
2G REVUU MENSUELLE.
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Dans un ordre d’idées plus modcslo, la Sociélé d’hovticuUurc de Paris prépare son
Exposition du 1 " mai. Pendant huit jours, le Palai s de l’Industrie recevra la foule choisie
des visiteurs ordinaires de ces solennités ch arm an tes. Celle-ci sera prolongée jusqu’au
20 ju in , coïncidant avec le salon de peinture, et a joutant un a ttra it de plus aux tableaux
el a u x lla tu c s . ïo u le ro is , celte seconde période sera une simple exposition, sans concours,
et se composera de la contribution volontaire des horticulteurs qui n ’auront point
■à espérer de récompenses.
M Rivière, l ’iiabilc professeur de taille du ja rd in du Luxembourg, a eu l’idéc d inte rc
aler dans s!s cours iiii intermède fort apprécié de ses auditeurs liabitiiels. l ia demandé
a M. Charles Rallct une conférence sur les fruits, et le succès de celte première audition
a prouvé que M. Rivière avait touché juste. Le 27 mars donc, M. Ch. Baltet a passé en
revue dans l ’üraiigcric du Luxembourg, les m e illeu rs fruils à cultiver. C’é ta itu n de ces
sujets vastes, trop vastes même, où l’artisan maiiq ue p lu tô t à la matière que la matière
à ¡’artisan, suivant le mot de Phèdre, lo fabuliste. Cola est si vrai que M. Baltet, entraîné
p a r l ’aboiidaiice extrême des détails qui se rapportent aux fruits du Poirier, n ’a pu traiter
que ce genre assez complètement. Il n ’a pu dire que quelques mois des pommes et les
fru ilsà noyau n ’ont pu ctrccxamiiiés. Acn juger p a r le succès légitime q u ’a obtenu l’orate
u r, nous espérons que de nouvelles conférences analogues seront données parM. Ballot,
qui répondrait ainsi à un voeu exprimé p a r un grand nombre de ses auditeurs.
En éludant les fruits d ’autoimic, M. Baltet a été amené à parler d ’un fruit obtenu
dans l'établissement qu’il dirige avec sou frère, e t nommé par eux poire Comte Li-licur.
C’est, dit l’obteiitcur, un excellent fruit, à chair fine, fondante, Irès-julcuse, d un arôme
délicieux, cl qui présente cette particularité de sc conserver mûr plus d uu mois sans
blettir. U est de boniio grosseur, turbiné, v e rt haché de “ I
rappelant l ’aspect de la Fondante des bois, qu’il égale en qualité. MM. Baltot frôies, à
Trovcs, viennent de mettre en vente cette excellente variété.
uns aux fruits, les autres à la taille des arb re s fruitiers! Nous avons lu récemment
un article intéressant d’un arboriculteur belge qui s’est fait connaître par de bons
travaux, M. Vau Iliille, directeur du Jardin bolaiiiquo de Gand. Il y discute la taille sur
empâtement avec beaucoup d ’a rdeur el de logique, après un vote allirmatif du Ce,cie
professoral horticole de Belgique smVoiTicndlé générale de cette taille. Nous ne pouvons
suivre M. Van Huile dans to u t le cours de son argumentation, mais il en découle a nos
yeux, cette théorie, que si l ’on doit tailler long les rameaux à bois p our augmenter leur
vigueur, c’est le contraire qui est requis pour les rameaux à fruits. En d autres termes,
M. Van n u lle dit que la taille sur empâtement d ’une brindille faible produira des
résiillals de vigueur plus grands que la iion-taille de cotte production, et que ce sera
to u t le contraire si l ’on opère sur un rameau à bois q u ’on voudrait mettre à Iruil.
préfère beaucoup, au rabalage complet de ce rameau, un traitement qui le force a so
couvrir de boulons à fleurs, cc qui ne lui semble pas difficile. Nous n ’avons pas voix
flôlibéraüve sur une question connue de nous seulement par les dissertations de M. Van
Ilullc e lle s discussions précédentes du Cercle professoral ; m o h il est bon de lasom ncttro
aux spécialislcs et aux gens de loisir, qui pourront l ’essayer e t en vérifier l ’cxacülude.
Un autre grand amateur des arbres fruiliers et de leur taille, M. J. Courtois, vico-
présidcnt de la Société d ’horticulture d ’E u ro -c l-L o ir, nous montra l’an dernier un
p e tit procédé perfectionné de la taille de la vigne, qu ’il tena it de M. Cazalis-Allut père,
le célèbre agriculteur de l ’Iléraull. Co procédé consiste à tailler dans le noeud même qui
surmonte l ’oeil combiné de la taille, afin que le bois, dur à cet endroit, s’oppose à
l ’introduction de l’air, de l’eau, dos substances diverses qui pénétrent et p o u rn ssen l la
moelle du sarment quand on le taille au milieu d ’un mérithallc. M. Courtois qui vient
de reprendre la question avec détail, cl qui veut bien adopter le nom de taille sur noeud
que nous avons donné au moyen qu ’il nous a indiqué, en conseille une application
intércssanlc dans la bouture dite bigemme, qui repose sur le même principe. Cette
bouture est taillée à la base de manière à couper en deux le noeud inférieur qui sera en
terre. A fleur du sol so trouvera alors l ’oeil de pousse, cl le raéritballe supérieur, terminé
p a r un autre noeud également tran ch é dans son milieu, protégera cet oeil comme d.ans la
taille ordinaire sur noeud. Nous conseillons forlcmeiit l’essai du procédé préconisé par
M. J. Courtois, adopté depuis longtemps par M. le comte de la Loyèro et sans d oute
aussi par d’autres bons viticulteurs.
