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inondation. Le feul déluge univerfel a pû faire ces tranfports
difFérens.
(i)C’iji u Nos terres ont fait autrefois partie du (a) baffin de la mer ;
fiftime des An- enforteque ce qui eft terre aujourd’hu i, étoit eau autrefois.
cttm fuivi pur piu(5curs Phyficiens modernes penfent que la mer a couvert
piujteursmem- . ■ , . 1 1 1 1 n , très it I'aca- anciennement toute la croûte du globe terreitre. uepenaant
demie Royale aucune hiftoire ne nous apprend que des terreins pleins de
rïtcadém'Heh Coquilles brifées, telles que nous en voyons dans la Tourraine
corps n'a pris 8c le Poitou, ayent jamais été couverts des eaux de la mer.
»«cun pam q ù trouve-t-on que les environs de Paris, fi féconds en
fage fur une Fomles , ayent jamais ete inondés par cet element qui en
matière aufs eft à plus de 36 lieues ï La Genèfe nous apprend bien qu’il
7lk attend dn Y a eu une inondation par toute la terre pendant un an :
temps & des une inondation antérieure ne détruiroit point le raifonneexpériences,
'a ment fujvan£ : elle ne feroit que l’appuyer. Si la mer s’étoic
fe déterminer. . , , . « 1 . i t „ retirée petit a petit , on devrait trouver dans nos mers les
mêmes fables Scies mêmes Coquillages que l’on découvre fur
les montagnes voiftnes>8c c’eft ce qui n’arrive point,parce que
la plûpart des Folfiles étant étrangers, font venus de l’Afie êc
de l'Amérique par le moyen des eaux du Déluge. Une autre
preuve encore eft de dire,oùfe fontretirées toutes les eaux de
cette inondation générale , Sc quelle eft la caufe qui les a
fait ainfi s’aflàiffer ? ce qui prouve la fauffeté de l’opinion que
la mer a autrefois couvert toute la fuperficie de la terre ,
fans y admettre l'effet du Dé luge , 8c la violence des vents
qui ont defféché fes eaux êc les ont fait rentrer dans le grand
abyme.
Tout homme raifonnable nepeutpenfer, qu’un atterriffe-
ment particulier puifle porter des corps marins fur les plus
hautes montagnes, Sc dans le milieu des continens fort éloignés
de la mer 5 8c de plus, croire que le milieu de ces continens
étoit autrefois le lit de la mer. Si cela étoit ainfi,
il y aurait de la diverfité dans l’arrangement des lits de chaque
pays i au lieu que cet arrangement eft par-tout le même :
d’ailleurs divers mélanges de fables Sc de Coquillages étrangers
répugnent entièrement à ces atterriffemens particuliers.
Ceux qui croyent cette ancienne pofition de la mer , mettent
leur fentiment fort à l’aife , pour rendre raifon de l’arrivée
des Coquillages fur la terre 8c de leur enfoncement,
fans recourir au Déluge. Les uns en attribuent la caufe à
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des inondations caufées par des reflus extraordinaires , à des
tremblemens de terre j à des écroulemens confidérables de
ces hautes Sc vaftes montagnes, dont la chute ayant occupé
un grand efpace dans le lit de la mer , en a rejetté les eaux
dans les terres : les autres ont recours à des flots impétueux,
pouffés du Nord au Sud , 8c renvoyés du Sud au Nord, ou
a des fecouffes confidérables qui ont fait de grandes ouvertures.
C ’eft par leur moyen que l’eau de la mer a été repouf-
fée bien avant dans les terres.
Quelles preuves nous en donne-ton ? Des obfervations de
Plantes pierreufes trouvées dans des fouterrains, lefquelles
ne viennent qu’au fond dé la mer; des Grès couverts d’un
fable femblable à celui de la mer, 8c plufieurs minières de
Coquillages dans les entrailles de la terre. Quant aux change-
mens de la terre arrivés de mémoire d’homme, ou plus éloignés
filon veut, dont lesHiftoriens 8c les Voyageurs faffent mention
, ils font peu confidérables : nous avons la nouvelle Ifle
de Santorin dans l ’Archipel, à 3 5 milles de Candie , laquelle
futdivifée en deux en 1707. par des tremblemens de terre ,
qui ont fait naître encore en 1720. l’Ifle neuve entre les
Açores, proche les Ifles de Terceres Sc de faint Michel j le
Monte dette Cinere près Pouzol, en s’élévânt en 1538 a comble
une partie des lacs Lucrino 8c d’Averno, entre lefquels il
eft fitué préfentement. (a) Le Monticule qui s’eft élevé à côté
du mont Vefuve, Sc qui en a changé la forme,eft l’effet del’er-
ruption d’un Volcan qui a vomi quantité de Pierres , de
Fluors , de Charbons 8c de Cendres. La mer peut avoir miné
vingt à trente lieues de terrain dans certains pays , tels
que les côtes de l’Aunis, Sc d’une partie du Poitou , fans que
cela décide rien. Voila prefque les feuls exemples que nous
fourniffent toutes ces relations j ils ne prouveront jamais la
poffibilité d’un changement total de la fuperficie de la
terre.
Cela ne peut être arrivé depuis la Création jufqu’au Dé-
luge.pendant lesf^1656 ans d’intervalle entre les deux événe-
mens. Il n’y a aucune mention dans les livres facrés que les
eaux fe foient retirées de leur lit pour couvrir le elobe de
la Terre.
C eft donc au(rjDeluge univerfel, qu’il convient d’attribuer
le cheminquelesCoquillages,devenus aujourd’hui Folfiles,ont
tenu pour fe rendre dans tous les lieux où ils fe découvrent
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■ W J *0,1 vu
en 1714. ces
deux prodiges t
qui ne font
rien à la quefi
tion•
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les meilleurs
Chronologijles.
(c) Cardan
eft de ce fentiment
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