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REVUE MENSUEUUE. 23
succès est plus certain par l’emploi de rameaux garnis d ’yeux saillants; les bourgeons
pl.ats des rameaux anticipés offrant pou d ’espoir à la mise à fru it.
Une fois la production venue, les branches fructifères sont traitées comme nous
l’avons d it pour les brindilles, p a r des rapprochements en vert et en sec qui les ré d u isent
à l’état des coursonnes et lambourdes ordinaires.
D’ailleurs, la fructification forcée d ’un sujet rebelle dompte sa vigueur et amène sa
fructification naturelle. Les moyens excentriques sont désormais inutiles. Quoi qu ’il en
soit, on ne doit en user qu’avec circonspection, principalement si le sujet est encore
jeune, et dans des conditions normales.
Les deux procédés que nous venons de décrire s ’appliquent exclusivement, su rto u t le
dernier, aux arbres vigoureux peu disposés à produire quand l’âge en est cependant
arrivé ; q u ’ils soient disposés à haute lige, en plein vent ou en espalier, en pyramide,
palmette, candélabre, éventail, vase ou co rd o n ; et principalement sur le poirier.
On aurait tort de les req u é rir à l’égard de la William, du Frédéric de Wurtemberg, du
Beurré d’Elberg, du Beurré Clairgeau, du Colmar d'Arenberg, de la Sucrée de Montluçon,
du Napoléon Savinien, du Beurré de Jonghe, de Prévost, de Madame Millet, chez
lesquelles la mise à fruit n’attend pas l’âge viril ; mais on peut sans crainte en user pour
les Épargne, Beurré d’Amanlis, Arbre courbé. Madame Ëlisa, Conseiller de la Cour, Curé,
Emile d’Heyst, Triomphe de 'Jodoigne, Beurré Diel, Beurré de Rance, qui pro je tten t des
bras d’une végétation fougueuse, accompagnés de brindilles et de rameaux tourmentés
dans le u r direction.
Nous les employons sur nos poiriers de semis, pour hâ te r leur production, mais lorsque
l’égrin a dépassé la première phase de son existence, c ’est-à-dire quand il a perdu
son caractère sauvage, en donnant des rameaux plus forts, moins buissonneux ou épineux,
avec un feuillage mieux étoffé.
Enfin, nous les recommandons p lu tô t aux propriétaires qui se plaignent de récolter
plus de bois que de fruits. C’est à l ’adresse des néophytes de ci l ’a r t de la taille » que
nous avons pris la parole.
C U A R L E S B a I T E T ,
Tlorticulteur ft Troves.
BIBLIOGRAPHIE.
CULTURE DES .ARBRES ET ARBRISSEAUX A FRUITS DE TARLE
P a r A. Du B r e ü il (6® édition) (1).
La maison Victor Masson et fils, qui sait si bien mettre au service du Verger les soins
intelligents q u ’elle apporte à toutes ses publications, met en vente la 6 ' édition du Cours
d ’arboriculture de M. Du Breuil. En face de la valeur de l ’ouvrage et de la supériorité du
maître, si la science arboricole avait à rompre quelques lances, c’est à un champion
d ’autre taille que la m ienne qu’elle devrait confier sa cause; heureusement elle rencontre
ici un ami, non un adversaire ; l ’a rboriculture a trouvé depuis longues années on M. Du
Breuil un de ses plus chaleureux et de ses plus influents propagateurs, et les nombreux
adeptes, inoxperts d ’abord ou incrédules, q u ’il lui a amenés convertis et dociles de
toutes les parties de la France, sont toujours là pour acclamer les qualités du professeur
et les mérites de l’écrivain. Personne du reste n ’a encore contesté le talent de M. Du
Breuil, même parmi ses collègues, môme — ce qui est plus fort encore — parmi ceux
qu’il a formés ot bien placés dans le monde professoral, et l ’on a été ju sq u ’à voir, dans
(1) Victor Masson e t Fils. 1 vol. iii-1 2 , 737 pages, 577 figures. — Prix ; 8 francs,
ces derniers temps, un de ses bons élèves, aujourd’hui mi-boutiquier, rai-professeur, et
dont l’humilité n ’égale pas le mérite, reconnaître en public, avec une naïveté charmante
