
M. Houlkt, Édouard André, dite de Morny, et surtout une toute nouvelle, innommée,
issue du Belleymei, fécondé par le Verschnffelti, brillaient de to u t leur éclat. Nous
sommes heureux d ’applaudir une fois de plus aux succès du jeune amateur, afin d ’exciter,
si faire se peut, une salutaire émulation chez scs collègues.
L ’Exposition de Pa ris est un signal. La province, de toutes parts, organise les siennes.
Orléans est en liesse. A l ’ombre du concours régional qui b riU i, dit-on, d ’un éclat inaccoutumé,
et que visiteront LL. MM. l’Empereur et l ’Impératrice, s’est éiwnouie dans
loute sa grâce printanière une Exposition d ’horticulture dont notre ami Baltet nous
envoie des nouvelles â l ’instant. Orléans est fort connu comme centre horticole, et ses
pépinières étaient célèbres dans le monde entie r quand celles d ’Angers ne faisaient que
Les exhibitions qui s’y tiennent à l’occasion des fêtes de Jeanne d ’Arc y sont toujours
remarquables, mais cette année la vieille ville s’est surpassée. Une affluence considérable
de visiteurs s’y pressent, et certainement les fêtes d'Orléans seront des plus belles
parmi celles qui accompagneront cette année les concours régionaux.
Les souvenirs reviennent en foule, maintenant que la grande Exposition dc 1867 est
nassée et que l’on s’occupe d ’en écrire l’histoire, sous la direction de M. Michel Chevalier.
Nous recommandons fort la lecture de trois des rapports spéciaux à l ’horticulture,
qui viennent de nous être envoyés. Nous ignorons s’ils sont maintenant en vente, mais
on les trouverait probablement chez Paul Dupont, 45, ru e de Grenclle-SaintMonoré à
Paris. Le plus remarquable de ces rapports, à notre avis, est dù à M. Edouard Morien,
professeur â l ’Universilé de Liège. 11 traite avec de nombreux détails, une profonde
érudition et un grand charme de style, des plantes de serres, non pas seulement au point
de vue cultural et pratique, mais surtout au p oint de vue historique, en y annexant
toutes les particularités qui touchent incidemment au sujet. On sent, devant cette accumulation
considérable de faits sur l ’importance, les progrès, les découvertes, le passé
e t l’avenir de l ’h o rticulture, q u ’il y a là matière non pas seulement a une etude succincte,
mais â un volume plein d ’intérêt, comme si l ’au teu r avait pris à tâ che de
condenser, pour un cadre imposé, les cléments d ’un travail prépa ré depuis longues
â-Tinécs
Le second de ces rapports s’applique à VArboriculture fruitiere. Il est signé par
M. de Galbert. Nous n’hésitons pas à dire qu’il nous paraît é courté pour un sujet si
riche. Un conspectus général ne suffit pas pour une branche aussi im p o rtan te de notre
richesse nationale, pour une industrie aussi perfectionnée, et nous eussions aimé â voir
la science des arbres fruitiers traitée p a r exemple par M. Ch. Baltet, qui a donne à
l ’éditeur Lacroix, sur cet objet, un travail remarquable, actuellement sous presse.
M Darcel, ingénieur des ponts et chaussées, attaché au service de la ville de P an s ,
a examiné, dans le troisième rap p o rt, les développements successifs de Vart de jardiner
iusau’à nos jours. Il a su condenser, en quelques pages, les diverses transformations
causées par les âges et les peuples, et re s te r attachant malgré le peu d ’espace qui lui
était dévolu. Nous avons vu avec plaisir que M. Darcel ne s’en est pas ten u à k rep ro duction
de l’opinion des autres en matière de jardinage historique, et que e est bien
son jugement à lui que nous possédons sur les vestiges des ja rd in s anciens qu il a
nu étudier dans ses nombreux voyages. Le chapitre consacré aux progrès de 1 art
moderne des jardins et des parcs a emprunté à la plume de 1 auteur 1 autorité qui
s’attache à un homme dont le nom est inséparable désormais des améliorations récentes
"^P^eudii faits pomologiques ce mois-ci, â l’exception do la poire nouvelle mise au commerce
par M. Laurentius, ho rticu lteu r à Leipsig. Ce fruit a une assez curieuse origine.
