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autres en dehors. Leur opercule fuit ordinairement le bout
de leur pied ou de'leur plaque ; quelquefois il eft au milieu
de cette plaque, ou au fommet de leur tête. Cependant cet
opercule tient au corps & n’a jamais fait partie de la Coquille:
il eft même d’une matière toute differente. Ce n’eft fouvent
qu’une peau mince 8c baveufe : quelquefois c’eft une efpece
de corne qui ferme exaétement les coquilles dont la bouche
eft ronde ; 8c dans les oblongues , il n’en couvre qu’une
partie. Comment eft - il poffible qu’il puiffe former, un genre
ou une efpece dans une méthode , qui fuit les parties extérieures
des Coquillages, ainfi qu’on le voit dans quelques
Auteurs ? Ce ne pourroit être au plus que dans celles qui
font tirées des parties intérieures de ces teftacés.
Tous ces Animaux au refte font différens dans leur jeu-
nefle pour la figure, les couleurs8c l’épaiffeur de leurs co-
quilltes : les jeunes pénètrent jufqu’à l’extrémité la plus pointue
de leurs demeures ; elles ont moins de tours, de ftries,
leurs couleurs font plus vives : les vieilles au contraire qui
. ont eu befoin d’agrandir leurs couvertures à mefure qu’elles
avançoient en âge , ont par conféquent plus de tours,
plus de ftries, la teinte de leurs couleurs plus terne ; 8c elles
ne vont point à l’extrémité de leurs coquilles, dont elles rompent
fouyent une partie de leur fommet extérieur : c’eft
une vérité qui eft cependant conteftée par (a) F. Columna.
( » ) Ce paf- Les Turbinèes fuivent affez le contour 8i les-irrégulafage
Latin eft rités de leurs couvertures : leur corps devient raboteux,
Première Par- ftr'é > cannelé fur l’extrémité du contour; il n’atteint jamais
tic, pag. ij<r. le fommet intérieur de leur vis: quand elles font âgées, cette
partie fe remplit d’une matière pierreufe, pareille à celle
qüi a formé la Coquille; leurs mufcles leur tiennent lieu
d’offemens, 8c au lieu de fang elles ont une humeur baveufe.
On ne fera pas fâché de trouver ici la maniéré de les def-
finer vivans en fortant de la mer. Comme il s’agit de contraindre
des Animaux renfermés dans leurs coquilles, 8c de
les obliger à faire fortir quelques parties de leur corps, les
petites rufes font abfolument néceuaires à l’Obfervateur.
En fortant de la mer, on les mettra tout vivans dans un
bocal de criftal, dans une boëte de fer blanc, ou dans de
grands plats de fayance un peu creux , 8c remplis d’eau de la
mer C’eft le moyen de les voir marcher, s’étendre, 8c faire
fortir leur mucilage 8c autres membres; ce qu’ils ne man-
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quent pas de faire quand ils cherchent un point d’appui
pour affurer leur marche, 8c prendre leur nourriture.
SHe Coquillage eft Univalve, 8c qu’il ne veuille rien faire
paroitre, on pourra fe fervir d’une pince pour enlever un
peu du deffus de fa valve fupérieure, en prenant garde néanmoins
de le bleffer, 8c de couper le nerf ou tendon qui l’a ttache
a fa coquille ; ce qui le feroit bientôt mourir, comme
il arrive aux Huîtres 8c aux Moulés.
Les Bivalves 8e les Multivalves ne demandent pas tant de
foin ; elles s’ouvrent d’elles-mêmes, 8c l’on voit aulfitôt quelque
petite partie de leur corps fortir de leur retraite. Pour
lors on les examine attentivement, on choifit le côté le plus
avantageux pour les repréfenter : l’exaélitude la plus feru-
puleufe ne le ft pas trop dans une occafion où il s’agît de
faifir tous les détails admirables de la nature.
Le Manche de Couteau, ou le Solen, fe peut delfiner fer le
rivage, en jettant un peu de fel dans le trou où il eft placé ;
ce qui le fait fortir aulfitôt.
Il faut avoir grand foin de changer l’eau de la mer tous
les jours, 8c de lailTer un peu à fec les Animaux, environ pendant
vingt - quatre heures ; enfuite on les afperge légèrement
avec les barbes d une plume : le Poilîbn qui a été privé
deau pendant quelques heures, revient à lu i, fort de fa
coquille, 8c s épanouit peu à peu pour chercher l’eau de
la mer.
Quand ce s Animaux font rebelles à la volonté de l’Obfervateur
jufqu a refufer d’allonger leur bras ou quelqu’autre
membre, on entr ouvre la Coquille, 8c on la perce avec un
fer pointu du cote oppofe à la bouche de l’animal, ou à la
partie qu on fouhaite de faire fortir. Pour lors on fait entrer
par cette petite ouverture plufieurs grains d’un fel noir 8c
piquant, qu on nomme à la Rochelle fel de chaudière. L ’effet
de cet acide eft fi violent qu’on voit aulfitôt l’animal revenir
de fa létargie 8c céder à cet effort, en ouvrant fa coquille
ou allongant quelques-uns de fes membres ; c’eft ainfi qu’on
peut venir a bout de ces Animaux , pour avoir le tems de les
examiner 8c de terminer fes deffèins.
Il faut encore obferver qu e , comme ces Animaux ne relient
pas long-tems dans la même fituation , on peut recommencer
a leur donner du nouveau fel, pourvu qu’entre les
deux obfervarions il y ait un certain intervalle de tems.
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