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moire. Ces gros Infe&es font les Scarabés , les Tarentules,
Scorpions, Efcarbots, Sauterelles, Scolopendres, Araignées,
Bourdons, Demoifelles , Hannetons , Mantes, Blattes, Cy-
gales & autres Infectes de la grande efpece.
Les petits infe£tes,tels que les Mouches,les Araignées,Papillons,
Abeilles, Vers à foye , Fourmis, Chenilles, Cochenilles^
Kermes,& différens Vers mis entre deux Verres bordés de
cire, crainte des Mites, rempliroient la quatrième armoire.
L a fuivante ferait partagée en trente-îix tiroirs pour les
Coquillages , qui y feraient divifés en vingt-fept familles ou
genres , fuivant la nouvelle méthode. Le furplus des tiroirs
ferait pour les familles nombreufes , qui en demandent deux
ou trois chacune.
Bonanni appelle les armoires qui renferment des Coquilles,
Coclcarium , qu’on peut fort bien rendre en François par celui
de Coquillier , de même que l’on appelle Médailler , une armoire
remplie de Médailles.- - ,
L ’arrangement de ces Coquilles demande ici quelque détail.
Les Naturaliftes les difpofent par clalfes & par familles j
c ’eft fans contredit la meilleure maniéré & la plus méthodique.
Ils mêlent, fuivant ce principe, lesbrutes avec les. belles
, les grandes avec les petites, de farte que l’oeil en eft quelquefois
fatigué ; mais cet ordre méthodique qui préfente
toujours à l’efprit une fçavante diflribution, doit être préféré
à l’ordre fymmétrique. Rien ne doit être arbitraire dans
les principes : il ne peut y en avoir que dans l’ufage que l’on
en fait j ainfi le coup d’oeil ne fait rien : la forme, l’inégalité
des grandeurs , la fymmétrie, les places ,ne doivent point arrêter
l’efprit d’ordre.
Les Curieux au contraire donnant tout aux plaifirs des
yeux , facrifient l’ordre méthodique, pour former des com-
partimens variés, tant dans la forme des Coquilles, que dans
les couleurs l’émail en eft charmant, & c’eft le plus beau
coup d’oeil qu’ùn puiffe imaginer : enchantés de cet afpect,
les uns en forment des galeries , des fers à cheval, des Parterres
i les autres les rangent dans.les différens tiroirs d’une
armoire.
La galerie ne fait qu’une piece longue, entourée d’armoires
fermées de glaces pour y placer les petits morceaux , les
grands fe mettent au-deflus des armoiresentre des vafes ou
des porcelaines-
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Le Fer à cheval ne convient que dans un grand lieu: c’eft
un tiroir continu tournant autour d’une piece, ,& porté fur des
tretaux j le milieu en eft vuide, & fert à le promener tout autour.
On fépare le Fer à cheval en autant de quarrés que l’on
a de familles 3 lés gradins & les tablettes du pourtour des
murs fervent encore à placer les grands morceaux.
Les Parterres fe difpofent ainfi. On prend le deffus d’un
grand Bureau dans toute fa longueur, & on le coupe en
plufeurs compartimens , formant un vrai Parterre. Ces fépa-
rations fe font de bois ou de carton, recouverts de fatin ou de
velours verd, bordés d’un galon d’or. On éleve ces eomparti-
mens de cinq à lîx pouces , pour pouvoir y loger les plus hautes
Coquilles fans crainte de les brifer. Le fond de ces quar-
i tés ou cafés garni de coton , empêche les Coquilles de rou-
1 1er les unes fur les autres. Comme l’on ne cherche dans les
Parterres que leplaifir de la vue , on y difpofe fymmétriquer
- ment les formes & les'couleurs les plus oppofees ; c’eft le
goût qui en décide.
Quand on veut jouir du Parterre , on leve le deffus du Bu-
[ reau qui eft à rénures : il pourrait encore fe renverfer en deux
parties , par le moyen de greffes charnières. Les Coquilles
j ainfi renfermées font exemptes de la poufliere fie font en fû-
i rete , pourvû qu’elles foient couvertes d’un treillage de laiton.
L Auteur a formé un Parterre plus aifé à exécuter. C ’eû
1 une table de 12 pieds de long fur 7 de large , portée fur des. j tretaux placés dans une grande piece qui permet de tourner
tout autour. On range fur cette table 30 tiroirs de Coquillages
difpofés par familles l ’un contre l’autre ,. fans rien déranger
j ce qui forme le plus-beau coup d’oeil qu’on puiffe voir..
Au milieu s’élève un gradin quarré long , qui porte de
.gros Coquillages ,. avec un grand Ourfin armé de toutes fes.
pointes, qui eft un des plus beaux, morceaux & des plus ra-
r res qu’on puiffe fouhaiter dans l’Hiftoire Naturelle.
Quand on fe fert des tiroirs d’une armoire, on les garnit:
I de fatin ou de velours verd-, pour empêcher les Coquilles de-
[ rouler. On y forme des colonnes, des foleils ,.des lignes tranf-
verfales & autres compartimens, Attentifs à oppofer toujours.;
par fymmétrie les fo rmes & les couleurs-les plus variées, les Ar-
[ mateurs jouiffent d’un afpeéf auflî .agréable que les premiers..
Les Hoilandois difpofent leurs Coquilles par comparrL»
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