
Londres, le Times, \e F ieldello Gardener’s chronide autorisèrent nn jeune écrivain in s tru it,
M. W. Robinson, à venir en France à leurs frais p our y é tu d ie r l ’h o rticu ltu re e t leur
envoyer des comptes rendus. M. Robinson trouva ici bon accueil. Il étudia soigneusement
toutes choses, n ’épargnant ni son temps ni sa peine, et envoya dans les journaux
sus-nommés, une série de notes, sous la rubrique « Letters from Paris », qui fu ren t Irès-
appréciées de l ’autre côté du détroit. La thèse q u ’il y développait était celle-ci : « Nous,
» Anglais, n ’avons que peu de chose ou rien h ap p re n d re eu France pour la culture des
» plantes de serre et les culture s artilicielles en général. Mais les Français sont incontes-
» tablement nos maîtres dans l’a rboriculture et le potager. Nous sommes leurs tributaires
» pour les fruits. Ils envoient tout l’hiver des laitues et chicorées à notre marché de
Il Covent-Garden. Or, nous pouvons faire aussi bien q u ’eux. Il ne s ’agit que de savoir s’y
» p ren d re . J ’étudie leurs procédés et je vais vous les divulguer. » Et, e n tra n t dans les
considérations les plus p ratiques et les plus sages, M. Robinson donna à ses compatriotes
la description des moyens mis en oeuvre p a r nos savants praticiens dans leurs spécialités
respectives. Il ne devait pas continuer longtemps sans éveiller des susceptibilités e t des
jalousies. Plusieurs h orticulteurs anglais se fâchèrent, à leur tête M. Uivers, le célèbre
cultivateur de rosiers et de fruils forcés. Us n iè re n t q u ’il y eû t rien de bon à ap p ren d re
en France, et se d o n n è ren t bravement le diplôme de maîtres è s-arb o ric u ltu re , sans plus
ample discussion. Nous avons vu avec satisfaction que M. Robinson ne s’était pas laissé
dérouter p a r ces a tta q u e s ; il a répondu dignement et fermement à ses adversaires, et il
se propose de divulguer les raisons qui les font agir dans un livre qui va b ientôt paraître,
et où U proclame en toute justice la su périorité de nos a rb o ricu lte u rs français. Nous
verrons avec grand in té rê t l’apparition de ce travail.
L’Angleterre ne nous emporte pas seulement nos fruits de luxe, elle ne dédaigne pas
nos fruits locaux, et dans le Bordelais, notamment, elle ne va pas seulement ch erch e r
du uclaret n. M. Glady, de Bordeaux, a signalé l ’an d e rn ie r dans Và Revue horticole quelques
pommes excellentes de cette région, et il a même poussé la libéralité ju sq u ’à en
olfrir à to u t le monde des greffons g ra tu item en t. Malheureusement, son ja rd in n ’est pas
aussi grand que sou coeur, et, la collection épuisée, il a fallu s’a rrê te r. Nous apprenons
avec plaisir q u ’un pépiniériste d ’Agen, M. Clément Lauze, offre à des prix très-modérés,
75 centimes le pied, les fruits préconisés par M. Glady, qui sont les suivants : « Pommes
Dieu ou Rose de Benauge, Azéroli, Reinette grise de Saintonge, Blanche d ’Italie, d ’île,
Rose de l'Agenais, Museau de lièvre, Royale d’Angleterre. » On fera bien d ’essayer ces
variétés, toutes de verger, et trè s-produc tive s p o u r le marché.
Un grand nombre de départements s’engagent ma in ten an t dans c ette voie libérale el
utile p a r excellence de la diffusion gra tuite et publique de l ’enseignement horticole. La
Société d ’Eure-et-Loir, que nous avons eu déjà l ’occasion de c ite r avec éloges, suit
depuis longtemps c ette règle. Elle vient d ’a jouter à son programm e une h e u reu se in n o vation.
Deux professeurs, — praticiens distingués dont nous avons pu apprécier les p ro cédés
de taille dans le ja rd in d ’expérience de la Société, — MM. Trochard et Duperche,
ont été chargés de faire des cours publies dans douze localités diverses de le u r dép artement.
Ces conférences o n t été faites à la lin de l ’automne, et p a r conséquent avant la
taille, dans la saison la plus convenable pour les auditeurs qui veulent applique r les bons
préceptes. Nous ne pouvons passer sous silence des exemples si féconds en bons résultats,
ni oublier que cette même Société de Chartres, la deuxième de France p a r le nombre, a
porté la cotisation au prix trè s -re s tre in t de 5 francs, au p rofit des vignerons qui voudron t en
faire partie. Ce sont là de bons exemples ; on le« doit à l ’e sp rit d’initiative qui meut les
hommes par lesquels cette Société est dirigée, e t parmi lesquels M. Jules Courtois a droit
à une mention spéciale pour le dévouement q u ’il ap p o rte de plus en plus à une oeuvre
à laquelle sa vie est en grande p a rtie consacrée.
