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montagnes près Barcelonne , font connoître que l’Efpâ-
gne n’en eft pas dépourvûe. Rien n’eft plus certain que les
Royaumes du Nord ,tels que la Pologne, la Suède , la Mof-
covie , le Danemark , 8c fur- tout la Norvvege , fourniflent
en tous lieux des Foffiles ; les relations des Voyageurs nous
inftruifent que l’Afie , l’Afrique 8c l’Amérique expofent
des Foffiles en plulîeurs endroits , principalement fur le
mont Liban, 8c dans le Royaume de la Chine. Ces grandes
parties de la terre en fourniroient peut - être davantage , fi
l’on y faifoit les fouilles 8c les recherches necefiaires.
( a ) Depuis En France, dans la Province de(ajTouraine, il y a un can-
u petite ville ton d’environ 9 lieues en quarré, éloigné de plus de 3 6 lieues
îufÿsaiî*“” de la mer, tout rempli de Coquillages fans nul autre mélangé ;
MauteUn. on s’en fert comme d’une marne pour fercilifer les terres, ce
que l’on appelle Falun ou minière deFalun, ouFaluniere.il
s’en trouve auilidans le Poitou, dans l’Auvergne, dans le Rouf-
fillon, dans le Languedoc, à Boutonet, 8c au pont du Gard
près Montpellier, ôcdans prefque toute laProvence. Aquatre
lieuës de Reims fur le coteau de Courtagnon , qui dure plu-
fieurs lieuës , il y a des Foffiles très-curieux 8c des mieux con-
fervés 5 on les découvre fur la fuperficie de la terre, fur-tout
lorfqu’il a plu. La même chofe arrive à Nogent-le-Rotrou
dans le Perche , dans le pays Chartrain près d’Armenonville,
au Château de Vilbon , au gué de Loré fur le chemin de
Paris à Chartres , dans la plaine près d’Etampes , au gué
Douefcence , où l’on trouve non-feulement des Foffiles ,
mais de très-beaux Cailloux tranfparens 8c criftallifés.
A cinq lieuës de Blois, dans le champ des grandes vignes,
qui dépend dé l’Abbaye de Pont-le-Voi, on tire du Sable
marin très-eftimé pour bâtir : il eft tout femé de Coquillages
de mer, parmi lefquels on en reconnoît plufieurs de l’O-
cean 8c de la Méditerranée s des pierres fingulieres , fembla.
blés à celles des rivages de la mer , des offemens d’Animaux
aquatiques pétrifiés , des racines de Plantes marines pétrifiées,
des malles de Sable, 8c de matières héterogenes formant
jdes galets criftallifés , s’y voyent fréquemment. Il y a cinq ou
fix lieuës de terrein tout couvert de Coquillages étrangers ou
inconnus aux portes de la Ville de Seez en Normandie, à
plus de vingt lieuës de la mer. On trouve encore fur une
montagne près la ville de Caen, des Nautilles, des Cornes
jd’Ammon , 8c des Priapolites. Chaumont 8c Breuilponc
dans
L a C o n c h y l i o l o g i e , I. P a j t i e . 89
dans le Vexin François, font des endroits des plus abondans
en toutes fortes de Foffiles.
On ne finiroit jamais , fi l’on vouloir rapporter ici tous les
lieux de la France, où l’on trouve des ( a ) Foffiles. Les
environs de Chantilly , de Breuilpont, de Soiflons, les Carrières
de faint L e u , celles d’Arcueil, de faint Maur 8c d’Iffy
aux environs de Paris , à plus dé quarante-cinq lieuës de
la mer , ont fucceffivement des lits de Coquilles , des lits de
Sable , de Marne 8c de Pierre : toutes ces couches font horizontales
j 8c les Carriers appellent CoquiLlarts, celles où font
les Coquilles. Dans les lits même où fe forment les Pierres
détaillé, il y a des Coquilles de mer enclavées dans la pierre
même, où elles ont moulé leur figure j les plus ordinaires
font des Buccins , des Peignes , des Vis 8c des Coeurs de
Boeuf. Quand la Coquille , fouvent périe par fa délicatefle ,
ne s’y trouve plus , elle laifle fon moule intérieur ou fon
noyau , 8c l’on peut aifément remarquer le vuide que rem-
pliflbit la Coquille, entre la terre 8c le moule ou noyau
intérieur.
Outre tous ces Coquillages , on voit dans les mêmes
couches des Arbres 8c des Végétaux en plus grand nombre ,
que celui des fragmens d’Animaux terreftres 8c marins. A
faint Chaumont 8c a faint Etienne en Forêt, il y a dans des
mines de Charbon , à cent pieds de profondeur , des Pierres
ecailleufes 8c feuilletees d’un noir ardoifé, où le trouvent
les empreintes en creux 8c en relief de plufieurs Plantes
étrangères de 1 Amérique j ce font la plûpart des Capillaires
8c des Fougères étendues de leur long.
Il y a cinq maniérés de pêcher les Coquillages! à la main ,
au rateau , a la Drague, au filet 8c en plongeant.
Quand la mer le retire , on marche à pied fur la greve ,
8c l’on prend les Huîtres 8c les Moules à la main ; rien n’eft
plus ordinaire au Havre , à Dieppe , 8c en Angleterre.
Quand les huttrieres 8c les moulieres ne découvrent point, on
prend des bateaux 8c l’on fe fert de la Drague. Il y en a qui
roulent le fable avec les pieds, pour fairefortir les Coquillages
qui s’enfablent apres le, reflux.
Pietro (b) dclla Vaile , fameux Voyageur, rapporte quen
pec ant lui-meme dans la mer rouge , il prit une fi grande
quantité d’Huîtres, de Limaçons 8c d’autres Coquillages,
qu 1 en remplit quatre a cinq cailles. Il dit que ces Coquilles
Première Partie. M
( a ) On a
donné nu public
en 17 j 1 *
un catalogue
ra'tfonné
de tous les endroits
de la
France oit Von
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Manière
de pêcher les
Coquillages*
(b) Lettre JI,