{a) Decimo
cnim menfe,
prima die
ineniîs, appa-
ruerunt cacu-
mina mon-
tium. Genef.
c. 8.
(b) Tourne-
fort y dans fon
voyage du Levant
tom. 3.
pag. z i 6 appelle
cette montagne
le mont
Ararat.
70 L a C o n c h y l i o l o g i e , I. P a r t i e .
8c les grands vents qui les ont fuivies. On ne peut attribuer
à des tremblemens de terre , à des inondations 8c à des tor.
rens ordinaires , d’auffi grandes maflès que celles de ces
montagnes.
Nous ne rapporterons point ici l’exemple du Vefuve , qui
parfes lavçs a enféveli la Ville d'Herculanum près Naples,
de plus de 80 pieds de haut 5 ni celui d’une montagne qui
s’entr’ouvrit en 1733 au village de Pradines près Ifloire
en Auvergne , 8c s’écroula dans la plaine qu’elle combla en
partie ; ni enfin la feeouflè du tremblement de terre arrivé à
Tarbes en 1750 , quia comblé de même une vallée voifine.
R E M A R Q U E S .
Trois réflexions naiflent naturellement de ce fyflême.
i°. II ne faut pas croire que toutes les montagnes foient
dues aux efïets du Déluge : celles qui étoient compofées
de glaizes , de rochers , de cailloux, de minéraux, étant
allez folides pour réfifler aux vagues 8c aux autres mouve-
mens des eaux , n’ont point été détruites j (a ) 8c l’Arche
s’arrêta fur les montagnes (b) d’Arménie : quelques-unes feulement
ont été formées par les fables 8c les craies qu’ont
amoncelées des vents furieux qui étoient envoyés pour tarir
les eaux du Déluge, telles que certaines montagnes de
Lorraine 8c de Champagne , 8c celles qui fe forment de nos
jours dans l’Arabie déferte. Quoique la formation de ces
dernieres ne puille fe comparer à l’enèt des eaux du Déluge ,
elle prouve néanmoins la polfibilité de ces montagnes de
fable.
2°. Tous les Coquillages ne font pas venus fur la terre par
le moyen du Déluge > ceux dont on trouve des couches entières
ou des lits qui fe forment tous les jours à fleur de terre
dans les Mes de la mer 8c des rivieres,ainfi que dans les bancs
de fable , ne font dûs qu’au limon de l’eau , à des moulfes , 8c
aux fels adlifs des eaux de la mer. Ces Poiflons fe nourriflent
de feuilles , d’herbes 8^ de plantes qui croiflenr dans les eaux:
ils y perpétuent leurs efpeces; ils s’y nourriflent 8c y meurent.
Les lacs, les étangs, les marais d’eau-douce, les canaux même
des Jardins donnent encore des Coquillages de même genre
ôc des mêmes efpeces que ceux des rivières , 8c ne doivent
rien au Déluge, parce qu’ils fe font formés depuis, 8c fe forment
encore tous les jours.
L a C o n c h y l i o l o g i e , ! . P a r t i e . 71
3°. On peut diftinguer aifément l’âge des Fofliles , c’eft-
à - dire , ceux d’avant le Déluge d’avec ceux qui fe font
formés depuis , 8c qui font en bien plus grand nombre. II
n’y a pas lieu de douter que tout ce qu’on trouve dans une
terre vierge, dans des couches entières , dans des lits fuivis
8c non interrompus, n appartienne à la terre primitive 3 ainfi
que les Pierres qui ont reçu l ’impreflion des Animaux 8c des
Végétaux que 1 on connoît pouretre étrangers,ne foient véritablement
aufli anciens que la création,8c n’ayent été amenés
par les eaux du Déluge, agitées par les grands vents qui les ont
tranfportes de contrées très-éloignées de nos terres. Les Fof-
files au contraire qui repréfentent des Plantes 8c des relies
d Animaux qui habitent le climat où nous vivons, 8c qui ont
été trouvés dans des terresremuées,8c fur des lits biendifférens
pour la profondeur de ceux des premiers Fofliles , ont une
origine plus incertainejon ne peut guere douterqu’ilsn’ayent
ete formés plus récemment 8c pollérieurement au Déluge.
Elle confifte à fçavoir comment cette difpofition conllan- seconde
te , 8c cette régularité des lits horizontaux, peut être la fuite okoe cii° n -
des éboulemens.
On ne peut nier que dans le temps que les eaux du Déluge
le font retirées , 8c que les vents ont porté allez de fable
dans certaines parties de Terre pour amonceler des montagnes
, la fuperficie de la terre n’ait été changée 8c très-alte-
ree par le mouvement de ces eaux. Les Fofliles même marquent
évidemment le cho c , les affaiffemens ôc leur frottement
les uns contre les autres ; ce qui dénote l’agitation où
ils ont été lors de leur tranfport. Mais rien n’empêche aufli
de croire que les eaux du Déluge mues par les vents qui les
foulevoient dans l’atmofphere , n’ayent fourni dans le cours
de leurs flots , des couches , ou fans aucun éboulement elles
ayent dépofé des Fofliles par lits horizontaux j ce qui peut
le prouver par l’exemple que nous avons allégué ci-deflùs,
d un torrent qui fe précipite du haut d’une montagne, 8c qui
entraîne tout ce qui s’oppofe à fon palfage. On peut juger
quelle a été cette cataftrophe univerfelle par les fraétures
des rochers ôc les fentes des lits de terre que l'on remarque
de tous cotes.
Les Fofliles arrangés dans ces lits horizontaux font fouvent
bien conferves d’autres font brifés , mutilés ôc réduits, en
poudre. Les premiers font dûs au limon ou au fable dans lef