( lo pH
La conjecture do-M. Ross me paraît tout a fait inadmissible. Sans
doute-il faut avec-'lui¡reconnaître le mot NEGOTIA dans lesihuit
dernières1 lettres de là ligne a du numéro i iS ^ ; mais-là se borne la
conformité de cette inscription avec lauôtre; Le numéro 1137 a etc
trouvé à : Argos, et non dans les environs, comme celui -avec lequel
M. Ross veut le confondre; c’est évidemment un titre bilingue-.com-
posé de quatre lignes, dont deux latines et deux grecques; on y lit
sans difficulté MA[R]CIVM à la première ligne, MAPKION à la
troisième; et s’il y avait identité entre les deux monuments, ce qui
est d’une impossibilité manifeste, on aurait peine à s’expliquer comment
Apianus n’aurait pas donné les deux lignes grecques qui existaient
encore au temps déFOurmont.''
Tout co qu’il est possible d’accorder à M. Ross, c’est que le n °i 1.37
du Corpus et notre monument doivent être de même nature e t avoir
été élevés successivement par une même corporation de marchands
italiens établis à Argos., en l’honneur de deux-personnages romains
dont l’appui leur avait été utile. E t comme ces deux monuments peuvent
s’expliquer l’un par l’autre, examinons d’abord quel peut-être
le sens du n° 1 i3y et: quel est. leMarcius auquel il est consacré. Cet
examen¡|j|U nous conduit à un résultat satisfaisant, sera d’autant
plus utile1 que M; Boeckli n’a pas jugé à-.propos de se livrer: à . ces
recherches. Voici tout ceïqüîikdit d e cette-inscription :
« In vs. 1, a , non hærcbo : vs. 3 , 4 , habes Koivïov (leg. Kéïvrov)
Maa'pxiov. . . . -rou uièvÎb)yatTa[v ?]. Aliundc nota scriptura Maa'pxio; :
vide Indièem. »
M. Boeckh ne dit pas ce .qu’i l . entend par.le mot 1hrfaî-m ; y
verrait-il un nouvel ethnique de la.ville deRhegium, au lieu de l’adjectif
ordinaire tbiyîvov? c’est ce qu’on ne saurait deviner. Ce qu’on peut
affirmer avec certitude, ¡c’est qu’on ne doitpas lireibiyaÎTm, forme qui
n’a pour elle aucune autorité et dont M.Boeckh doute lui-même, mais
bien voir dans PHTA l’accusatif grécisé du motÆex45, surnom
commun à la gens Marcia *®.; de même qu’onidoit reconnaître
dans les quatre lettres qui suivent,.les premiers éléments.du mot
ItcAoî ou lT«XtÜTat.
Mais quel est le Quintus Marcius R e x , auquel les. négociants
italiens établis à Argos ont élevé une statue? car c’e s tJ à .le sens
qu’on peut, avant -toute restitution, tirer des accusatifs MARC1VM
e t MAAPKION lignes 1 e t 3 ,. e t des éléments ITAA ligne4 , et
NEGOTIA ligne a.
De tous les membres de la famille Marcia qui ont occupé des postes
éminents, le seul auquel paraisse tout d’abord se rapporter le n° 1
c’est le Q. Marcius Rex qui fu t consul l’an de Rome 685 (69 ans av.
J. C.4’); car on sait avec certitude que son père, qui fut également consul
en 635 (11 g ans av. J.C.48), et qui est regardé comme le fondateur
de Narbonne, portait aussi le prénom de Quintus, dont on retrouve
les dernières lettres ligné 4. Mais plus d’une difficulté s’oppose à ce
qu’on pense au consul de l’année 685. D’abord rien ne d it ici à
quel titre on lui élève une sta tu e ;.h is to ire , qui se borne à enregistrer
son consulat«, son proconsulat en Cilicie5», le commandement
qu’il obtint contre Catilina5*, e t sa censure5’, ne nous autorise point
à supposer q u il a it rempli en Grèce quelque mission importante;
mais ce qui est l’objection la plus forte, c’est que les Italiens, qui en
69 jouissaient depuis vingt ans environ du droit de cité, ne devaient
plus , dans les provinces, prendre le nom d’Italici. '
“ C’est ainsi que ce nom est décliné,par les Grecs. Plut. Num. ai, & èiè
TOÔTO «A !P îy “ « yniatai mpwifim, foip lert Appian. B. C. II, n 3,
iwl fcst TovcoK 'Poéêpiov 'Pnya. (Schvreighxuser propose de lire 'Pdêyav.j
“ Suct. Ces. 6 : Ab Anco Manto tant Marca Rcgcs.
