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j ’ai toujours entendu dire que tout a son utilité dans la création, e l je suis tro p poli
p o u r p ré te n d re le contraire. En présence des ravages, des méfaits et des témoignages
n o n équivoques de la malveillance des vers, chenilles, pucerons, kermès, e te ., envers les
p ro d u c tio n s destinées à la n o u rritu re de l ’homme, j ’a'i toujours h um b lem e n t courbé la
tê te , et c ’est dans mon for in té rieu r q u ’à ceux qui me monlraient chaque ê tre comme
ayant son corre c teur naturel qui pose, à son propre profit, des limites à ses ravages, je me
suis d it parfois qu ’au lieu de c ré e r des taupes pour manger les vers blancs et des m o ineaux
p o u r manger les chenilles, il e û t peu t-ê tre été plus simple de ne c ré e r ni chenilles
ni vers blancs, pour n ’ê tre pas obligé de c ré e r des moineaux et des taupes, Quoi q u ’il
en soit, nous devons avouer que si les iiisecles et les vers ont p o u r mission d ’e x e rc e r
n o tre p a tien c e , ils s ’en sont acquitté cette année le plus consciencieusement du monde.
Connaissez-vous beaucoup de poires ou de pommes qui ne servent pas en ce m om en t
de palais à un ver? Les récoltes de ces fruits s’é taient annoncées b e lle s ; les (leurs
s ’étalent épanouies nombreuses, et les heureux croyants avaient pu re tra n c h e r à le u r
aise à tous les bouqueis de fleurs tous les boutons du contre — les fruits du c en tre p a r
c onséquent — afin d ’en récolter davantage. T out cela avait noué en p rofusion, poussait
à ré jo u ir le coeur, et je voyais déjà certains exposants se dire en se frottant les mains :
(I Allons, c ’est bien; je n ’aurai peut-être pas besoin, c ette année, d ’a lle r g lan e r p a rto u t
» des fruits, dans les ja rd in s des camarades, pour me faire un lot convenable à la p ro -
» cliaine exposition d ’automne. » Et puis, voilà q u ’un m a tin poires e t pommes o n t d it
un de rnie r adieu à leurs coursonnes, e t se roulent à te rre , l ’estomac dévoré p a r un
c a n c e r; les autres, plus dures au mal, lo su pportent avec courage ; on a quelque espoir
encore, puis, quand vient la c u eillette, des plaies p a rto u t ! des plaies k la peau, des
plaies au coeur, rien de sain nulle p a rt ! désolation ! C’est ce que to u t le monde d éplore
cette année, même ceux qui savent si ad ro item en t éÿwîû’érer les récoltes; les p êches e t
les abricots ont presque p a rto u t manqué à Tappel ; les poires et les pommes sont déshon
o ré e s; et cela augmente tous les ans, e t les insectes nous envahissent, e t les a rb re s se
d é té rio ren t, et les fruits se tavôlent ! Qui nous ap p o rte ra une re c ette ? Qui sauvera Tar-
boricuUure? Allons donc, à Toenvre, arboriculteurs modernes !
— C’est seulement pour mémoire que je veux rappe le r la poire de l'Assomption; elle
n ’est pas âgée, c ’e st vrai, mais elle e s t déjà tellement connue comme une do nos m e illeures
Poires d’août, el su rto u t des plus grosses, que je no do u te pas que to u t le monde
n ’ait e ntendu p a rle r de ce fruit, hors ligne p o u r la saison. Ju sq u ’alors il a toujours été
signalé comme excellent, fondant et toutjvileux, plein de parfum et de sucre,; o r, voici
q u ’un nouvel échantillon m ’arrive le 25 août, que va-t-il être? s’il ne ressemble pas à
ses prédécesseurs, s ’il manque de ju s , si le sucre se sent à peine, dame ! tan t pis p o u r
lui ! bien que je l ’aie déjà fort vanté, je suis to u t p rê t à ra b a ttre de mes éloges J ’ai
dégusté je ne rabats rie n .... toujours le même! Ah! monsieur Ruillé d eB e a u c h am p ,
c ’est un beau cadeau que vous nous avez envoyé là, de N antes ! et nous ne re g re tto n s pas la
médaille que nous lui avons octroyée ! — Je ne lui connais q u ’un défaut, à c ette P o ir e :
c ’est que sa chair n ’est q u ’à moitié fine ; mais qui donc n ’a pas son petit défaut, végétal
ou animal? — végétal surtout??? — Tenez, parmi les fleurs, voyez la tu lip e ; est-ce jo li
de nuances et riche de coloris! mais, mon Dieu ! que cela a donc Pair bête, avec son
grand cou sans cravate ! Une sonnette au bout d ’une tringle! — Mais, me direz-vous, la
Tardive de Toulouse......