, qu’il n ’existe en a rboriculture que deux professeurs sérieux : lu i et
M. Du Breuil.
Essayer d ’analyser ici en détail le Cours d’arboriculture serait oeuvre parfaitement
oiseuse, et trop de choses me feraient défaut, l ’espace d ’abord, l ’autorité su rto u t; l’ouvrage
est du reste tellement connu et apprécié, il a si bien fait ses preuves, q u ’il ne reste
plus guère q u ’à annoncer son rajeunissement et à indiquer les modifications que cette
sixième édition renferme. Jusqu’alors et dans ses cinq apparitions successives il comprenait,
en un largo ensemble, toutes les branches de Tarboriculture ; arbres pt arbrisseaux
d ’ornement, — arbres et arbrisseaux forestiers, — arbres el arbrisseaux propres aux
boissons fermentées, — et, la partie la plus considérable, a rbres fruitiers. M. Du Breuil
se propose de faire désormais de chacune de ces quatre branches un volume distinct, et il
publie a u jo u rd ’hui celui qui nous occupe sous le titre : Culture des arbres et arbrisseaux
à fruits de table. Plus de 700 pages, cela suffisait certes bien p our uu volume seul.
M. Du Breuil n ’est pas un re ta rd a ire , — on le sait, — ni un stalionnaire non plus;
ainsi q u ’il convient à un homme dont la parole fait foi, il ne s’enthousiasme pas inconsidérément
p our des innovations qui n ’ont pas fait leurs preuves, mais il ne les rejette
pas pour c ela; il les recueille et les expérimente, et lorsque la réussite a couronné les
essais, il les recommande avec conviction, dans ses cours et dans ses ouvrages, sans
oublier, — comme d ’autres que je ne veux pas nommer, — d ’en rep o rte r tout le mérite
à leurs auteurs. M. Du Breuil sait donc, quand il le faut, modifier les détails de ses p ré ceptes
d ’après les données de l ’expérience, et il l ’a spécialement montré à propos de la
conduite des pêchers. Toujours convaincu des avantages que présente, dans de certaines
conditions, le système du pincement court, U continue à en donner la description
détaillée, mais, adhérant aux perfectionnements apportés au d it système, il l ’admet seulement
te l que le p ra tiquent et que l ’ont recommandé-les observateurs sérieux ; ce n’est
plus ce pincement toujours répété et toujours à deux feuilles, mais une suite d ’opérations
mieux comprises, moins confuses et d ’un résultat plus certain.
Aux études préliminaires, nécessaires avant d ’entreprendre la création du ja rd in fruitie
r, l’au teu r a ajouté un intéressant travail sur les engrais, engrais de toutes sortes,
minéraux ou organiques, avec des notes sur leurs avantages ou leurs inconvénients, sur
leur action plus ou moins rapide d ’après leu r décomposition plus ou moins lente. Un
tableau indiquant la richesse et le prix de revient do chacun d ’eux te rmine c ette importante
addition.
A cela sont venues s ’ajouter les notions les plus utiles. En oulre des maladies qui
s’a ttaquent à chaque genre d ’arbres et des remèdes à y apporter, M. Du Breuil a indiqué
cette fois p our chacun d ’eux les nombreux ennemis qui les ravagent avec une ténacité si
désespérante ; il a d é crit leur physique, leurs habitudes, leur terrible manière de vivre
aux dépens de nos plantes, et, chaque fois que cela était possible, les moyens, — p a rfois,
hélas ! bien peu efficaces, — pour lu tte r, nous, les rois de la création, contre ces
infimes petits êtres. S’in sp ire r pour un tel sujet du si im portant ouvrage du docteur Bois-
duval, c’était la chose la plus naturelle du monde, et l’au teu r de la Culture des arbres et
arbrisseaux à fruits de table n ’a pas oublié de c ite r l’au teu r de Entomologie horticole.
D’autres études complémentaires ont encore accompagné celles-ci. M. Du Breuil avait
signalé, il y a deux ou trois ans, dans un journa l horticole, tout le pa rti que pourrait
tir e r d ’une culture intensive un homme intelligent, disposant d ’un capital convenable
et sachant ne pas reculer devant les dépenses nécessaires; des critiques, les unes
calmes, les autres passionnées, les unes fort sérieuses, les autres un peu futiles peut-être,
se sont élevées en assez grand nombre contre ce revenu excessif d ’un capital largement
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