros;
' en foulant aux pieds ce bonnet, indiquerait son passage dans le
ciel des étoiles fixés.
Sans doute les mythographes des bas temps noUs ont transmis
beaucoup de notions précieuses, et dont.l’origine antique ne saurait
être contestée ; mais on ne peut nier non plus que beaucoup d’ivraie
ne soit mêlée au bon grain, et.que baser uniquement l’interprétation
d’un monument sur' les idées- de Porphyre, c’est courir- le
risque de s’égarer entièrement, où du moins d’aller beaucoup trop
"Ainsi, selon moi, on ne doit admettre, de toutes les idées
émises ,par le savant antiquaire de.¿Florence, que ce seul point :
« Lè monument qui nous occupé représente le dernier voyage, »
Tout le reste peut être ingénieux, mais est dénué dé preuves suffi-.
*•* Mut. Elr., t. I , lab. CLXVIIII, fig. a, et t.IH, cl.n i, tab. XXII, fig. .© - *»* Ibid. tab. VII etXXIX, Gg. a.
50S Mas. Élr., t in . Diss. IH,^ daSepuler. omam.,c.XII, p . 17»! J,s Ibid. tab. IXj fig. à, et XII, Gg! 1.’ ”
« Dèseription dei antìq. du mosce nyal'rn°' 43 i p. Paris, 1817, in-8°. 1,s Gèri,Afoi. Elr., t. ì , tab. LXXXIV, Gg. 1.
’•7 CXIA.IO. , " ' . ' "’ -"-p Omne capax motel urna nomen, Hor. m, od^XiVcL: U, od. 3, Voyez
** ■ •' - Gori, Mas. Str., t.’II, p. 189. "
*»» Ani. expiJÈ v;^pi. LXXXI, Gg. i .‘ ' 3" T. I , tab. CLXVIIH, Gg. 1.
8,» Ò'p..cit. t:V,:pl. LVI, Ggl a. 3'9 Inghirami, Mon.Elr., Ser. I, tav. XV.
sii Voyez Ics Mon.Elr. d’Inghiramii SÒf.I.tar. VI. 3,0 Hom! Od! X Ìn, 144-148.^Porphyr. de antro nj-mph., p.izx.,
3” Virg. Eel, V, 56 sqq; ■ 3"'ForoKyr! Ibid.
3,3 Gori, Mas. Elr., voli III, ol. m-,.tàb, XXVIII. Le inori eòtiohé sur '*• Inghirami, Mon. S(r;,óp, dh 1 1, p. i 45.
cotto urne licnt dans la main droite un rhyton doni l’oxt'rémitd inférieure se 3>3 Ma dì questa serbo tuttavia qualche dubbio. Ibid.
termino par un poitrail et ùnc tdtc de clicvai. 3l< Voyez Inghirami, ser. n , tav. I , p. 7'. -