
REVUE MENSUELLE.
FRUITS REJETÉS OU AJOURNÉS.
Poires. — Alexandre Lambré était à l ’étude depuis six ans; Paris, Lyon et Bordeaux,
— on me p e rm e ttra d ’ome ttre le mot société qui reviendrait trop souvent, — l ’étudiaient
depuis lors ; on ne le déclare pas absolument mauvais, mais la chair est loin d’être
fine et laisse même du gravier dans la bouche ; personne n ’a beaucoup plaidé en sa faveur.
— La Bonne Charlotte a subi le même sort ; c ’est pe tit, et puis, si un arb re manque
de vigueur, c ’est bien celui-ci. — Chaque année le Colmar Bonnet avait le privilège d’a mener
des discussions presque toujours sans ré s u lta t; d ’abord, connaissait-on bien
réellement le véritable? d ’après les uns il m ûrit en août, d ’après les autres en novembre;
presque rejeté, il avait été laissé encore à l’étude, et, sur l’engagement de distribuer des
fruits et des greffes pris l ’an d e rn ie r par un membre, qui déclarait que ceux qui n ’étaient
pas d ’accord avec lui su r ce point ne connaissaient pas le fruit, la décision avait
été remise. N’y a -t-il pas eu de fruits cette année, ou les greffes sont-elles restées en
ro u te ? Question! En présence des mêmes attaques et en l ’absence de la défense
promise, le Colmar Bonnet a été mis de côté. — C’est ce qui a été fait pareillement
pour Léon Grégoire, fruit allongé, un peu cylindrique, e t qu ’on a un moment confondu
avec Louis Grégoire, plus pe tit et tu rb in é ; les qualités n ’en o n t pas paru suffisantes. —
La présentation qui accompagnait l ’an de rnie r le Beurré d’hiver nouveau, — a-t-on eu du
mal à faire comprendre que ce n’est pas le Beurré de Luçont — disait : « très-bon fruit
d’hiver ; « c ettean n é e, les blâmes se sont présentés en masse devant c ette poire, étudiée
depuis longues années p a r plusieurs, qui ne voudraient pas assumer la responsabilité
de prendre sa défense; re je t. — Deux petites poires d ’été n ’ont pas été plus heureuses :
Colorée daoùt et Dearlorris seedling; ce n ’est pas q u ’on leur refuse une bonne qualité ni
même la fertilité de l ’a rb re , mais c’est que, d ’une p a rt, ces fruits d ’été blôtissent vite,
et, d ’au tre part, ils sont petits. On a bien conseillé de les mieux cueillir et do ne pas leur
laisser attendre leur m a tu rité sur l ’a rb re , mais le courant qui s ’est déjà manifesté
Tan dernier sur la nécessité de ne pas admettre les fruits tro p petits, lo rsq u ’on en trouve
de beaux e t aussi bons à la même époque, a pris plus de force cette année et a emporté
encore d’autres décisions que nous retrouverons plus ta r d .— Éléonie Bouvier, fruit d ’été
et pas bien gros, pouvait d’au tan t moins é chapper à c et o rd re d ’idées que les renseignements
donnés sur sa qualité é taient peu favorables. — Lawrence avait été rejetée jadis,
puis réadmise à l ’étude par suite de réclamations pressantes ; ces réclamations ne s’étant
trouvées cette année appuyées p a r personne, pas même par les réclamants, la première
décision a été définitivement reprise. — Prince Impérial de France est une poire d ’un volume
suffisant, mais on s ’accorde généralement à la trouver fade, sans jus et sans sucre,
et Ton n ’a pas c ru devoir en laisser grossir les listes d ’étude. — Rousselet Decoster, assez
vivement attaqué et non défendu, a subi le même sort. Donc onze poires restées sur le
champ de bataille.
Pommes. — Les pommes ont été mieux traitées, une seule a succombé, Summer
goldenpippin, à cause de son bien petit volume. Du reste, le plus grand n ombre des
pommes n’étaient àTé tude que depuis l’an d e rn ie r; c ’est Tan prochain sans doute qui,
pour beaucoup, décidera de leur sort.