” Dio Cass. XXXV, 4.
" Frcinsh. Suppl, Livian. XII. i.
I Dio, loe. cit. - -A
“ Dio, ibid; cm5. .-.
“ Sallust. Cat. 3o. Il)id:33 et 34-
” Cic; pro domo sua , So.
" Gcll.-XIU, 19. Plin. Hist.inat.II, 3i-.
“ liv.XXXni, »5. . ,
“ C.17: ; \
• Cette.dernière objection ne peut s?éleverirelativement<au.-père-,tqui
fut consul avec M. Caton53 en.635 (iMg'ans.avant. J.fG-.),- mais:les-
deux autres subsistent dans;toute leur.force; Je:seràii jo n c porté à
croire qu’il est ici-question du:.tribun du-: peuple Q.- Marcius Rex
qui | l'année même oh Flaminiuus proclama; l’indépendance des .villes
grecques aux, jeux isthmiques, avait obligé les consulsà confirmer
la,paixavec Philippe,-roi de Macédoine5*. On conçoit-que.les.négOr
ciants italiens,,dont la guerre devait compromettre grièvement les
intérêts, aient témoigne, publiquement leur reconnaissance au magistrat
dont la protestation énergique avait:amené la.paix-., Sucette
conjecture est fondée, le n° 1137 serait antérieur. :de .cinquante-
quatre a n s à l’inscription latine gravée eu. l’honneur de Q. iCæciJius
Metellus; mais sÿ îo n préfère au tribun .le consul de l’anÆ35,‘ il n’y.
aura entre les deux monuments quhin intervalle de vingt-cinq aps.
Quoi jipj’j l en soit, d’après les considératioi îs qui précèdent, le
n° 1137 peutêtre.ainsi restitué :
[Q.] MÀ[R]ÇIVM.Q.[E..REGEM]
ITAL1C[I QV]El [ARGEIS] NEGOTIAN[TYR].' -
KOINTON MABKIO [N KOIN]
TOT ÏION PHTA lTAA[OIiDli] - | |
[EN APrEI nPATMATEÏOMENOl]^^
Quintum Marcium Quinti filium’Rcgem-
Italici qui Argis negotiantur.
E ôÏvtov Maapxiov KoiVtou uîèv Piya
IraXo’i oi èv Apy« iipayfiaTtuo'u.tvoi.
A Quintus Marcius R e x , fils d é QùintUs,
le s négociants italiens établis à -Argos -
Le sens donné au verbe spoypaTtuéfiivoi peut être justifié par
deux passages de Plutarque que cite Schneider dans son lexique grec.
Le premier est emprunté à la vie de Sÿlla55 : KdîvT^ÆÎ-notoùx crçovi);
âvip tSv iv T7i ÉXXaii rpayjta-riuofuvuv 56. L’autre est tiré de la vie de
Caton le jeune 5? : % a i ’ ipépa toÙç Tpiaxociouî, oU ixpÜTO PouX?,
Pupaiou; piv ovtoç , h ht Aiëify ïrpaypâttuppÉyouç. an' èpiropfaç xaf
éavtiepüv, u t Upèv Aièç éxtfpu-rre cuvisvai.
11 resuite du premier de > ces passages-, e t 'd e beaucoup d’aulres
encore58, que des Romains de distinction' (oïdina'irement'chevàliers)
faisaient -la banque en Grèce , sans-doute’depuis la - conquête e t
l’établissement de la province d’Achaïe. Le second prouve qu’il éu
était de même en Afrique, et c’est ce qu’on peut conclure aussi de
ces mots de Yelleius Paterculus 59 : fi/c.(Marius) p e r publicanos,
aliosque in A fr ic a negotiantes cnminatusMetellilerititudincm,etc.
Il serait facile de prouver qu’il en était de même én Asie®0, en
Sicile ®‘, en Gaule **;'ête;':
Mais dans ces différents textes il n’est question que de Romains, tandis,
que des deux inscriptions dont nous nous, occupons il-résulte avec
évidence, qu’antérieurement à la conquête romaine les Italiens.avaient
exercé ce genre d’industrie; Probablement depuis la destruction de -
Gorinthevils trouvèrent.dans lès chevaliers romains des compétiteurs
redoutables; peut-être même furent-ils ¿xclûs par ces derniers, ce
, *’ -2:59.
” Cic. Ep. ad. Fam. XIII, 17. Curius quiPatrisnegotiatur. ,
w p , 11, a.
