T U Y A U X E T VERMI S SE AUX
D E MER.
LE s Vermiffeaux fe tiennent ordinairement en fociêté :
leur entortillement les avoit fait croire Multivalves ;
mais n’étant joints que par leur g lu , on doit les regarder
comme féparés l’un de l’autre > ainli on les a fait rentrer dans
la clafle des Univalves.
Rien n’eft moins attaché que les VermilTeaux à leur Coquille
; ils ont des pieds des deux côtés de leur partie antérieure
, avec des trous placés à leurs extrémités , par lef-
quels ils puifent l’eau , Se ne parodient attachés à leur coquille
que vers le milieu. Leur tête s’élargit, 8t leurs yeux
font placés à l’extrémité de leurs Cornes au milieu defquel-
les eft la bouche : fi la nature les a privés d’un opercule pour
fcelle'r leur maifon,elle a fçû fabriquer leur demeure de façon,
qu’ils font par leurs replis tortueux parfaitement à couvert.
Ces Vermilleaux tortueux, ftriés légèrement 8c d’un diamètre
égal, font différens des tuyaux de mer qui font fo-
litaires, prefque droits, ftriés profondément Sc d’un diamètre
inégal : tels font les Antales 8c les Dentales. Ces derniers
ne différent des autres, que par leur grandeur Se leurs
cannelures plus profondes.
Aucun teftacé ne fe détache plus fifeifement de fa coquille
, quand il veut, que ces Animaux qui y font flottans :
cela eft fi vrai, qu’en introduifant un ftilet par un des bouts
des tubulaires , on les fait fortir par l’autre. Peut-être que
dans cette opération le ligament qui les retient eft fi fragile
, qu’on n’y apperçoit aucune rupture. Leur forme tor-
tueufe fait allez foupçonner qu’ils font libres entièrement
dans leur éttri, Se qu’à l’exemple de la tigne , ils forment
leur fourreau indépendant de leurs corps,
La plus grande partie du corps du Dentale E eft couverte
d’une teinte blanche , au travers de laquelle percent plu-
fieurs petits vaiffeaux inteftinales d’un jaune foncé. Lorfque
ce teftacé eft caché dans fon é tu i, il fe ramafle du côté de
la
L a C o K C H Y t i ô L O G i E ) II. P a r t i e .1 i ÿ
la tête s mais lorfqu’il s’allonge, cette maffe fe développe :
alors il fe forme un bouton pyramidal F, qui fe trouve enveloppé
d’un Capuchon G ; à l’extrémité du bouton eft une
très-petite ouverture H , par où le Dentale prend fa nourriture
: on voit au bas du Capuchon un bourrelet I , chargé dé
points noirs qui approchent alfez du tilfu d’une frange ; ce
bourrelet ne déborde point le diamètre du tuyau fortant de
la Coquille , afin de s’y rendre dans le befoin.
Comme le Dentale refte prefque toujours enfablé dans,
une attitude verticale ou perpendiculaire , il s’allonge de
côté 8c d’autre jufqu’à la furface du terrein, fans que lest
flots de la mer puiflent l’ébranler.
Lorfqu’il eft a fec fur la greve, Sc qu’il craint de fuccomber
à fes efforts, il fait fortir de la pointe tronquée de fa coquille,
(s’entend de celle oppofée à la tête) une efpece de filament
ou jambe,dont l’étendue n’a gueres quecinqàfix lignes,
& qui va un peu en ferpentant, fouvent en forme d’une
petite poire. Il enfonce cette jambe dans le terrein ; ce qui
affermit fa coquille : enfin il la termine dans une plaque
ronde, dont les rebords préfentent le calice d’une fleur a cinq
pans, comme on le voit en K. Cette partie qui peut avoir
un demi pouce , 8e par laquelle il eft à croire que paffent les
alimens , eft très-blanche, Se ne paroît en dehors dans toute
fon étendue , qu’autant que la tête ne jouit pas de toute fa
liberté. Le Dentale n’a point d’opercule ; Sc pour fe fouftraire
à ce qui pourroit extérieurement le bleffer, il s’enfonce fi
avant dans un étui, qu’il n’eft gueres poffible de le pouvoir
atteindre.
L ’Antale qu’on ne trouve que rarement dans la plupart
des Forts de mer, eft préfume avoir la même conftruétion
Sc les mêmes habitudes ; l’Analogie l’enfeigne ainfi : on a
déjà dit qu’il étoit moins gros que le Dentale i Sc c eft la feule
différence qu’on peut y trouver.
On voit un grouppe de Vermilleaux au bas de la Planche
marquée L L , qui font les mêmes pour les tuyaux, mais dont
les habitans font différens.
* Le Vermifleau M faic comme un Ver ordinaire, eft charge
d’un bout à l’autre d’anneaux détachés les uns des autres.
Sa tête repréfente le bouton d’un gland de chêne, a la pointe
duquel eft un petit trou imperceptible, qui forme la bouche
entourée de poils fervant à tâter le terrein. Quand il veut
Seconde Partie. * O