CHA P I T R E HUITIEME.
D e quelle maniéré on doit nettoyer les Coquilles, les polir .
& augmenter leur beauté naturelle , fdrts
les altérer.
SI la nouveauté répand des agremens fur un ouvrage , ce
Chapitre 8e ceux qui le fuivent, doivent fe reffentir de
cet avantage. ,
Aider la nature , 8c la faire paroître dans tout fon é cla t,
eft le but principal où chacun doit tacher d afpirer : vouloir
au contraire forcer cette nature, yajôûter des gniccs , rien
de plus téméraire. La hardielfe de ce travail, deméntie^parla
découverte de la vérité , rend le fujet encore plus méprifa-
blç. L ’exemple -dés Agathes arborifées ( où l’on deffine des
figurés d’arbres . en y paffant enfuitede la Térébenthine, ce
qui les imprime allez kir la Pierre pour ne point s’effacer, )
ne trompé perfonne 5 rien ne faute plus aux yeux que ce
preftige: .. [. ■
Il y a des Coquilles qui fortent de la mer tres-bclles Si
très-polies , 8c quih’ônt befoin que dette rangées dans leurs
dalles : telles fönt les Porcelaines, les Caflandrès des Tonnes
, les Buccins , leS Cornets 8e les Cylindres, excepté la
Tiare,la Plume 8e la Pelotte de beure, dont la pellicule comme
un voile en cache la beauté. La- plûpart de ces Coquilles
ont un poli naturel 8c fi parfait, qu’il eft difficile d’y atteindre.
D’autres fortent de la mer, fangeufes, bruttes , 8c couvertes
de leur Epiderme,qui eft une première Pellicule, ou un
certain Drap marin, veloute, ou a poil, telquon le remarque
fur les Tellines , les Moules , les Limaçons , 8t fur certains
Cornets. Enfin il y en a qui ont des defauts très- effen-
tiels , qu’il eft bon d’examiner dans ce Chapitre.
Quoique plufieurs Naturaliftes veuillent avoir toutes les
-La C o n .c h y j l i o l o g i e , I, -Pa .r t i e . ■ 09
Coquilles telles quelles fortent de fa m ec déft-àrdire,,,couvertes
de leur fange 8c dans tout ieur.brw, on,qe peut adhérer
entièrement à leur avis. Combien perdroit-pn de beautés
8c de variétés dans les couleurs 8c dans les efpeces, fi
l’on ne fe déterminoit à nettoyer les Coquilles 8c à les découvrir
, jufqu’à même les ufer fur la roue ? Une Coquille
eft comme un Diamant brut > dont.-on ne jouit que quand il
eft découvert ; qu’il .eft raillé 8e poli s c’eft par ce moyen
qu’on acquiert de nouvelles efpéces, 8c pour aiufi dire de
-fécondés. Coquilles.
On pourroiten iprenant les Coquilles doubles , concilier
les deux fentimensjla Coquille brute conferveroit fpn naturel,
8c l’autre perdant cet état, préfenteroit de nouvelles beautés!
A Quand on eft obligé de travailleras Coquilles , ce ne doit
etre qu’avec de grandes précautions , pour ne les.pas.perdre
entièrement. Examinez premièrement fi la Coquille a une
fuperficie unie , ou fi elle paroît raboteufe par les.pointes 8c
les Tubercules qui la couvrent 5 c’eft ce qui doit indiquer le
travail. *
Une Coquille unie ,;qui a,naturellement un poli terne,
trottee-avec du chamois ou-avec la main , devient brillante ,
pourvuque l’on.y. mette un peu de Tripoli fin. Il.ne faut
point fe feryir d’Emeri, parce qu’en poliffant il ufe trop.
Cette operation demande un homme entendu,8c qui n’oublie
point que les belles couleurs 8e le petit travail de l’Animal
- qui confifte en. rayures imperceptibles, ne ppietrent-pas bien
avant. Souvent même elles .n'exiftent que.fur la première
peau. ; .
Si la Coquille eft limoncufe , crafleufe , ou couverte d’un
Sel Tartareux , on la laiffèra tremper une journée dans de
1 eau chaude pour la lailfer imbiber s. enfuite- on la. frottera
d Emeri rude pour achever de la décralfer, en fe fervant d’un
morceau de bois ou d’une lame de couteau, avec lefquels on
la ratifiera doucement. On peut encore la tremper dans de ■
eau.-leconde, en la retirant de moment-à-moment, pour la
plonger dans un.autre vafe plein d’eau commune. Cette eau
leconde n’eft autre chofe que de l’eau forte modérée Le
bavon noir -peut être auffi fort bon avec un petit linge mouill
e . la Coquille étant nettoyée- fuffifamment , on prendra
pour achever de la polir, une broffe-fîuede poil avec de 1E
men toJ , 1