y6 L a C o n c h y l i o l o g i e , I. P a r t i e .
dans le même état j.ufqu’à préfent. Cela eft bien éloigné de
fe remplir de Coquillages & d’autres corps marins, comme en
l'avoit avancé.
D’ailleurs on ne trouve dans toutes ces cavités , non plus
que dans celles du pays de Liege , de la Saxe 8c des autres
pays riches en mines , dont la profondeur eft très-confidéra-
ble ,. aucun veftigè de ces prétendues communications- ou
canaux fouterrains parîefquels c'ettecircu-làtion interne pour-
roit fe faire. Si elle exiftoit, l’éau des fourées devroit être
falée, par la communication qu’elle auroit avec celle de
la mer.
Ceux qui ont avancé ce fentiment en ont bien connu- l’ira-
poffibilite ; ils ont appellé à leur fecours le feü central,
quoiqu'il ne foit prefque plus admis dans la bonne Phyfi-
que. Si cette circulation avoir lieu pour les’ Coquillages fof-
files., elle devroit l’avoir auffi pour les Mines, les Carrières;
de marbres 8c de pierres ; il faudroit que ces corps cir-
culans priftent la route de la-mer, pour rèvenir enluite'par
des canaux fouterrains prendre leur place dans les monta*-
gnes : enfin la mer fe feroit épuifée depuis long-temps dé-
tous ces corps , à moins qu’elle n-’ëût la vertu créatrice-d’en-
former de nouveaux. En vérité ce feroit bien de la peine
épargnée à-nos Mineurs 8c à nos Carriers-, fi cette circulation
interne de la mer avec la: terre amenoit- naturellement'
ces objets fur la- fuperficie des montagnes-.
Il a donc fallu un auffi grand agent que le concours du
Déluge univerfel avec la violence des eaux 8c la fureur desvents
, pour porter les gros Coquillages 8c les autres corps
marins fur la cime des- montagnes , 8c les précipiter enfuice
dans les plaines.
Deux réflexions finiront ce Chapitre , l’une fur l’ùniver-
falité du Déluge , l’autre fur l’événement du régné Animal,
du régné Minéral , 8c du Végétal dans le temps du-
Déluge;
Le monde n’à pas 6 ûo0 ans’d’antiquité , félon Moyfe , 8 c
l’on compte qu’il y a eu plufieurs Déluges. Le premier qui’
(a ) Selon eft celui de Noé, a été univerfel , 8C eft arrivé 1656 ans
jueiques-mis après la création du monde. Le fécond s’appelle celni f a )
sB Ê Ê £ d’Ogyges , qui inonda feulement le pays d’Afrique l’an
plu!'ancien 3298 du monde , 8c 336 ans après le Déluge univerfel.
nu,celuid’O- Le troifîeme qui ruina-la Theffalie , fut celui de Deucalion
L a C o i f C H U i o t o G i E ' ; L P a r t i e . 77
Lan 1540 du monde, 884 ans après le Déluge de Noé, 8c
384 après celui d’Ogyges. Ces deux derniers Déluges n’ont
point été univerfels : ils n’ont inondé que quelques petites
parties de la terre ; 8c même des Sçavans croient quelles
anciens Grecs avoient confondu le Déluge de Deucalion
avec celui de Noé : ainfi il ne faudroit compter que
deux Déluges. Nous ne rapporterons point ceux de Pro-
methée dans l’Egypte, 8c de Xifuthrus, dont parlent quelques
hiftoriens ; ce ne font que des inondations particulières.
Quelques autres Sçavans veulent nier l’univerfalité du
Déluge de Noé. Les hommes, difent-ils, n’habitoient qu’une
partie de l’Afie ; le Déluge n’étant fait que pour les punir,
n’a pû s’étendre que fur les lieux habités, 8c nullement par
toute la terre.
La Genefe dit expreflement que les eaux (a J couvrirent-
toute la furface de la terre , 8c que tout ce qui eut (b) vie
périt fous les eaux. Les Animaux étoient répandus fur toute
la terre, 8c les oifeaux pouvoient voler par-tout} au lieu que
les le) hommes n’habitoient félon toute apparence qu’une
partie de PAfie. Si tous les Animaux ont péri fous les eaux,
comme nous ne devons point en douter, le Déluge a donc été
univerfel i la précaution dç conferver dans l’Arche chaque
cfpeced Animal, auroit été inutile , fi leDélugeles eût épargnés
dansquelquesparties de la terre.
Les loix de 1 Hydroftatique prouvent encore parfaitement
l ’univerfalité du Déluge.Les eaux , fuivantla Genefe , ont
furpaiïe de ( d) quinze coudées les plus hautes montagnes.
On fçait que ies eaux fe mettent toujours de niveau s ainfi
elles fe font répandues par toute la terre , 8c l’ont furpaffée
de quinze coudées par-tout, pour conferver un niveau parfait.
On ne peut concevoir des parties fubmergées à côté
de parties vuides , que l’énorme poids des eaux auroit remplies
fur le champ.
D’autres difent, fi le Déluge a été univerfel, îl n’à pas dû
être fi refferré dans fes effets. La caufe étant fi générale T on
devroit trouver par toute la terre des Coquillages foffiles
8c du Sable marin.
Si 1 on trouve des Coquillages foffiles en certains endroits
& non en d’autres , c’eft que tous les endroits de la
terre n’étoient pas également difpofés à recevoir ces fortes
de dépôts j; ceux qui ont pu. par leur réfiftance s’oppcfer.à.
K iij
( a ) Veh'e*
menter enim>
inundave-
runt>& omnia
repleverunc
in fùperfîcie
terrât. Gen. c.-
7- v. 18.-
(b) Confum*
pta eft-omnis-
caro quae mo-
vebatur fupec-
terram , vo-
lucrum} ani-
mantium, be~-
ftiarura, ora.
niuiuque rep-
tilium quaï.
reptant fuper
terram. Gen.
c.vu.v. zi..
(c) II faut'
entendre cela,',
des parties du
monde connues
alors, &
habitées j il
pouvoity avoir
plufieurs autres
parties dm
monde habitées
& inconnues
en ce
temps-la, comme
nous en
avons aujourd’hui.
(d) Qùindej*
cim cnbitis al-
tior fuit aquat
fùper montes,
quos operue-r-
rar. Gen. c*.
ni-n. roi .