L’établissement de ces cours nouveaux dans l’Eure-et-Loir n ’est pas d ’ailleurs un fait
isolé. Nous venons d ’ap p ren d re avec plaisir que l ’enseignement arboricole va s’établir
à Paris su r de larges bases. Sur les terrains du Bois de Vinoennes, .appartenant à la ville
de Paris, non loin de la b arrière de Reuilly, l ’Administration municipale vient de c ré e r
une École p ra tique ’d ’a rb o ricu ltu re, plantée d ’après les dessins de M. Dubreuil, el où
seront faites des démonstrations par l’ém inent professeur, titu la ire de ce nouveau cours.
Les leçons théorique s sero n t faites les mercredis ‘et samedis à 7 heures et demie du soir,
dans la salle de la Société d ’encouragement, ru e Bonaparte, 44, à p a rtir du 25 février
présent. Les leçons pratiques au ro n t lieu à 1 heure et demie à l ’École municipale, dont
nous venons de parler, po rte DaumesniS, à Saint-Mandé, à p a rtir du 23 de ce mois.
L’emplacement de ces conférences est desservi p a r la station du Bel-Air (chemin de fer
de Vincennes). Enfin, un cours p ra tique d ’a rb o ricu ltu re sera fait pour les ja rd in ie rs ,
sous le patronage de S. B. M. le ministre do l ’ag ricu ltu re , tous les dimanches à 9 heures
et demie, à p a rtir du dimanche 16 février. Nous sommes heureux de ces nouvelles com-
bin.aisons, inspirées p a r des sentiments généreux de l’administration de la ville de Paris,
et à côté du nom de M. Dubreuil, qui couronne dignement ainsi l’enseignement nomade
q u ’il a rép an d u dans to u te la F ran c e , ce nous est un devoir d ’ajouter les noms de
M. Alphand, d ire c teu r de la voie et des promenades de Paris, et de M. Darcel, ingénieur
ordin.airc chargé d ’établir l ’école où M. Dubreuil développera ses utiles leçons.
E d . A n d r é .
iV.
Tiri
LE JARDIN FRUITIER.
ARBORICULTURE FRUITIÈRE.
(P rem iè re le ttre .)
Troyes, 20 ja n v ie r 1 8 6 8 .
Monsieur le réd a cteu r,
Je vous approuve vivement d ’avoir groupé dans votre remarquable publication, les
questions inséparables de l ’arboriculture et de la pomologie. A quoi sert-il de connaître uu
fruit si l ’on ignore le moyen d ’en cultiver l’a rb re pour l’o b ten ir ? Ne faisons pas marcher
la charrue sans les boeufs. P a r le fait, vous développerez dans L e V e r ç e r le premier paragraphe
consacré à chacune de vos descriptions de fruits, e t qui est, avec le d e rn ie r alinéa,
le plus im p o rtan t à consulter par le planteur.
Cette fusion des doux forces vives de l ’a rb o ricu ltu re fruitière a été constamment 1 obje
t de mes sympathies. Il y a quelques années, j’exprimai, dans la Revue horticole, le voeu
de voir c ré er à Paris une Société centrale d ’arboriculture et de pomologie. Provisoirement,
le Congrès pomologique, moins nomade, organisé su r d ’au tre s bases, p o u rra it en
tenir lieu. Depuis douze ans, il s’est borné à discuter sur le m é rite d ’un fruit pour le
faire « admettre » ou « re je te r » p a r une majorité qui varie d ’une session à une autre.
Quelles richesses d ’observations n ’aurait-on pas enregistrées à Lyon, Paris, Bordeaux,
Orléans, Montpellier, Rouen, Nantes, Dijon, Melun,-... où l ’aréopage a tenu ses assises !
Donc, a rb o ricu ltu re et pomologie, m archant parallèlement, ou convergeant vers le.
même b u t, tel sera désormais le programme du V e r g e r . Tout le monde applaudira.
Vous avez eu raison, pour le déb u t, de rappeler l ’a tten tio n des planteurs — trop d is traite
p a r la manie des poires d ’hiver — vers les fruits d ’été ou d ’automne, mûrissant une
saison où la saveur rafraîchissante de la poire a sa raison d ’étre.
Vous souvieiil-il q u ’il y a deux ans, je défendais la même cause dans le J o u r n a l d e l a