Cic. Flacc. »9. NegotiarU in libéra cmtatc. Quotuque negoliabere? Annot
jam iriginta yersarit in/oro, sed lamen Pergameno. Id. Flacc. 36. Mater in
(•J
,qùi,' indépeiKlamnjent desÆp-constanccs déjà connues,- expliquerait
l’acharnement avec lequelS^insistèrent pour Obtenir-le droit de cité,
qpi ' pouvait seul leur permettré d’entrer en concurrence avecvles
banquiers privilégiés de l’ordrê équestre.
' Tout'ce qui précède nous d isp q nM .-d ^ fi''^ h e é^iliçaüoir pour
le monument, de Merbacca. L c ^ h in tu s 'CÎeciijus Metellus,; auquel-:
il 'e st consacré , ne peuf - être autèe que celui-qui mérita le Surnom
dc Macédoniens, et qùi-fut consul l’an de Rome 6ro*(i44 av. J. C.).
Les banquiers italiens d’Argos, qUij'-commejJè^banquiers de tout
temps,;désiraient .la paix à tout prix, -lui témoignèrent sdus doute
leur gratitude^pour avoir mis fin à une guerre que Q. Marcius Rex
avait cherché à empêcher. La- seùlë difficulté qui s’oppose à cette,
supposition, c’esjaque le père dè Qi -Catçilius Metellus Macedonicus
s’appelaiu_Qiiinfus„et nôn Caïus; olle disparaîtrait si , comme le
propose Gudi, oW lisait Q. F. au lieu de C. F ®3.
’8.'
Fragment il’inscription copié p a r M. Bÿgard. Quinet sur le toit
d ’une église d ’Argos :
L’une des questions les plus importantes.,- mais en même temps
les plus difficiles e t les plus obscures que présente l’histoire grecque,
c’est sans aucun doute celle des assemblées amphictyoniques. Grâce
aux travaux successifs de Prideaux , d ç Van-Dale, de Charles de
Valois, de Saintè-Groix, e t surtout de Tittmailn et de M. Létronne,
la .plus.^ importante.-de ces fédérations, cëll.e dont le siège était à
Delphes, son organisation, son-but,.le nom et.les attributions des
différentes.classés de magistrats civils ou.religieux; qui y représentaient
les différentes nations helléniques, sont aujourd’hui bien déterminés
èt. bien cobnus. Mais on n’en peut dire autant des autres
assemblées de même nature, de celle d’Argos.par exemple, qui dut
exercer une si grande,influence dans le Péloponèse. Tout ce. qu’on
en sait,se borne.au petit nombre de pages que Sainte-Croix lui a
consacré < s&ins son bel ouvrage sur les gouvernements.fédératifs,
et encoi^^S'premier essai n’est-il pas. exempt, de .quelques erreurs.
J’espère monç qu’01^ accueillera avec quelque intérêt les recherches
auxquelles je mè suis livré sur ce sujet, à'l’occasion d,’une inscription
copiée par M. Edgard. Quinet. - -
. M. Quinet,-.entraîné par. les écarts d’une'.imagination aventureuse
e t p o é tiq ü é^ t-ju g e an t du sens des. monuments par, quelques mots
.isolés, a souvent v u , dans les. inscriptions qu’il a transcrites., tout
autre chose que çg.qu’elles contenaient. «Le vent dît midi.qui soufflait
constamment me donna , dit-il ®4, dès l’arrivée. une fièvre
lente, en sorte qu’il me devint bien difficile.de' me tenir debout.
Mon sommeil ne valait guère mieux que celui des Atrides ; c’était
le cauchemar albanais, et sous ce ciel im prégné,du.parfum des
citronniers, je ne pouvais fermer lés yeux sans voir autour de.moi
les.squelctteç de là Messénie se ranimer et ramper, par lambeaux
sur ma poitrine..Je.ne savais.que me.traîner sur le toit des cha-
pellos ^ )ù .¿oàt .flanquées .tant de belles inscriptions,.: ou c’était
un marbre grave pour un vainqueur des fêtés néméennes, ou un
tribut apporté aux. Argieiis, ou la consécration d’un néophyte des
premiers, temps^diii christianisme-,, ou la pierre sépulcrale d’une
femme. romaine;,» . . ..
Lorsqu'on,sê laisse ainsi maîtriser par la Jolie du. logis, on ne
peut pénétrer,dans ; le champ du, positif sans courir lé risque de
s’égarer à chaque pas; aussi M. Quinet a-t-il fait d’étranges bévues.
