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5$ L a C o n c h y l i o l o g i e , T. P a r t i e ;
Ces Coquillages n’ont p,û faire ce voyage d’eux-mêmes 5
ils ne peuvent avoir nagé, niiêtrre remontés par des rivières
dans-lefquelies on en trouveroit.encore quelques-uns. Comme
çes tranfports ne fe font plus aujourd’h u i, onne peut enren-
dre raifon quen recourant à de? âge ns fupérieurs, tels qu’é<-
t;oient les élémens confondus, les vents impétueux & les eaux
du ciel , de la mer & de la terre mêlées enfemble , fou-
levées 6c agitées violemment de tous côtés par lés feux fou-
terrains.
-D’autres attribuent l’arrivée des Coquillages fur la terre
à des eauxextrêmement agitées, ôc poufléesloinipar des vents
impétueux , 011 par des débordemens, d’eau.
:( h ) Rupi
■ funt ©mues
fontes abyffi
rnagnce , &
acataraftîe coe-
li apertar funt. 4Sen, c* 7* v>
Rien n’eft plus contraire aux ,loix de l’équilibre que ce
fentiment ; aufli a-t-il été peu f uivi. Comment fe peut-il que
des vents & des débordemens d’eau ordinaires pouffent de
gros Coquillages qui ne nagent point, à quatre-vingts 8c cent
lieues loin de la mer, ,& à trois ou quatre cens toifes fur le
fomrnet des plus hautes montagnes l La vraifemblance en
eft choquée. Ils auroieut été de plus tout brifés par le flots SC
onles trouve aujourd’hui toutentiers & couverts deleursftries»
la raifon en eft toute naturelle: ç’eft quele fluide immenfe
du Déluge les a tranfportés’ à l’aide des vents furieux qui
l’accompagnoient, 6e les a foutenus en l’air jufqu’a ce qu ils
fe foient affaifles imperceptiblement 6e fans effort dans les,
différens Jlratum de la terre.
Les Poiffons à coquillesqui ne peuvent nager, difent quelques
uns , n’ont point eu affez de temps pour être tranfpor-
tés par le Déluge d’auflï loin qu’on les fait venir , c’eft-a-
dire , des extrémités de l’Afie , de l’Afrique ôe de l’Amérique,
Il eft dit dans (a) l’Ecriture que les eaux vinrent à diminuer
150 jours après le commencement du Déluge , 6c que
Noé ne fortit de l’Arche avec fa famille 6c les Animaux
qu’au bout d’une année ; par conféquent les eaux couvrirent
la terre près d’un an. Ce terme eft allez long pour avoir
pû amener des Poiffons par toute la terre. Alors les cataractes
du ciel ouvertes , (é ) les fources du-grand abîme rompues!,
jointes aux eaux douces. des lacs 6< des rivières, ôc
jes feux 6c vents fouterrains qui-cauferent des fe.couffes violentes
dans la croûte du globe terreftre , fouleverent infiniment
les eaux de la mer , 6c les agitèrent à un tel point,
que
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que les gros Poiffons qui ne nagent point, 6c qui habitent
ordinairement le fond des hautes mers, fe trouvèrent ébranlés
, changèrent de place > 6C furent difperfés de tous côtés
malgré leur pefanteur énorme.. Pour peu que ces Animaux
fe fuffent agités d’eux-mêmes , le grand volume d’eau égal
à leur pefanteur fpécifique , auroit facilité leur tranfport par
toute la terre} 6c comme ces eaux avoient furpaffé de quinze
coudées les plus hautes montagnes , ils auroient atteint
fans peine à de fi grandes élévations. La preuve certaine
de leur déplacement , eft qu’on trouve répandus dans plu-
fieurs pays, des offemens pétrifiés de Baleines, de Dauphins,
de Rinoceros , d’Hippopotames , ôc des plus grands Poiffons.
Nous avons des Phyficiens qui ont appelié à leur fecours
des vapeurs élevées fur les montagnes venant des eaux fou-
terraines où fe nourriffent des Poiffons marins : ces vapeurs
on^ iorte ’ ^ on eux, les oeufs ôc les femences des mêmes
Poiffons fur le haut des montagnes, où ils fe font nourris
pendant un temps s ils ont péri par la fuite, 6c ont été pétrifiés.
D’autres pour amener tous ces Fofliles fur la terre , fe
fervent d’un bras de mer, lequel s’eft enfuite rempli.
Il eft aifé de leur répondre, 1°, Qu’il eft impoflible que
des Poiffons fe nourriffent dans les entrailles de la terre. 20.
Qu il n eft pas moins impoflible , que des vapeurs légères
portent des oeufs ou des femences d’une confiftance à ne
pouvoir pénétrer au travers les pores de la terre. On ne croit
pas d’ailleurs que ces vapeurs malgré leur fubtilité , foienc
capables feules de pénétrer le T u f 5c les rochers , dans lef-
quels on trouve les Coquillages. Si elles avoient pû porter
en ce temps-la les femences ou les oeufs de ces Poiffons fur
le haut des montagnes , qui pourroit empêcher qu’elles 11e
les portaflent encore aujourd’hui, 6c qu’on ne trouvât des
Poiffons à coquilles , par exemple, dans l’étang du mont
Ceni ; Quant à l’autre opinion , on ne voit aucune trace fur
terre de ces prétendus bras de mer, 6c il n’eft pas poflible
de fçavqjr ni comment ces eaux feroient parvenues dans les
terres, ni de quelle maniéré elles fe feroinc écoulées. Parmi les
Coquillages Foffffes ramaffés dans le même lieu , il fe trouve
un mélange de Coquillages de l’Océan ôc de la Méditerranée
, ainfi que des mers les plus éloignées j un feul bras de
mer n’a donc pû les amener , ni par un Canal, ni par une
Première Partie. jq