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reffemblent à la main d’un enfant, Se fe divifent en vingt
doigts de la groffeur d’un fétu de paille 8e de la longueur
d’un demi-doigt. Plufieurs lambeaux font au-deffus les uns
des autres, féparés en plufieurs doigts qui vont en diminuant
iufqu’à la bouche; c’eft avec ces lambeaux 8e ces doigts que
l’animal peut s’allonger 8e fe retirer, qu il fe traîne , prend fa
nourriture , 8e la porte à fa bouche. Cette bouche eft faite
comme le bec d’un oifeau ou comme le chat de mer, a fça-
voirla partie d’en haut grande, un peu crénelée en forme
de dents furies côtés,la partiede delfus cachécfous celle de
deffous , au travers de laquelle il s’eft fait jour. La bouche eft
dure comme un os 5 elle eft entourée d’une chair blanche ÔC
d’une autre petite peau qui couvre prefque tout le bec : les
veux gros comme des feves, font formes fans criftallin, ni
Paupières fur les côtés près de la gorge, 8c font remplis d’un
fang noir-brun. Du derrière du corps fort une grande artere
qui paffe par tous les trous des cloifons jufqu’au point milieu
(«) Chap.
Rumphius Lj
édition Hol-
Jandoife.
du dedans; ce quf attache le Poiffon 8c le fufpend a fon
écaille. On voit une demi-pipe ronde fous le nez , oumu-
feau, qui eft roulé l’un dans l’autre , 8C une efpece de langue
qui y eft cachée. . . .
Rumphius promet une autre Figure, avec fa delcription
qu’il n’a jamais donnée. Cet animal, quand il veutvoguer, eft
toujours feu l, il fort la tête Sc toutes fes barbes, 8c les étend
avec les membranes de derrière : fouvent il fe traîne en ar-
riere ou avec le gigot en haut, la tete 8c les barbes en bas;
mais il eft le plus fouvent ( a ) à terre ou dans quelques cavités
bourbeufes , oh fe retirent les autres Poiflons pendant
les tempêtes. Dans le beau tems il refte peu fur l’eau: alors
fes barbes fe retirent, il tourne fon gigot 8c va au fond de
-l’eau , où l’on croit que font les autres Nautilles.
■ On conclut que l’animal tient peu à fa coquille, par les
vuides que l’on trouve flottantes 8c celles qui fe trouvent fur
le rivage. D’ailleurs étant fans couverture 8c fans défenfes,
il eft en prife' aux Crabes, aux Araignées 8c aux Scorpions dé
mer ; ce qui fe prouve par leurs coquilles dont les bords font
toujours endommagés. On fait peu d’ufage dans les tables de
ceteftacé, dont la chair eft fort dure; mais fort écaille fert
à faire des vaifleaux à boire, 8c les Sauvages en font des cuillers
qu’ils nomment Papeda. Nous renvoyons pour la delcription
de fa coquille, êc fur la maniéré dont on peut con-
L a C o n c h y l i o l o g i e , II. P a r t i e . 29
cevoir que cet animal puiffe s'y loger, à la page 199 8c 200.
de la première Partie.
La Figure fécondé eft celle du NautillePapiracé, appelle
par Rumphius Nautilus minor feu tennis , dont la vraie Figure
eft rapportée plus fidèlement par le Dofteur Ruyfch ; nous
ne fommes perfuadés de la vérité de cette Figure , que parce
que nous pêchons cet animal en Sicile , en Sardaigne, en
Corfe, dans le Golfe de Venife, dans l’Ifle Minorque 8c autres
lieux. On voit le Poiflon fortir de fa coquille, où il ne
tient par aucune partie de fon corps ; auffi le trouve-t’on
le plus fouvent féparé. On voit ici cinq de fes bras s’étendre
dans la mer ; un autre ne fe peut voir étant derriere'la Coquille
; les uns lui fervent à ramer , les autres à fe tenir en
équilibré, il fe fert des deux autres à foutenir la pellicule dont
il fait une voile qui s’apperçoit en haut animée par le ven t,
8c lui fert à voguer 8c à fe conduire. La Coquille a ordinairement
cinq à fix pouces de long, fur trois de haut 8c
un de large; fon écaille, d’un blanc de lait quelquefois tirant
fur le jaune eft fi mince qu’on lui a donné, comme il
a été déjà d it , le nom de Papiracé : on peut avoir recours
à la pag. 201 de la première Partie , pour examiner toutes
les différences du Nautille Papiracé.
La troifieme Figure eft le même animal forti de fa coquille
, d’une nature femblable à celle du fécond. C ’eft un
vrai Polype, repréfenté très-naturellement par le Dofteur
Ruyfch que nous fuivrons ici , ainfi que l’animal même que
nous confervons dans la liqueur. Sa tête eft affez groffe,
garnie de deux yeux clairs; il a huit pieds ou jambes d’une
chair molle, appellés barbes. Ils font plus gros par le bout
qui approche du corps , avec une membrane légère qui lie
les uns aux autres, telle qu’on en voit aux Canards. Ces
barbes de couleur argentée, avec des porreaux fur les côtés,,
font plattes comme des rames & lui fervent à nager. II paroît
qu’il rame avec fes lambeaux 8c fes barbes, 8c qu’il conduit
fa coquille comme on fait une chaloupe. Les fix barbes de
devant font courtes, blanches,8c pleines de porreaux comme
font tous les chats de mer. Il les etend de même qu’une rofe
en nageant ; les deux autres barbes de derrière , plus longues
que les autres , pendent dans la mer, pour fervir de gouvernail
à fa coquille, qu’il éleve avec fes léviers de devant
pour y recevoir le vent. Lorfque tout eft calme, il fe met à