Pèches. — Grand dégât ici, pour une raison unique. Sept fruits provenant des semis
de M. Buisson ont été présentés p a r lui en 1865; depuis lors, une raison quelconque a
toujours empêché q u ’il fussent soumis aux dégustations ; en présence de ce défaut continuel
de renseignements, le Congrès a décidé q u ’il ne s'occuperait plus, ju sq u ’à nouvel
ordre, des pêches Admirable Saint-Germain, Belle Chartreuse, Bonne Julie, Cécile mignonne,
Félicie, Léonie et Royale Chartreuse. — La pêche Jaune du Comice d'Angers
était à l’étude depuis 1861; elle ne se répand guère loin de son pays d ’origine sans
p erdre les qualités qu’on lui avait rem a rq u é e s; radiation. - Décidément la Vmeuse de
Fromentin, étudiée comme v a rié té ,'n ’est qu’un synonyme de la Grosse mignonne. - Nous
étions à Bordeaux, en plein pays de production p o u r les Pavies, mais Tmcertitude continuelle
sur Tidentilé des noms de c ette sorte de pêches, dont le nombre s ’augmente de
jour en jo u r p a r le semis, a laissé encore à Tétude celles qui s’y trouvent inscrites,
même la Pavie de Pomponne, qui a pris rang en 1859 et qu’on a peine à re trouve r exacte.
Une réflexion ! Ne pou rrait-o n pas se dispenser, dans toutes les listes du Congrès, de faire
un genre à p a rt des Pavies, que Ton sépare en tièrement des Pêches, et qui, comme les
Brunnons, n ’en sont qu’une section? . „ .
a L i c o i . - Deux retranchés comme peu m é ritan ts : VAbricot a trochets et le Beauge,
puis le Moor Park qu ’on a bien de la peine à ne pas considérer comme le môme que
notre Abricot-pêche, lorsqu’on les cultive tous les deux côte à côte. Le nom de Wur-
temberq est aussi restitué à VAbricot-pêche dont il n ’est qu ’un synonyme. ^
Prunes. — VImpérial Gage n ’a trouvé personne pour protester contre la deuxième
q u a lité q u’on a ttribue to u t au plus à s a chair. n o -t
C e r ise s -L e ü fÿ æ T ro a p a /J iiie s tu n déguisement du Bigarreau Reverchon. On la v a it
c ra in t Tandernier, cette année-ci on en est c ertain. — La Montmorency-Bretonneau paraît
d écidément une Montmorency ordinaire. Ces deux noms disparaissent des listes.
Raisins — Disons to u l de suite Tincident survenu. Sans re je te r Tétude des raisins
de cuve, dont il s’e st occupé déjà dans Torigine, le Congrès avait décidé qu’il l’interromprait
provisoirement; un c ertain nombre de membres, désirant q u ’une branche si
importante ne soit pas négligée plus longtemps, e n présence su rto u t des nombreux et
importants spécimens que TExposition offrait à ses travaux, a manifesté le désir que
Tétude en fût reprise ; l’assemblée n’a pas h ésité à se prononcer dans ce sens. C’est donc
seulement comme raisins de table que les suivants ont été indiqués non méritants :
-imadone blanche, Auvernat noir, Black Monukka, Blanc de Lierval, Duc d’Anjou, Duc de
Magenta et Charbonneau noir. Sans une énergique défense, le raism Forest eu t eu le
même s o rt; c’eût é té fâcheux et Ton sera plus tard de notre avis, lorsqu’il aura pu
répandre des greffes. - Le Sucré, qui oublie presque chaque année de laisser sentir son
sucre VOlivette de Cadenet, qui m û rira it difficilement dans la plupart des régions, et le
Æaasr/iGnÿ, propre à la grande culture, ont été également éliminés comme fruits de table.
F ig u e s . — Radiation de la Salée, presque inconnue.
Fraises. - Au milieu du grand nombre de variétés de ce genre, la Commission
spéciale a pensé qu ’il n ’y avait lieu d’adm e ttre que celles d ’u n mérite sans conteste ;
elle a donc refusé son suffrage aux fraises Jucunda, Princess o f Wales e t Quinquefolia.
FRUITS ADMIS.
Je Tai dit, les fruits admis sont en moins grand nombre, et cela, — il faut bien le
dire, — grâce au manque de renseignements. Cette année, des zèlesqui semblaient inextinguibles
n ’ont pas eu la force de traverser les douze mois d ’espace d ’une session à autre
et se sont éteints en route, e t je ne voudrais pas c ite r te lle Société, réclamant pour
elle et avec insistance, en 1867, Tétude spéciale d’un c ertain n ombre de fru its, nécessitant
presque Tenvoi d’une télégramme qui s ’assurerait si, en 1868, ladite Société est
encore de ce monde. Jamais tro p de louanges pour les 10 ou 12 Sociétés dont le zèle n e
se dément pas et pour le même nombre de pa rticu lie rs toujours à la besogne mais
jamais non plus assez de rappels à l’activité pour ceux ou celles dont les intermittences
de bonne volonté et de langueur privent le Congrès des renseignements su r lesquels il
compte ! Ceci d it, voici une toute pe tite liste, qui se pré sen te un peu en rougissant; qu on
lui soit indulgent pour cette année encore.