Ainsi il a;pris un agonothèle pour un vainqueur aux fêtes néméennes65;
une inscription relative à la . reconstruction d’une église au dix-
septième siècle de. notre ère, pour la .consécration d’un néophyte
aux premiers temps du christianisme 66 ; la base d’une statue élevée
à une femme d Argos, fondatrice d’un gymnase et ¿l’un bain, pour la
“ Ad Grut. iociÇit.'
• “ De ta Grèce moderne et de ter rapports arec rantiquité, Paris, i83o,iD-6’,
■ »33 ct suiv. '
■OI:\ ' ■'
pierre sépulcrale d’une femme romaine®?; et qrffin un au ra it du
registre des amendes prononcées par l’amphict$mic d’Argos, pour
i'.v un tribut apporté aux Argiens: C’estTinséription dont .je vais in’oc-
cuper qui a donné lieu à cette'dernière méprise. Voici la' copie de
M. Quinet: :
Î1H 0 2K A T AAiKAlAEON
XXAAE102Xf HANA *
KATAAIKAIK
T ilN A PK A A n flIA E
5' A I. A T NÜ K Al A A2 APO
E TIXXPAPXIXENH2 '*
K A A n i^E T IX X PA N A 'PO *
K O N O yT nN A PK A A hN A E T l
Al T O KQlNQNTflNAPKAA
A M A H K A ^M ^ JÀ EO IK ÎS
, O A A I f lN l’ÂE^TIX = = = = X P 0 É P 2
* TO KO lN ONTflNAPKAAflNAE
STAAASKAEflNAITOKO 11 G
XET IXÉ=È=XP0EP2IAAN0
0N2TYM ct)À AinNI
X PrOAYM '2 *éI0 I0 2 TO
KO NON T f lN APKAAflN
MENA Al AA2KAEHNAI APKAAflN
, AETI B O B 0 0 0
a o .. - . .A PÔV\l2 T f lN 2 TY
Les quàtge premièi-es-lignes . de-cette inscription étaient déjà
connues. M ., Boeckh le s 'a publiées sous le n° i i4 5 , d’après les
papiers de Fourmont. qui les avait copiées d ans l’église'de Iq Sainte- ‘
Vierge. L’é'glisc sur le toit de laquelle; QuineQlcs a,‘ retrouvées,
augmentées de seize autres lignes, est-cllè la même que. cell’c où
Fourmont' les avait’lues? C’est ce q'u’il serait impossible dé. croire
sans accuser ce'dërnièr d’uiie extrême négligénËe dans, la transcription
d’un monumentaUssi importanf.-.Or, c’est’un-reproche qu’on ne lui
a pas encore adressé.et qu’il ne mérite pas. .11 est donc plus naturel
de penser que lors de son passage à Argos, lé marbre dont il s’agit
était presque entièrement enfoui dans les constructions oii il l’a trouvé;
que depuis il a été dégagé, et, qu’offrant une dalle assez large, il a
été employé-à la couverture de. ¡l’église; Peut-être aussi Fourmont
n’a-t-il pas vu' l’inscription, et s’estril' contenté de joindre à ses
papiers une copie restée imparfaite qui lui aura été communiquée^
Quoi qu’il en soit, les quatre lignes, dans lgs deux copies, présentent
des variantes notables. Pour les faire mieux apprécier,’ nous
transcrivons ici- celle de' Fourmont.
AIAAIKJÎfAEO
. XXXAAAr: ©2XPHANA
2 . KATAÀIKAI K
XTtùNAPXAACùN •
M. Boeckh émet sur Oe-monument ' l’opinion suivante : « Titulüs
satis récens quod doqet’,: vs.,4, W in voce vüv Àpxaioiv. Inscriptæ
erant pecuniæ partim ex multis. (xataSixaif, y. 3)., Ex tali summa,
vs. 2, superest XXX[AA]AI, 3 o3i.» .
La conclusion qqp M. Boeckh tire de la forme dé l’oméga, pour ,
rattacher notre i(fkcription à une époque assez récente, cstannujée
par la copié de M. Quinet, oii -Ccttc lettre a partout la-forme f i .
On peut même, d’après cette forme,'ét surtout d’après l’absence de
tout nom iromain, affirmer a priori qùe ce monumedt est antérieur
à la prise de Corinthe. Les faits viendront plus'tard à l’appui de
cette opinion.
“ Voyez rinscriplion n° 5, p. 96.
■ “ Voyez l’inscription n* 11, p. io5.
•' Voyez rinscriplion n* 10, ibid.