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naiflent dans les fonds & dans les cavités qui font en
grand nombre dans le golfe Arabique , & que les pêcheurs
defeendent dans l ’eau avec leur ch.emife qui ne: leur vient
qu’au bas deTeftomac ,Sc les prennent à la main ; l’eau étant
ft claire , que l’on découvre tout ce qui eft au fond.
Le Rateau eft un inftrument dé fer garni de dents longues
Si creufes emmanché de perches proportionnées à la profondeur
du fond où l’on peche ; c’eft ainfi que l’on prend les
moules.
La Drague eft un autre inftrument de fer, qüi a ordinairement
quatre pieds de long fur dix-huit pouces de large ,
avec deux traverfes. Celle d’en bas eft faite en bifeau , pour
mordre fur le fond, St enlever l’Huître attachée aü rocher :
elle porte ou traîne avec foi un lac dont le. deffus- eft ordinairement
un refeau de cordages St par-deffous on fubftitue un
cuir, ou bien on fait les mailles du deflous du fac , de lanières
de cuir qui étant gluant de fa nature, glilfe mieux au
fond de l’eau. On defcend la Drague avec un cordage proportionné
à la profondeur où font les Coquillages.En Amérique
la Drague a fix pieds en qüarré , 8c l’on y attache 'des
cordages fuivant la profondeur de l’eau : c’eft par leur moyen
qu’on tire la Drague à bord s St c’ëft la meilleure maniéré de
pêcher les Coquillages, S: la plus ufttée.
On fe fert de différentes efpeees de filets dans les ports de
mer pour pêcher le Poiffon. Parmi les ordures qu’amènent les
filets des. Pêcheurs , il fe rencontre des Coquillages St des
productions marines, qu’ils rejettent;ordinairement dans la
mer. J’ai trouvé de. cette maniéré à. Marfeille & à Toulon
des Coquillages 6e des 'moufles de, mer très-curieufes.
On pêche à Toulon à vingt eut trente pieds de bas avec
des crocs de fer, des Pinnes marines toutes gr.ifes, St qui n’ont
pas les belles couleurs de celles de Meffine , dé Corfe. St dé
Majorque.
Les Manches de eoutean, ou Daétyles, fe prennent dans
le golfe de Tarente 8t autres ports de met , dans les trous
qu’ils font dans le fable , où l’on jette du Sel pour les faire
fortir.
On fe fert beaucoup de plongeurs dans les Indes; St c’eft
le meilleur moyen d’avoir de beaux Coquillages: leurs belles
couleurs nefe confervent qu’autant qu’ils ont été pêches
vivans en pleine mer, ou à la rade. Ceux que les flots ame-
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nent fur le rivage, font roulés ou fruités ; St les Bivalves font
ordinairement dépareillées.
Les Negres de l’Amérique., fur-tout à la Martinique & à
S. Domingue, vont en canot , plùngcr fans aucune précaution
à une demi-lieue dnrivage, 81 à piufieurs braffes d’eau.
Dans un calme , l’eau eft fl claire qu’ils voient diftiMâërneht
à huit Si à dix' brkfîes j d’eau., les Coquillages St lés proddç-
tions marines qui. font au fond. Ils’ lès Vttht détaehéî à la main
l’une après l’autre , n’ayânt point de paniers comme les plongeurs
de Perles : quand lés Plantes tiennent fur le foclier ,
deux plongeurs Vont pafler un bâton & une corde defTous
pour les tirer. A 5 . Domingue Si dans l’ifle de Cayenne , lés
Huîtres s’attachent' fur les branches pendantes du Mangliéf,
Arbriffeau qui vient âu bord de la mer.. •
Il n y aque les jeunes Negres,qui piiiffeilt retenir a fiez longtemps
leur haterne pour être’propres' Su métier dé ploii-
geur : ils fe rempiiflcnc la bouche d’huile de Palmier , afin de
rejetter cette huile dans l’eau ; ce qui leur procure Un moment
de refpirarion. C ’eft un métier qu’ils ne peuvent faire
que quatre ou cinq ans de fuite ; il ne font plus maîtres dére'-
tenir leur haleiné à vingt-trois ans. tin bon plongeüfifHânge
peu, & toujours des viandes fëches.
Les plongeurs qui vont à cinq à fix il eues du rivage pécher
des Huîtres & des Coquillages, portent des paniers appellés
Canots , dans iefquels ils mettent les Coquillages & ce qu’ils
rencontrent. Ils plongent huit à neuf fois de fuite, ordinairement
a douze brafles d eau. Ce qui les incommode le plus
c eft la froideur de l’eau; ils craignent encore un Poiffon ap-
peilé Tiboron , grand comme un Mârfouïn, lequel coupe
tout ce qu’il rencontre. Pour prévenir ce danger, ils portent
avec leur panier un bâton ferré, pour l'enfoncer dans laeoree
du Poiffon. 0 s
D’autres ( a ) plongeurs defeendent au fond de l’eau fous
une cloche de verre, Si font obliges quelque temps après de
remonter pour refpirer un air (b) plus frais.
On pêche les Huîtres qui portent des Perles dans le golfe
1 eriique, à dix ou douze braffes d’eau , fur des bancs éloignés
de terre de cinq à fix lieues. La barque où eft un plongeur
& deux rameurs , part de la Côte avant le lever du So-
ei ’ avec vent de terre qui dure environ jnfqu’à dix heures.
Le plongeur fe met du coton dans les oreilles , Sc
Mij
( a ) On efi
obligé de plonger
dam la peche
du Corail,
pour ramajfer
les morceaux
que le chajfis
de bois a
qui font
tombés au fond
de la mer,
(b) On prétend
que l’air
efi plus pefant
dans la mery
& plus fuppor-
table dans les
mines*.