(a) Genefe ,
ch.yu & viii.
(b )Woodward
ajfure qu’il y
a des Forêts
enfouies en Ir-
lande.en Fcof-
f e & en Angleterre
: il y
en n ie pareilles
en Flandre
y dans le
Hainaut
F rancois.
(c ) Atvero
aquæ ibant, &
decrefcebant.
Gcnef. c. S.
88 La C o n c h y l i o l o g i e , ! P a r t i e .
à caufe de leur cohéfion, & ne fe font dépofées par couches
qu’autant que leur volume a été affez confidérable pour fe
précipiter j mais comme les Coquillages 8c les corps marins
ont fuivi par leur ténacité le limon 8c la glaize , ils fe font
trouvés enveloppés. Ces eaux agitées par les grands vents,
8c couvrant la fuperficie des montagnes , venant à diminuer
(a) 150 jours après le commencement du Déluge , ont délave
leur fommet 8c l’ont dépouillé de limon, de fable 8C de Coquillages,
qu’ont entraînés dans les vallées les courans qui fe font
formés depuis, 8c ont dévafté en même temps la terre de plu-
fieurs(£)forêts , dont le trop grand nombre l’auroit rendue peu
habitable 8c mal-faine.Ces différentes matières auxquelles les
torrens avoient communiqué leur mouvement, fe font donc
affaiffées 8c répandues dans les plaines : elles s’y font accumulées
par-deffus les Coquillages, que leur pefanteur fpé-
cifique avoit fait tomber les premiers j enfin elles ont formé
fuccelfivement des montagnes affez hautes, qu’enfuite depuis
le Déluge les pluies 8c les éboulemens journaliers ont encore
augmentées confidérablement. Il ne fautpour eatifer cet effet,
qu’un arbre ou qu’une roche au paffage de ces courans pour
détourner le cours de ces eaux , pour arrêter 8c accrocher la
plûpart des corps qu’elles charient , 8c en former des monticules.
Sitôt que ces eaux furent [c) retirées , on vit paroî-
tre ces monticules nouvellement formés , où ont été enveloppés
les Coquillages 8c les corps marins.
Ce n’eft donc point la force des vents , ni la rapidité dès
eaux du Déluge, qui a porté fi profondément les corps marins
8c les Coquillages dans l’intérieur du Globe 5 c’eft le mé-
chanifme de leur mouvement, qui après les avoir transférés
fur le haut des montagnes , les a précipités en fe retirant
dans les plaines , 8c les a recouverts de fable , de limon , de
terres , de cailloux 8c de pierres. Ces monticules ont été
augmentés confidérablement par les terres que les pluies ,
les fecouffes 8c les tremblement ont pû apporter dans l’efpace
de plus de 4000 ans qu’il y a de ce temps-ci au Déluge : ils
ont pû former des montagnes auffi élevées que nous les
voyons aujourd’hui.
Au furplus , on ne peut douter qu’il n’y ait eu de grandes
cavités fur la croûte du Globe terreftre lors de la création
du monde: car fi la terre eût eu une furface unie 8c
plate, il n’y auroit eu ni fontaines ni rivières, peu ou pref-
L a C o n c h y l i o l o g i e , I. P a r t i e . 69
que point de métaux : en un mot, la terre eût manqué
de plufieurs chofes néceffaires à fes habitans, ce qu’on
n’éprouve que trop dans les Provinces dénuées de montagnes.
D’ailleurs les grands courans du Déluge avoient pû
creufer dans la terre des cavités confiderables 8c de
plus de 600 pieds de bas , qu’ils ont pû remplir enfuite de
fable , de Coquillages, de parties d’Animaux 8c de végétaux
amenés des pays étrangers par la violence des eaux -, ce qui
eft prouvé par la nature des Foffiles qui portent l’empreinte
des fougères , des capillaires 8c autres plantes qui ne croiffent
que dans l’Amérique : certainement nos terres n’ont jamais
produit de pareilles plantes , ni nos côtes de pareils corps
marins. Le Globe étant donc inégal dans fa croûte, il eft
très-naturel de croire que fes cavités, ainfi que celles qu’ont
pû creufer les eaux du Déluge , ont été comblées pardes Coquillages
8c les corps marins amenés fur la terre , qui fe font
affaiffes avec les eaux dans leur retraite , 8c qu’ont recouvert
enfuite les terres , les fables , les cailloux 8c les pierres
, que détachent fou vent du haut des montagnes, les
pluies , les fecouffes , les exploitons 8c les tremblemens de
terre.
Qu’on examine préfentement, le lendemain d’un orage,
1 effet d’un torrent tombé d’une montagne, d’où il a entraîne
les terres , les pierres, les maifons 1 8C déraciné les arbres.
La plaine où fes eaux fe feront précipitées, fe trouvera
couverte à plufieurs pieds de haut d’un limon mêlé de .cailloux
8c de pierres ; telle eft l’origine de plufieurs montagnes,
au pieddes plus hautes des Voges en Lorraine, qui s'élèvent
à plus de 600 pieds de haut : celles qui font voifines de l’Abbaye
d’Hauvilfers en Champagne, paroiffent avoir été ainfi
formées , n’étant compofées pour la plûpart que de terres
rapportées , de craie 8c de fable marin. Elles fe diftinguent
même des autres montagnes voifines couvertes de terre rouge
métallique, de glaize, de rochers, 8c de cailloux très-
durs : ces montagnes de plus forment des chaînes corref-
pondantes liées avec les plaines voifines, 8c font remplies de
couches régulières pofées les unes fur les autres,, fans contenir
ni Coquillages ni corps marins..
Dans les nouvelles montagnes, on demande qui eft-ee qui>
a amaffe ces Coquillages 8c ce fable marin, qui l’a pû amonceler
a une fi grande hauteurfi. ce n’eft les eaux du Déluge ,,
I idj,