La vigne, d ’ailleurs, prend do plus on plus d ’inlérél en France, grâce à ses produits
croissants et aux travaux de M. le d o c teu r Jules Guyot, qui vient de faire paraître chez
MM. Masson le premier volume de scs Études sur les vignobles de France. Dans une note
récente, le savant docteur indique que le soufrage a été repoussé dans quelques loc a lité s,
après des essais infructueux e t... mal faits. Il en cite un exemple d.ans les cxpérioiicos
q u’il lit fa n dernier à Evian (Haute-Savoie) sur des vignes liaiilcs ou basses qu ’il traita
au moyen du soufrage par la voie scclic et par la voie liumido, suivant les circonstances.
Il réussit à changer l ’opinion défavorable au soufrage par des exemples concluants, et co
nous est une occasion pour engager de plus eu plus les vilicul leurs à ne pas juger légc-
renieiit sur dos apparences parfois mauvaises, faute do conditions bien remplies pour le
succès. .
Ces conférences pratiques, oc professorat volontaire des bons procédés viticolcs lait
p a r le docteur Guyot dans toutes les régions où il passe depuis quelques .années en é tu diant
la viticulture française, produisent les meilleurs résultats. Que de routines n’ont pas
vaincues la parole claire et l ’exemple du savant inspecteur ! Que de pratiques excellentes
n ’a-t-il pas suggérées et fait adopter par des liomriios intelligents qui n ’attendaient que
la semonce du vrai et du bien p our perfectionner leurs procédés vicieux et séculaires
de culture ! On peut affirmer que dans ses courses à travers tout le champ dos vignobles
do France, il aura fait autant de bien p a rs e s coiiféroiices populaires que par la publication
officielle de ses remarquables rapports.
Les voyages du docteur Guyot ont été pour la viticulture, sauf le titre, uu enseignement
nomade analogue à celui de M. Du lircuil pour rarboriciillure. Nous avons récemment
annoncé la création du nouveau cours municipal de la ville do Paris et du ja rd in
expérimental de Yincciiiios, où lo public avide de s’instruire s’est porté eu loulc pour
assister aux démonstrations du professeur. Nous apprenons aujourd’hui et nous annonçons
avec plaisir, comme une addition importante aux services déjà rendus p a r M. Du
Breuil, que les cours nomades auxquels il s’élait volontairement voué depuis quinze ans
sont placés sous lo patronage du ministère de l ’agriculture. Désormais, les départeinonls
n ’a u ro n t plus à s ’imposer la cliargo de voter des fonds spéciaux pour obloiiiv ces utiles
leçons; un désir exprimé à l ’administration supérieure les eu ferajouir gratuitement. Pour
1868, S. B. le ministre do l ’agriculture a arrêté ainsi qu ’il suit l’itinéraire deM. Du B reuil :
Lille (Nord), du 15 au 29 mai. — Loriont (Morbihan), du 11 au 25 ju in . — Cacii (Calvados),
(kl 1" au 15 juillet. — Tours (Indre-et-Loire), du 17 au 31 juillet. — Pau (Basses-
Pyrénécs), du 17 au 31 août. — Soissons (Aisne), du 15 au 29 octobre.
Cette nouvelle coinbiiiaison, on plaçant défiiiilivcmont â la charge du gouvernement
l’eiiscigiiomciit public de l’a rb o ricu ltu re, constitue un professorat régulier de cette
braiiclio du jardinage dans notre pays. C’est, nous l’espérons, l ’aurore de la création dos
écoles d ’iioi'ticullurc, do l ’in tro d u ctio n positive de cette science dans l’instruction
nubliciuo. Personne no saurait lui refuser des applaudissements.
Eu. A n d i i é .
CONCOURS ET EXPOSITIONS.
EXPOSITION INTERNATIONALE D’ilÜRTICULT’ÜBE DE GAND.
Lo 7 février 1809 s ’oiivrait la première exposition d ’horticulture. C’était à Gand, au
c ab a re t/'ra sc a ii ; quinze ja rd in ie rs y prenaient p a rt et trente arbustes formaient l ’oii-
semble de l’exposition.
.De cette première réiiiiion naquit la Société aujourd’hui royale d’agi'ieullure et de bola-
.