(«) Omnine
necefle e ft, nc
fpatia coelef-
tia omni materia
fint vacua.
Newton,
{b ) Latent
omnia craflis
occultata &
circumfufa tell
ebr is, ut nulla
acies huma-
ni ingenii tan-
ta fit, qux p e-
netrare in caelum
, terrain
intrare poflit.
les conféquences que l’on tire des Phénomènes & des
expériences, regarde le Globe terreftre, & décrit tous
les corps qu’il porte & qu’il renferme ; c’eft le véritable
objet de l’Hiftoire Naturelle. Cette fcience fi négligée
anciennement eft devenue, pour ainfi dire, à la mode.
Quel progrès la Phyfique n'a-t-e!le-pas fait dans,
le dernier fiecle ; Defcartes l’a tirée du cahos où les
Anciens l’avoient laiflee ; Gaflendy, Rohault 6t le
Pere Malebranche l’ont éclaircie fur bien des points :
Newton qui leur eft fi oppofé, & qui par fon fyftê-
me ingénieux met les Affres à leur aife dans un vui-
de {a, ) immenfe, vient d’ouvrir de nouvelles routes
qui mèneront peut-être un jour fort loin.
Malgré le fecours de ces grands hommes, la Phy-
fique eft un monde, où nous voyagerons encore long-
tems dans le pays des conjectures..Quelque éclairés que
fiaient tous ces guides, ne nous flactons pas d’arriver
a ce point d’évidence, qui eft l’objet de nos recherches.
LaNature retranchée dans ce que les entrailles de
la terre & les abîmes de la mer ont de plus fecret & de plus
profond, ne nous découvrira jamais ( b j pleinement fes
Myfteres; il femble qu’elle ne fe montre,que pour fe faire
plus défirer. Les parties qu’elle abandonne à notre
examen, & par lef quelles nous croyons peut-être la
faifir, ne font rien en comparaifon de celles qu’elle
met hors de notre portée.
L’Hiftoire Naturelle eft d’une fi vafte étendue , qu'il
feroit difficile & prefque impoffible de traiter en un feul
volume de toutes les parties qui la compofent, quand
même on voudroit n’en donner qu’un abrégé Tout ce
qui eft fur la terre peut s’y rapporter j les Animaux,
les Végétaux & les Minéraux : quel fujet immenfe,
& quelle carrière pour un Auteur i
S'il eft de ces grands génies * qui ont entrepris d’é-
tudier toute la Nature, & de raffembler en un feul tableau
ce qui exerce également les fenfations du vulgaire
& les réflexions des Philofophes, il s’en eft peu
trouvé qui ayent ébauché ce tableau ; la mort a
prefque toujours prévenu l’exécution d’un fi vafte défi
fein : ceux même qui les ont fuivis, ont fait de vains
efforts pour l’achever parfaitement. Quelle plus grande
perte pour une fcience fi utile : En effet il n’y a
que ceux qui traitent d’inutile ce qu’ils ignorent, qui
puiffent douter des avantages que cette fcience nous
procure , tant pour les befoins de la vie , que pour la
confervation de notre fanté , & le progrès des Arts :
la Médecine , la Chymie 6c la Botanique tirent leur
propre fubftance de l’Hiftoire Naturelle ; que devien-
droient-elles fans fon fecours ? Ne fçait-on pas que tous
les remedes font tirés des Animaux, des Végétaux 6c
des Minéraux?
Une feule réflexion fuffit pour nous montrer combien
il eft important d’étudier laNature : le plus vil de
de tous les infeétes , la moindre plante ,, le plus petit
Coquillage éleve l’efprit jufqu’au Créateur. Un Lecteur
judicieux ne peur confidérer tous ces objets, qu’il
ne procure à fa raifon le moyen de réfléchir fur les
merveilles de la création ; c’eft ainfi qu’un objet très-
méprifable en apparence porte l’ame à la contemplation
la plus fublime.
On. ne peut difionvenir cependant, que l?Hiftoire
Naturelle , malgré fa grande utilité, n’ait des parties
qui ne paroiffent fimplement que curieufes. Ne nous
en prenons qu’à notre ignorance , qui n’a-pû pénétrer
jufqu’ici l’utilité cachée de ces mêmes parties: le tems
b iij.