aï L à C o n c h y l i o L o g i e , II. P a r t i e .
même pour aller chercher à fe nourrir. Le Lepas peut fans
fortîr de fa place élever fa coquille d’une ligne & demie, & la
rabbaiffer de même. La partie fur laquelle il marche eft plus
folide que les autres : cette bafe paroît remplie d’une infinité
de petits grains, comme fi elle étoit chagrinée ; ce ne
font cependant que de petites cellules remplies d’eau & de
g lu , dont l’animal fe fert alternativement à fe coler fur une
pierre & à s’en détacher en délayant cette colle.
La première figure repréfente le Lepas attaché au rocher;
on en voit un naiffant en A : ce Lepas montre fa tête, fes
cornes , & des yeux. La fécondé Figure eft le PoilTon retourné
pour découvrir fes parties intérieures. Il a été pcché
fur les cotes d’Aunis ; & l’on n’y a point trouvé d’yeux quoiqu’il
ait des cornes, en quoi il eft différent des deux autres
Lepas qui en ont. On voit dans la troifieme Figure le Lepas
marchant fur un terrein. Sa tête & une partie de fon corps
fortent de fa couverture. Cette Coquille, dans fa plus grande
étendue n’excede gueres deux à trois pouces : elle eft ovale
& couverte de ftries peu profondes , avec quelques . Zones
tranfverfales qui forment un cône, dont le centre n’eft pas
direftement dans le milieu , mais à peu-près au tiers de fa
longueur du côté de la tête; le dedans eft uni d’une nacre
cendrée.
Il y a des Lepas qui fe terminent en Pyramides : d’autres
ont par-deflous une demi-couverture appellée chambre ; il y
en a de dentelés, de percés dans le h au t, de garnis de plu-
fieurs feuilles par étages, d’autres de piquans ; on en voit
une efpece qui eft toute ronde, & qui eft fort rare. Sa couleur
ordinaire eft verdâtre, quelquefois jaune, rouge, brune;
mais ces teintes paffageres ne fubfiftent que pendant la vie
de l’animal, à moins ‘qu’il n’ait été pris vivant.
O R E I L L E S D E ME R .
L ’O r e il l e de mer, que quelques-uns appellent l’Ormier,
n’eft pas moins connue que le Lepas ; mais elle ne fe
trouve pas fi communément: nous ne l’avons en France que
fur les cotes de Bretagne. Elle eft ordinairement attachée au
rocher a fleur d’eau, & s’y tient fi fortement cramponnée,
qu on a encore plus de peine à la détacher que le Lepas.
Rien n’approche plus de ce dernier Coquillage que l’Oreille
de mer ; & elle reffemble affez à l'oreille humaine
dont elle a tiré fon nom. Ce Poiffon meurt incontinent
apres qu’on l’a détaché du rocher; il fait quelque mouvement
, en allongeant fa tête & fes barbes ou cornes, qui fonc
au haut de fa circonférence. Sa chair eft jaunâtre & l’on en
mange. On y remarque une têteronde & affez groffe tranchée
fur le deffus, avec une bouche garnie de quatre cornes, dont
deux plus grandes font peu diftantes des deux autres. Les
deux yeux ou points noirs font au fommet des deux plus petites
cornes.L’Oreille de mer vuide fes excrémens par les trous
qui font fur la fuperficie de fa coquille ; & fes principaux vif—
ceres font logés fur fon bord,qui fait fallie au dedans. Lorfque
l’Oreille de mer eft en marche, fon pied ou fa plaque déborde
beaucoup la fuperficie de fa coquille, qui eft revêtue de fpires
ou filions creufes légèrement, qui tournent autour de la robe
en forme de deux,rangs fraifés, &c vont fe perdre au fommet.
Sa couleur ordinairement très-variée eft d’un cendré noir s
mais il y en a de vertes , de rougeâtres, avec une très-belle
nacre en dedans.
On a remarqué qu’à mefure que cet animal grandit &
augmente fa chair, il fait un nouveau trou à fa coquille, Sc
en ferme un autre.
La première Figure C repréfente le rocher fur lequel eft
attachée l’Oreille de mer ; elle montre fa tête applatie & fes
quatre cornes.
La fécondé Figure D eft le même animal dont la Coquille
eft renverfée ; on voit le fac tout entier de fon corps feparé
furie périofte en plufieurs traverfes , & fa tête parole également
munie de fes quatre cornes.