— Oh ! je vous en p rie , pas de Tardive de Toulouse! nous en avons par-dessus la tê te !
T u . B u c h e t e t .
P a r is . — Im p r im e r ie d e Ë . Ma r t in iît , m e Mignon» 2 .
CINQUIÈME ANNÉE. N® 9 15 OCTOBRE 1 8 6 9 .
LE VERGER
PUBLICATION PÉRIODIQUE D’ARBORICULTURE ET DE POMOLOGIE
REVUE MENSUELLE
LA 14“ SESSION DU CONGRÈS POMOLOGIOUE DE FRANCE.
C’est Lyon, la m ère-nourrice du Congrès, qui a voulu ê tre c e tte fois le témoin de la
14" réunion pomologique et recevoir son nourrisson, qui vient d ’e n tre r dans la 15' année
de son existence. Tous les ans la cité lyonnaise en tre p re n a it le voyage p o u r aller passer
une semaine auprès du jeune enfant, aux allures nomades, q u i, depuis les vacances de
1860, n ’avait pas revu le foyer maternel ; mais, l ’an d e rn ie r, à Bordeaux, la voix du sang
avait parlé plus forte, e t Lyon avait réclamé son ills pour 1869. Le fils est venu, obéiss
an t e t exact, et, le 15 septembre, midi sonnant, il se je ta it dans les b ra s de sa mère.
Qu’a -t-il d it, le Congrès, en revoyant son berc eau ? e t q u ’ont d it ses p a ren ts en revoyant
le jeu n e homme ? A-t-il reconnu là tous ceux qui avaient souri à sa naissance ? A-t-il
cherché des yeux son p rem ie r p ro te c teu r, n o tre vénérable Président le sénateur Réveil,
que sa santé maladive — accidentellement, p a r b o n h eu r 1 — re ten a it loin de la fête?
A -t-il revu au to u r de lui tous les encouragements et tous les enthousiasmes des beaux
jo u rs , et s’est-il rappelé les faux pas — o u b lié s— q u ’a faits son enfance? E t elle, la
m è re , a-t-elle été h eureuse de son oeuvre ? A-t-elle souri à la belle santé de 1 enfant ? L a.
t-elle trouvé bien fort, et bien conformé, e t bien gaillard p our son âge? Tout cela, j ’aime
à le c ro ire . J e n’y étais pas, mais je puis le savoir au ju s te , et c ’est fo rt de renseignements
pris à to u te s sortes de sources, que je ferai p a rt aux lecteurs du Verger des travaux
de la session lyonnaise, du 15 au 21 septembre 1869. ^
Qui dirigera les Iravaux? —M. P o rch e r, Uhonorable P résid en t de la Société dOrlenns^
q u i, co n tin u an t ici les magistrales occupations de sa vie laborieuse, pro c lam e ra le merile
des bons et condam nera les mauvais. A son aide, comme Vice-Présidents. MM. Estienne,
de L y o n ; Mas, de B o u rg ; de Mortillet, de Grenoble ; de Boutteville, de Rouen. Tout
adole sc ent q u ’il e st, le Congrès, on le voit, fait preuve d ’ex p én e n c e et sait choisir ses
hommes.
5ecrcto're oO Té ra /M . Willermoz (de Lyon). ^ , , s
Vice-Secrétaires : MM. Michelin (de Paris), Sicard (de Marseille), Boucoiran (de Nîmes)
e t Cusin (de Lyon.) . ,
Il va sans d ire que l’Assemblée a été h eu reu se de proc lame r l’in té rê t qu elle prenait a
la santé de M. le sén a teu r Réveil, en le nommant son P ré s id en t d ’honneur.
Puis, formation des sections. — F r u i t s àpepins. — Président .-n .U ix i, et si je ne craignais
pas de je te r des fleurs dans son Vei-ger, je devrais dire combien ses collègues
é ta ien t enchantés de n ’avoir pas k re g re tte r c ette année, comme l ’annee dermerc, la