(/*) Ceci fe
prouve par
rinfpeétion
des deux Coquillages
nommés Sabots
& Neri-
tes deïïïnés
dans Jes ports
de l’Afie, qui
ont des têtes
différentes de
celles que l'on
a obfervées
dans l’Afrique
: on peut
juge/ des autres
par ces
deux icftacés.
méthode accueillie favorablement du Public,reçûe chez
les Etrangers, goûtée des Amateurs, & qui leur eft plus
facile ayant les objets devant les yeux, que de recourir
a des Animaux rares & fort éloignés.
Il eft permis dans les Sciences, comme tout le monde
le fçait, d’attaquer une Science par telle partie qu’on
juge à propos ; c’eft ainfi qu’en ont agi dans la Botanique,
Rai qui a divifé les Plantes par les femences*
Moriffon par les fruits, & Tournefort par les Fleurs:
leurs méthodes font toutes bonnes i mais n’embraffant
pas toutes les parties des Végétaux, elles ne font pas
générales, ce qui eft au-deffusde l’eiprit humain : Non
enim id umus eft hominis aut atatis , dit Rai dans fa
Préfacé. On croit donc qu’on peut divifer auffi-biên les
Animaux à Coquilles par les parties extérieures de
leurs couvertures, que par quelques autres parties de
leurs corps.
On peut même ajouter, qu’une méthode tirée feulement
des parties des Coquillages de l’Amérique ou de
l’Afrique ne fera point générale, vû que ces mêmes {a,\
Animaux dans chaque contrée different en plufieurs
chofes : le Naturalifte alors, obligé de s’en rapporter
au peu de deffeins que nous avons d’un pays, n’aura
rien d’afTez général pour établir une méthode fixe &
régulière ; au lieu que notre méthode tirée des parties
extérieures des Coquilles qui viennent de tous les Ports
de l’Univers, ne préfente rien que de très-fur, & donne
cett-e généralité abfblue.
Si l’infpeétion de la partie vivante de ce s Animaux
n’a pu procurer une nouvelle méthode , elle aura du-
moins l’avantage d’avoir fait connoître une partie de
leurs corps: elledonnera encore la fatisfaétion de rendre
la juftiee qui eft due a quelques Auteurs foupçonnés d’a-
P R É L I M I N A I R E . n
voir confondu ces Animaux. Aldrovandus, Lifter, Rondelet
&c Rumphius ont mêlé les Buccins avec les Vis
& les Tonnes, les Murex avec les Buccins & les Pourpres
, pareequ’ils avoient reconnu qu’elles contenoient
toutes le même Poiffon.
Ces Individus ont été deflînés à Pondichéry, au Cap
de Bonne Efpérance, à S. Domingue, 8c dans diffé-
rens Ports de l’Europe. On les a pris vivans dans la
mer, 8c on les a entretenus dans des bocaux pleins de
la même eau. C’eft le feul moyen de les offrir au Public
dans un état qui puiffe faire juger de la forme du corps
de ces Animaux laquelle varie dans leur différens mou-
vemens, à méfure qu’ils s’allongent & fe racourciffent.
On les a repréfentés, autant qu’il a été poffible,dans leur
grandeur naturelle : on auroit bien pu les anatomifèr ,
ainfi que l’ont pratiqué Lifter 8c Willis au fujet de
l’Huître ; mais il fuffit à un Naturalifte de les repré-
fenter vivans tels qu’ils fe montrent, & dans tous les
mouvemens qu’ils fe donnent dans l’eau de la mer.
Dans le peu qu’ils découvrent de leur corps, on recon-
noît fuffifàmment leur caradtere.
Quand la Coquille s’eft trouvée trop petite, on l’a
obfervée à l’aide duMicrofcope, afin de la defliner plus
grande, & l’on a eu foin de marquer fur la Planche fa
vraie grandeur. La précaution que l’on a eue de ne fe
fervir que de Naturaliftes éclairés pour defliner ces Individus,
doit convaincre de la vérité de leurs portraits.
Combien de Peintres nous donnent pour vraies, des
chofes que la nature dément à la première infpection?
fouvent même ils déguifènt le naturel pour lui donner
un goût plus pittorefque. L’éloignement de l’Auteur le
met à l’abri de la critique des petites irrégularités qui
malgré fes précautions, pourroient encore fe trouver
Bij