4* L a C o n c h y l i o l o g i e , I I . P a r t i e.
L e petit Buccin à queue B , eft d’un blanc couvert d’un
épiderme brun ; tout Ton corps eft femé de ftries allez profondes
qui le coupent en travers, & biffent entr’elles de
petits intervalles légèrement fillonnés. Aucun animal ne fort
plus de fa coquille que ce Buccin. Son mantelet blanc, feme
de points noirs, déborde & furpafle confiderablement la pointe
ae fa coquille, de maniéré qu’il forme des replis & des ondulations.
Au milieu de ce mantelet fort un corps rond, qui
va fe joindre fur une côte blanche, renflee & allongée des
deux côtés ; ce qui forme la plaque ou le pied de 1 animal, par
le moyen duquel il rampe. A l’une de ces extrémités eft la tete
dont les yeux font petits, les cornes minces, courtes 8C tres-
déliées , le mufeau gros , renflé, & affez long> au bout duquel
on découvre une partie de la bouche. L ’opercule qui
eft à l’extrémité oppofée eft allonge & pointu , charge de
rayons , dont le principal part du bord fuperieur.
Cet animal a un mérite particulier : au lieu de ramper
comme lesTeftacés de fon efpece , fur toute 1 etendue de fa
bafe , il ne s’appuye ordinairement que fur fa moitié inferieure
-, celle de deffus eft en l’air, & ne touche point a terre.
ainfi tout le poids de fa coquille ne porte que fur un point
q u i , vu l’étendue & la pefanteur de fa malle, n eft pas fuf-
fïfantpour le foutenir toujours dans unjufte équilibré. Cette
circonftance le rend fujet à verfer 5 mais il ne paroit pas que
les froiffemens qu’il éprouve dans fa marche l’étonnent : au
lieu de l’obliger de rentrer dans fa coquille > il reprend fa
première attitude pour la continuer.
P O U R P R E S .
L’A N1 m A l de la Pourpre que nous avons dit être très-
femblable à celui du Murex & du Buccin , tire fon
véritable nom de fa liqueur Purpurine. C ’eft un fuc ou une
fleur fortant de l’animal, qui par le peu qu’il en fournit, & la
necelflte de l’employer avant fa mort, rendoit cette couleur
extrêmement chere chez les Romains. Elle n’étoit propre
qu’aux étoffes de coton & de laine, au lieu que la Cochenille
, petit infecte inconnu aux Anciens , peut teindre
également les laines , les poils des Animaux, & la foie.
La Pourpre à queue C a le corps divifé en deux parties:
la fupérieure où eft la tête , eft d’une chair fort tendre de
couleur rouge j elle eft petite, cylindrique, terminée en arc,
d’où fortent deux cornes renflées dans le milieu , où font
placés extérieurement deux points noirs qui font fes deux
yeux. Sa bouche eft au milieu de la tê te , & forme un trou
ovale. Les parois de la Coquille font tapiffés d’un mantelet,
qui fans s’étendre en dehors, fe replie dans le haut comme
un tuyau , & fe rejette d’ordinaire fur la gauche ; fa plaque
ou fon pied eft garni d’un opercule oblong , qui ne ferme
qu’une partie de la Coquille. La queue de la Pourpre eft
remplie en dedans de deux travers de doigt de la matière
pierreufe qui forme la Coquille, à laquelle l’animal eft attaché,
fans pénétrer jufqu’à la pointe de la clavicule. La partie
inférieure compofée d’une fubftance molaffe, eft enveloppée
d’une peau fi mince , qu’elle fe déchire au moindre
mouvement. Cet animal a dans fa partie fupérieure un fac
qui lui fert d’eftomac, rempli d’une liqueur épaiffe de couleur
d’un Pourpre très-vifs à côté de ce fac eft un long boyau
qui defeend jufqu’à l’extrémité de fa queue: il fe replie, &
vient aboutir à la jonélion des deux parties , par où il rend
fes excrémens qui ne font autres qu’une humeur glaireufe
d’un gris brun.
La bouche de la Coquille eft prefque ronde, & garnie
dans fes levres couleur de rofe de petites cannelures qui fe
terminent en dents. Son corps eft quelquefois armé de pi-
F i j