iô2 L a C o n c h y l i o l o g i e , I. P a r t i e .
La Porcelaine violette ne paraît dans cet é cla t, que lorf-
qu’elle eft dépouillée.
L ’Oreille de mer , qui ordinairement eft auffi craffeufe en
dehors , qu’elle eft nacrée 6c belle en dedans, découvre des
marbrures vertes , quelquefois rouges, 8c li l’on va plus loin,
une très-belle nacre.
Le Nautile étant découvert, préfente un fort bel orient ;
quand il eft feulement nettoyé , fa robe eft d’un jaune doux,
avec de grandes veines fauves.
On ne peut voir un orient plus parfait que le Burgau dépouillé
entièrement. Quand il n’eft que découvert, il montre
une robe marbrée de verd 8c de rouge , qui le fait nommer
le Perroquet.
Le Cafque étant découvert, eft de couleur d’Agathe claire.
La Moule de la terre des Papous qui eft de couleur fauv
e, expofe aux yeux parle même moyen les plus belles couleurs
de rüfe 8c de violet ,-mêléefs-d’Agathe.
Celle de Magellan, grande 8c petite ne nous paroîtroit pas
d’un fi beau Pourpre nacré, fi elle n’étoitpas découverte.
La Conque Perfique qui eft toute blanche 8c couverte de
tubercules , étant ufée fur la roue, préfente une robe grife
rayée de lignes ponétuées de blanc , 8c d’un très-beau poli.
On voit l’Oreille de Midas , qui eft pareillement brune,
devenir lorfqu’elle eft dépouillée, auffi belle que l’Agathe.
Les Lepas font tout différens lorfqu’ils font travaillés , fur-
tout le Magellan,& celui que l’on nomme l’écaille de Tortuë.
La Came jonquille qui a furpris tant de Curieux, qui l’ont
crue une nouvelle efpece , n’eft autre chofe qu’une Came
blanche dont le deflus eft fait en refeau ; quand ce travail
eft abbatu , elle préfente une robe très-polie 8c. d’un beau
citron. La Came violette de Canada, dont on fait les co-
liers de paix , étant dépouillée , vous découvre fur fa fuper-
ficie un blanc de lait, mêlé de veines violettes tirant fur l’A gathe
, d’une couleur admirable.
Une autre Came du même pays, qui eft d’une nacre couleur
de chair en dedans, 8e toute brune par deffus, acquiert
pâr le travail la même couleur qui la domine entièrement.
Lorfque l’Oreille d’âne eft mangée à la lime, dans la partie
qui corréfpond au rouge intérieur de fa bouche, elle découvre
une robe couleur de rofe, très-agréable à la vûe.
On n’auroit jamais fini, fi l’on vouloir parcourir toutes les
L a C o n c h y l i o l o g i e , I. P a r t i e , ioî
nouvelles beautés que ces moyens fourniflent ; fans eux on
ne jouirait point de toutes ces couleurs 1 la Nature nous les'
avoit d’abord rerulees.
Les Hollandois habiles à travailler les Coquilles, ne s’arrêtent
jamais aux moyens fimples 5 ils y emploient les plus
violens : fouvent ils altèrent les Coquilles à un point qu’elles
font entièrement perdues 3 ils les liment de tous côtés , ils
les ufent toutes à la roue pour les mieux polir, 8c ils y co û tent
au pinceau des couleurs brillantes fur lefquellçs ils paf-
fent un vernis imperceptible. Les Sorpions 8c les Dauphins
font fouvent peints en rouge, ainfi que les Brûlées en noir
Qn prétend que ces couleurs font mifesàla lampe, ou que
ceft un noircompofe au fourneau, lequel étant mouillé ne
içauroit s effacer. Combien de Curieux font trompés tous
les jours de cette maniéré I
Ceux qui font graver 8c cizeler des ftjjers d’Hiftoire fur les
Nautiles & fur les Burgau, en diminuent beaucoup le mérite.
On y fornje des bandes, des cercles, des étoiles en relie!
j 8c mille autres figures que la Nature n’avoit point jugé à
propos de leur donner ; ifs appauvriffent, pour ainfi dire, le
jujet pour Vouloir le fingular-ifpr : ç’eft ainfi qu’on travaille
les Coquilles appelles Veuves, les Sabots, les Boutons de
la Chine 8c les Nerites. Un (a) Auteur qui a donné à la fin U) Le ve„
de Ion Livre plufieurs figures de Coquilles ainfi travaillées *■ ”»*”*', ” ■
a loin dans fa defcnption d’avertir le Lefteur de -la trom- 1 “"' r ‘u,is
perie. °cxlu
Les défauts qu’on remarque aux Coquilles font naturels
ou accidentels. Les naturels viennent delà maladie, de l’âge
ou de la mort des Poiffons 3 la maladie ou la mort leur ôtent
la duree de leurs belles couleurs, 8c les vers les piquottent de
tou„ ^ cq té s , ce qui les détruit entièrement. L ’âge ou la
vieillelle les rend jaunes & livides.
On évite tous ces défauts, en pêchant les Coquillages en
pleine mer, où ils font ordinairement biens vivans.-
Les autres défauts naturels , comme les rayes , les cavités
f les excroiffances, fe peuvent pallier 3 c’eft ainfi qu’on peut
augmenter leur beauté naturelle, fans les altérer. (b) Ony pcm
Les rayes ou cavités ferempliffent avec du maftic (b) très- {*?$*[
I S M l’efprit de vin ou dans le vinaigre , pareil à
1 qui lert a raccommoder les Porcelaines. On v mêle ie -
«ne couleur femblable â celle delà Coquille, ou bien l ’on I m *» *