CHAPITRE TROISIEME.
D e quelle maniéré fe forment les Coquillages de mer.
fa) TLmimt
■ m minimi!
maximui ipft
JD eus.
RI E N ne prouve mieux la (a) puiflance de l* Auteur de
la Nature , que la formation fucceflive de fes plus petites
parties. Y a-t-il rien qui paroifle plus vil que les infe&es ,
les Vermiffeaux ,les Coquillages ; objets qu’on ne peut distinguer
, pour la plus grande partie , qu’à la faveur du Mi-
crofcope ? Rien cependant n’eft plus-admirable que ces pro-
duaions. Quelle diverfité dans leurs efpeces, dans leurs figures,
dans leurs couleurs Si dans toutes leurs parties ! Quel
ordre merveilleux dans la maniéré dont ils font conftruits ,
dont ils v ivent, Si dans celle dont ils perpétuent leurs efpe-
(b) LU. 19. ces ! C ’eft ici où il faut dire avec Pline ( b ) cm» rerum natures
mp i . nufquam mdgis, quant in minimis tota fit.
Les Phyficiens qui ont parlé de la formation des Poilîons
à Coquilles, ont fuivi le fentiment d’Ariftote & de Pline.
Rien n’eft ft varié que leur opinion fur la maniéré dont le
forment les Coquillages de mer, de riviere 8i de terre.
Les Coquillages fe forment dans la mer , dans les fleuves,'
dans les rivières , les étangs, les marais Si les canaux ; on en
trouve même fur des rochers , fur des bois pourris St fur des
productions marines. Les terres, les montagnes Si les foûterjrains
en fourniflent aufli quantité. # , «
On a tiré de ces difFérens endroits la divifion generale que
l’on fait de tous les Poiflons à Coquilles , en Coquillages
de mer, en Coquillages de riviere , Si en Coquillages de
On comprend dans les Coquillages de mer, ceux qui le for-
ment dans les lacs Si dans les marais d eau falee , qui font
vos fins de la mer, Si qui doivent etre regardes comme maritimes.
,
Les anciens {c) Philofophes ont prétendu que les Coquil-
ieniq« lages étoientfopaés du propre gréde laNature , les uns d’un
L a C o n c h y l i o l o g i e , I. P a r t i e . 25
limon plus bourbeux comme les Huîtres, les autres d’unli-
mon plus fabloneux telles que les autres Coquilles. Ils ont
ajoute que la formation des Coquillages provenoit partie de
leur gré, Si partie d’une certaine faculté qui émanoit d’eux ou
de leurs femblables.
D’autres [a) Philofophes ont attribué leur origine à une matière
corrompue,formée par le concours fortuit de quelques
atomes » (b) Ariftote ne s’écarte pas de ce fentiment, Si ne détaille
que trois genres de Coquillages , auxquels il donne la
faculté de s’engendrer de race par le moyen de certains gâteaux,
comme celui des Abeilles, lefquels fe détachent des
Coquillages, Si que les Anciens appellent favago.Les Huîtres,
les Buccins , les Pourpres Si les Moules font de ces gâteaux
qui font une efpece de frai, ou un amas d’humeur vilqueufe
d’une nature femblable à la femence, Si telle qu’en font les
grenouilles.
(c) Aldrovandus dit que les Coquillages, qui ne produifent
point de ces amas d’humeur,croiflènt de leur propre volonté.Il
y a dansla mer, félon lui, beaucoup de parties terreftres remplies
de vie : de cette concrétion toutes les Coquilles naif-
fent i une portion de la terre fe durcit à l’entour, Si fe forme
de maniéré, que le corps contient en dedans les parties qui
donnent la vie.
Lemême(<<) Auteur attribue à un Sel volatil, quife répand
delà mer fur le rivage, ainfiqu’au bois pourri,la formation
des Coquillages qui croiflènt fur les rochers,dans les ou vertu-
res dés vaifîèaux échoués ou qui relient long-temps dans le
port, dans les fentes 8i troncs d’Arbres , Si dans les pieux
enfoncés fur le rivage de la mer ; c’elt dans ces endroits que
I’onîtrouve les Glands de mer Si les Conques Anatifere's, Ce,
fentiment ell entièrement oppofé aux expériences; Si l’on
doit croire que ces Coquillages marins doivent leurnaiflance
a un frai ou aune femence portée dans ces parties de bois
pourri Si dans les fentes des rochers. Le vent qui tranfporte
la femence des Végétaux,peut fe charger aufli de celle de ces
Animaux : le flot peut encore faire cet effet.
Un ( e ) Auteur moderne qui a obfervé cette matière corrompue
à laquelle on attribue l’origine des Coquillages , dit
qu elle n’eft: autre chofe que de petites Huîtres nouvellement
nees.
Lifter s’écarte de ces principes; fuivant l’opinion reçue au-
Première Partie. D
nia fponte nadir*
in limo
djverfa pro
differentia li-
mi oriuntur :
nam in cceno-
fo öftrere , in
arenofo conch
* , cham*,
ungues, pectines
oriuntur.
Ariftot. Ht fi.,
Anim. I. y.
E proprio
naturæ motu
fponte nafci,
PI. hift.ntttur.
(«jTeftacea
limo ferè &
maceriâ putri
oriri.
(b) Buccina ,
Purpura &
Mytulifavifî-
care foliti
funt. Hifi.
Anim. lib. 3.
{c) In mari
verô multiim
portionis ter-
ren* eft ; omnia
plena funt
anim*. Lib.
3. de Tefta-
ceis , p. % 46.
(d) Navigiis
putrefcente
f*ce fpumofa'
adnafcuntur ,
è, . truncis pu-
trpfcentibus
naTcuntur
conchæ anati «
fer* di6t*.
Ibidem.
(e) Materia
in oftreo, qu*
pro cçeno na-
bebatur , révéra
nil erat
pr*ter exigua
oftrea , feu
récens nata.
Lewenkct^,
contin. arca-
mr. pag, 37.