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Peut-on dire que la terre ait formé autrefois de ces Animaux
,Sc quelle cellèi aujdurd’hui de les produire ? La Nature
trop invariable dans: fes opérations.fait rejetter un te!
fentiment. Les Foffiles & les autres pétrifications qui n’ont:
point renfermé d’Animaux, pourroient plutôt s’attribuer à la
terre. C ’eft une métamorpnofe, & non pas une nouvelle
production. Nous trouvons donc des Coquillages bien exprimés,
tant dans la Pierre dure que dans la tendre, parce
que de véritables Coquilles fe font trouvées dans la terre
avant qu’elle fût convertie en Pierre; & elles ont donné
leur configuration à cette terre , ou au fable qui les to.u-
choient, Toit en s’incorporant avec la Pierre , foit en fe
détruifant elles-mêmes: dans ce changement. Les unes font
adhérentes à la Pierre , les autres fe détachent facilement
de la concrétion pierreufe ; il y a toujours un petit efpace
Vuide entre ces Coquilles & la malle de Pierre , & l’on en
voit dont la Coquille trop chargée par les objets voifins,
s’eft applatie en fe pétrifiant.
On dit encore que les Coquillages foffiles n’ont jamais
renfermé de Poillons, & que ce font des Pierres qui imitent
parfaitement les Coquillages de mer.
Le nerf ou tendon qu’on remarque dans les Foffiles Bivalves
, & la place qui paroît au milieu de leur intérieur
où l’Animal étoit affis , dénotent qu’il y a eu certainement
un Poillôn renfermé dans ces Coquilles , lequel eft péri
faute d’eau. Sa conftruciion intérieure.eft encore une preuve
du tournoyement d’un Poiffon. Souvent il eft pétrifié & endurci
dans fa Coquille même par le moyen d’un limon
rempli de féls pétrifians. Ce limon s,y eft infinué fi fubtile-
ment,que les parties intérieures s’y fout confervées dans toute
leur délicatelle. ■
Voici la derniere objection. Si ces Animaux avoient exifté
au temps du Déluge , en refteroit-il aujourd’hui le moindre
veftige après 4000 ans , & ne fe feroient-ils pas confumés , au
lieu qu’on en trouve de tout entiers; Comment une matière
auffi délicate qu’une Coquille qui n’a fouvent qu’une
demi-ligne d’épaiffeur, a-t-elle pû réftfter à ce qui a détruit
le fer & le bronze ? comment peut-elle fervir aujourd’hui de
monument autentique' du Déluge r
Quand ces Coquillages fe trouvent entiers , n’en rapportons
la caufe qu au limon dont ils font demeurés couverts
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le enfévelis à l’abri des injures de l’air & fins aucune agitation.
Ce limon meme mêlé avec leur propre élément n’a fèrvi
qu a les durcir , & a les fortifier au point où on les' voit-
Ceux qui ont perdu leurs écaillés, ont été détruits par la
rencontre des fels corrofifs & vitrioliqües, & parce qu’e-
tant demeurés far la furface de la terre , le Soleil, les pluies ,
les vents , & les- autres intempéries de l’air ont ruiné- leuit
écaille, qui fouvent par fa propre délieateffe a pû pérît
d’elle-même.
Il s agit prefentement- d’examiner les deux autres points
du fyftême : 1 °. -Comment les Coquillages de mer, devenus
depuis Foffiles, en font fortis pour fe rendre dans tous les
endroits de la terre où ils fe manifeftent à nos yeux. 20.
Comment ces Coquillages: y ont-ils été pétrifiés ?
'Le chemin qu' ont tenu ces Coquillages1, e-fteequi foüf-
fte le plus de difficulté dans le fyftême. Il eft bon de rap-
porter ià-deffus les différentes opinions des Philofophes.
Quelques-uns ont avancé que les hommes & les OifeauX
de proie avoient apporté de la mer ces Coquillages pouf
les manger ; & que par fucceffion de temps ils s’étoieiit
enfouis dans la terre , & étoient devenus Foffiles.
■ E ff- if nature1 de croire que les hommes ayent pu appor-
ter dés Coquiliages j principalement dans lés pays incultes „
en auffi -grand nombre que ceux qui fe rencontrent par-tout l
Ces lieux tres-eloignes de la mer font naître une difficulté
pour le tranfport 3 & dans tous les Coquillages étrangers à
nos mers, il s’eu préfente une fécondé encore plus invinci-
ble : fi Ton ne peut manger le Poiffon renfermé dans ces
Coquilles fans les caffer, pourquoi les trouve-t-on ordiriai-
rement toutes entières dans la terre ? La même raifon milite
contre les OifeaüX de proie.
,, Les Coquillages , à ce que difent d’antres , ont remonté
d eux memes par les rivières, comme font les Saumons , ou
bien ils ont été pouffes par des canaux fouterrains danslcf-
quefs: la mer entre-,
C e ll là plus grande de toutes les erreurs , de croire que la
mer, alt pu d’elle :- même pouffer des- Coquillages- pefans
quelquefois trente a quarante livres, fur des montagnes hau-
Tijc e(-C10.cl a f x cens pieds au-dèffus de là fuperfîciedes eaux.
neîâudroi t pas moins que-des. eaux-auffi hautes & auffi
agitées que celles du Déluge pour produire un tel effet.