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Genef. ch. 7
v . 1 %
74 L a C o n c h y l i o l o g i e , I. P a r t i e .
monticule du Vefuve que j’ai examinés, ne font autre cho-
fe que des amasde laves & de cendres brûlées forties de ces
volcans, & par conféquent d’une nature toute différente de
celle des Alpes, des Pirénées;, du Pic de Tenerif, des Cor-
dilieres & des autres montagnes de la terre.
Ce Philofophe Italien a fait voir plus de génie dans ce fyf-
tême , que de folidité dans fes idées. Comment fe pourroit-il
faire que certaines montagnes de la France , fur-tout de la
Touraine & de la Champagne , lefquelles font jonchées de
Coquillages de toute efpece , fuffent forties par le moyen
d’un volcan , des eaux de la mer qui en eft éloignée affez
confidérablement ; D’ailleurs il y a peu de tremblemens de
terre dans ces cantons dénués de volcans. Cet Auteur a
trop généralifé fon fyftême ; il a jugé de toute l’Europe par
fon pays, où les éruptions des volcans 8c les tremblemens
de terre font fréquens.
Si c’étoit à l’effet dés volcans êe des feux fouterrains que
les Coquillages foffiles duffeut leur pofition, il faudroit que
toute l’Europe & le monde entier euffent une pareille fitua-
tion : d’ailleurs ces Foffiles fe trouveroient par ce tranfport
boüleverfés & tout brifés, au lieu qu’ils font entiers & couchés
par lits horizontaux ; preuve évidente que ce font les
eaux qui les ont amenés doucement , & que leur tranfport
ne peut être du aux feux fouterrains ni aux fecouffes d’un
volcan. ,
On voit donc que ce fentiment extrêmement oppofe a la
vraifemblance, ne peut être admis pour toutes les montagnes
éloignées de la mér & répandues dans 1 Univers. Ces
grandes montagnes ont été créées avec ( a) le monde : elles
' font forties des mains du Créateur ;ainfi elles ne font l’effet
d’aucun volcan. '
Le fyftême de Telliamed eft à-peu-près celui de cet Auteur
, en ce qu’il avance gratuitement que tous les terreins
dont notre Globe eft compofé , ainfi què les plus hautes
montagnes , ont été formés & pétris dans le fein de la mer ,
&quefes eaux diminuant, comme elles font tous les jours ,
laiffent après elles cès Veftigés qui fe découvrent petit àpe-
tit. Quelle déraifon à: cet Auteur , de fubftituer Telliamed à
Mayfe , de faire fortir l’homme du fond de la mer 5 & de
peur que nous ne defcendions d’Adam , de nous donner des
monftres marinspour-ayeux f II n’y aque-des impies qui puif-
fent inventer de pareilles rêveries.
L A Ç O HCH y L I O L O G I E , I. P A R T LE. i 75
Çe que dit (d ) : Ovide au fujet du Déluge de-Dencalion eft
encore moins ridicule.
Jamquc Marc & Tellus milium difcrlmcn habebant :
Omnia Ponuis erant 9 durant quoque. littora Ponto.
La quatrième Objeétion confifte à dire, que les Foffiles
font montés fur ies montagnes,,:où ils ont été amenés parla
circulation de la mer avec la terre , ou par un mouvement
interne de la terre , fur laquelle la mer répand peu-à-peu les
Coquillages , les Cailloux & fes fables.
Cette hypothefe eft avancée fans autre preuve que celle
qu’on tire des Carrières du village de Monteffon près Saint
Germain-en-Laye. On dit, que des monceaux de Coquilles
s’y perpétuent de maniéré qu’elles rie diminuent point, quelque
quantité qu’on, en tire.
Voici comme on forme cette hypothefe. Ce mouvement
de circulation, par fa feule pefanteur , porte tous les objets
de la circonférence du Globe terreftre vers le centre de la
.terre , & rapporte tout par l’a&ion du feu central, ou des
feux fouterrains, du centre à la circonférence , entretenant
un commerce continuel entre les mers & les terres, entre la
terre extérieure & la terre intérieure. C’eft donc une circulation
fouterraine qui répand Se charie peu-à-peu dans les terres
, les Coquillages , les Cailloux & les Sables des mers.
Cette méchanique fe fait par la réaftion du même centre , êc
par l’aétion du même feu.
L’affertion du renouvellement fucceffif des corps marins
dans les Carrières de Monteffon eft incroyable. J’affait examiner
par de bons Phyficiens les Falunieres de Touraine Sc
de Poitou qui font analogues aux Carrières de Monteflon î
les excavations confîdérables que l’on y a faites & que l’on y
fait journellement pour l’engrais des terres, ne fe font jamais
remplies de Coquillages depuis plufieurs fiecles, & font toujours
les mêmes. Les côteaux de Grignon , de Courtagnon ,
qui font remplis de Coquillages,àmefure qu’on les abbatpour
en tirer des Foffiles 6c du fable, relient dans le même état de
cavité; il n’y revient jamais de nouveaux Coquillages ni du
fable depuis nombre d’années: on a de plus examiné la nature
des caves de ce pays, creufées il y a plus de 300 ans
dans des roches & des fablonieres pleines de Coquillages ;
ces caves , fans être revêtues d’aucune voûte, font reltées
Kij
(a) MétAmtr-
thojes, Liv. 1.’
fAg. 19*
QUATRIEME
OBJECTION.