et il faut laisser l ’ho rlicu lteu r allemand en raconter l ’histoire. « Ce poirier, dit-il, est
originaire de Rome et provient directement des ja rd in s du pape. Le roi Louis P '
de Bavière, en mangeant à la table papale une Poire de cet a rbre, la déclara la meilleure
des Poires, la Reine des Poires, — pexiAnal que le saint p ère l’a p p e la it/’oire Saint-Louis.—
Il y a deux ans que nous avons eu les premiers fruits, e t nous n ’avons pas été trompé
dans notre a tten te ; l’arbre, qui grandissait très-vite malgré sa provenance méridionale,
produisit une grande quantité de boutons, de sorte que des pyramides de cinq ans nous
donnèrent un nombre considérable de fruits, mûrissant vers la mi-septembre. Le fruil
est d’une forme de toupie, piriforme, et il est caractérisé p a r une cannelure comme le
montre souvent la Poire Gros-Colraar. Sa pelure est mince, d ’une couleur jaune d ’or et
rouge doré du côté opposé au soleil, ce qui lui donne une apparence extrêmement belle.
Autour du calice enfoncé, ainsi que sur to u t le fruit, sont dispersés de petits points
verts mêlés de quelques taches couleur de rouille. La cbair est d ’un blanc presque transparent,
fine, fondante, très-succulente, d ’un goût très-sucré et aromatique. Les fruits
mûrissent à la m i-septembre et se conservent environ six semaines. » M. Laurentius met
l’arbre en vente au prix de 12 francs la pièce. Nous ne saurions ga rantir l’excellence de
ce fruit, et nous laissons au public amateur le soin de voir s’il est digne de son origine
e t de l’éloge qu ’on en fait.
Un pe tit fait gros d ’avenir ;
M. le maréchal Vaillant, président de la Société impériale et centra le d ’h o rticu ltu re ,
a pris en considération la pétition sur le hannetonnage dont nous avons parlé n a g u è re
Elle a été transmise p a r lui au Conseil d ’État, qui la consultera avec fruit pour la rédaction
du Code rural, actuellement en voie, voie bien longue, de préparation. Espérons
qu ’il en sortira une loi, et surtout une loi mise en pratique mieux que la loi sur l ’éohe-
nillage. Là est le salut de nos récoltes.
Qu’on nous p e rm e tte en te rminant de prendre pour la première et la dernière fois la
parole pour un fait personnel. Ce fait, c ’est notre adieu de chroniqueur du Verger i nos,
bienveillants lecteurs. Notre tâche est terminée. Des travaux importants nous appellent
en Angleterre et ne nous pe rme ttent pas de continuer cette causerie mensuelle familière
sur les hommes et les choses de l ’horticulture. Notre modeste succession sera prise par
un plus digne. Nous n ’avons jamais oublié que nous n ’étions ici que de passage et qu’en
appelant à parler pomologie et arboriculture un écrivain plus spécial aux jardins d ’ornement
et à l ’architecture paysagère, M. Mas avait été guidé dans son choix par une trop
grande bienveillance. Il nous restera cependant, de celte humble tâche régulièrement
remplie, un honneur que nous ne méconnaissons pas : celui d ’avoir aidé aux premiers
pas du Verger, en tan t q u ’organe périodique d ’arboriculture et de pomologie. Ces ch ro niques
volantes, d ’abord confinées su r la couverture des livraisons, sont devenues successivement
feuilles à part, puis elles se sont doublées d ’articles de fond dus à des plumes
autorisées, el enfin le journal s’est constitué.
Nous espérons qu’il s ’augmentera et q u ’il vivra.
Nous suivrons de loin ses progrès croissants, sans oublier que nous lui aurons dù
de sympalhiques relations avec son estimable et savant directeur, et avec ses lecteurs
assidus.
E d. André.